Critique : Magic City 1.01

Le 07 avril 2012 à 22:06  |  ~ 8 minutes de lecture
Une plongée dans le Miami de la fin des années 50, enfer aux allures de paradis pour un pilot plaisant qui parvient, malgré quelques maladresses, à poser les bases d'un univers singulier et intéressant.
Par sephja

Critique : Magic City 1.01

~ 8 minutes de lecture
Une plongée dans le Miami de la fin des années 50, enfer aux allures de paradis pour un pilot plaisant qui parvient, malgré quelques maladresses, à poser les bases d'un univers singulier et intéressant.
Par sephja

Une ville entre le paradis et l'enfer 

Ike Evans est le propriétaire du Miramar, un hôtel de luxe qu'il a bâti dans le temps où la ville de Miami n'était qu'un marais insalubre. Le nouvel an approche et il prépare un grand coup avec l'arrivée de Frank Sinatra et d'un ensemble de célébrités, une soirée spéciale sur laquelle il a investi sa réputation et son avenir. Seulement, entre les inquiétudes liées à l'ascension de Fidel Castro à Cuba et la grève d'une part de son personnel, cette journée décisive s'annonce plus difficile que prévue.

 

Résumé de la critique

Un épisode plaisant que l'on peut détailler ainsi :

  •  un décor paradisiaque construit sur un mensonge 
  •  un envers du décor plus sombre et intrigant 
  •  un pilot maladroit qui se limite à exposer sans développer 
  •  un démarrage intéressant 

 

 

Miami, les apparences de la perfection

Nouvelle série lancée par Starz, Magic City se situe dans le Miami de la fin des années cinquante, au moment où Castro est en plein conflit avec le régime de Baptista à Cuba. C'est donc une période trouble et tendue pour l'Amérique que les auteurs utilisent comme point de départ, un climat de tension que la ville de Miami ne laisse pas transparaître, vitrine idéale du fantasme d'un paradis au bord de l'océan, coupé du reste du monde et de la réalité. Une illusion qu'Ike Evans a mis des années à construire, soignant minutieusement chaque détail de son hôtel, le Miramar, qu'il gère avec ses deux fils Danny et Stevie.

Interprété par un très bon Jeffrey Dean Morgan, le héros de Magic City est au centre de cette histoire qui raconte  une journée à la fois banale et exceptionnelle, posant les bases d'un scénario qui va offrir beaucoup de séquences d'expositions. Cherchant à marquer les esprits, les auteurs s'égarent par instant dans des séquences qui manquent cruellement de matière, mais évite tout sentiment de confusion en privilégiant la clarté à la profondeur. La réalisation très soignée permet de sentir cette frontière entre l'illusion et la réalité, donnant du caractère à cet univers à part, paradis perdu où l'homme riche peut profiter d'un climat ensoleillé et brûlant.

Mais Ike ne profite pas de cette illusion, il en est juste l'artisan, la passerelle entre l'illusion réservée aux puissants et la réalité d'un monde construit sur des marais bourrés de moustiques et de crocodiles. Pour lui, le tour de magie consiste à créer chaque jour l'illusion du bonheur parfait par le biais de différentes diversions, ici la venue de Franck Sinatra pour la célébration du nouvel an. Seulement, pour faire croire à cet univers digne d'un rêve, parfaite illusion de la perfection, Ike doit faire face à une réalité plus sombre entre coup bas et trahison.

 

Une porte qui ouvre sur un autre monde

Si Magic City sait soigner les apparences, elle peine un peu plus à développer le contexte avec une histoire de grève assez confuse dont le seul intérêt est de montrer la volonté forte d'Ike à maintenir son hôtel à flots. L'histoire sert avant tout à poser un personnage principal qui est l'incarnation du rêve américain de l'auto-entrepreneur refusant de voir son empire mis en péril par la contestation sociale. Cynique et humain à la fois, il est un homme à deux visages, entre le père de famille ambitieux et l'homme de l'ombre pris au piège dans une association avec un associé terrifiant du nom de Diamond incarné par Danny Huston.

Le dialogue entre Ike et Ben est la meilleure scène de l'épisode, la première où le héros se place en position de faiblesse face à un homme qui a tout du Méphistophélès, brûlant avec jouissance sous le soleil de Miami. Sa réponse aux suppliques du héros est fulgurante et pleine d'intensité, laissant entrevoir le potentiel de noirceur du show et l'idée que l'empire d'Evans repose avant tout sur un pacte avec le diable qui le condamne lui, mais aussi toute sa famille à la damnation. Malheureusement, si la série possède un vrai charme, elle commet l'erreur d'en faire parfois un peu trop, appuyant certains effets à l'excès là où un traitement plus minimaliste aurait été idéal.

Il reste le sentiment étrange et troublant qui nous poursuit tout l'épisode que chaque porte ouverte mène sur un nouveau monde, donnant une ambiance légèrement onirique dans laquelle le show nous immerge peu à peu. Encore un peu pauvre en matière d'enjeux dramatiques, Magic City se regarde sans déplaisir pour son climat particulier, fruit d'un travail remarquable sur la musique et les décors pour un show singulier, quelque part entre le rêve et le cauchemar.

 

 

Un pilot maladroit, mais fascinant par certains aspects 

Si l'intrigue est plaisante et évite le piège du trop plein et de la confusion en se limitant à poser les personnages, Magic City n'esquive pas certains pièges classiques pour un pilot comme le désir d'en mettre plein la vue en termes de décors et de costumes. Si le show est très élégant, il peine dans un premier temps à installer son style étrange, entre rêve et réalité, mélange d'un onirisme original et d'un univers classique emprunté aux films de gangster. A l'image de la ville de Miami, la série décrit un enfer qui se donne les apparences d'un paradis, peuplé d'êtres à demi-conscient, incapable de s'extirper de cet Eden irrésistible.

Certes, les personnages manquent encore de profondeur et l'univers du Miramar reste assez flou, les auteurs oubliant de dresser une description vraiment précise des relations entre Ike et ses employés. Cherchant à bien faire, les scénaristes se concentrent beaucoup sur l'exposition des différents personnages, mais oublie de leur donner un passé, donnant un épisode assez chaotique qui manque d'une vraie continuité. De nombreuses petites scènes anarchiques tentent de donner de la matière à cet univers pas encore assez maîtrisé, laissant apparaître par instant un potentiel plutôt intéressant.

Lorgnant du côté de Boardwalk Empire, les auteurs nous offrent un épisode maladroit, avec des personnages encore assez transparents, mais qui profite de la richesse d'un casting particulièrement convaincant. Jessica Marais en particulier se montre tout à son avantage dans un rôle étrange et singulier, celle d'une femme terriblement dangereuse, à l'image d'un monde où la convoitise est le chemin qui mène à la damnation.

 

Bonne pioche

S'il fallait donner un point fort à Magic City, ce serait sans hésitation son ambiance atypique entre rêve et réalité, où le héros ressemble à un damné, cherchant à sauvegarder son âme et sa famille de cet enfer qui se donne des airs de paradis. Ambitieuse, élégante, portée par un casting remarquable, la série a un vrai potentiel et parvient à convaincre de suivre ce show à la fois classique par son apparence et étonnante par son style si singulier. Déjà renouvelée pour une saison deux, elle semble en effet disposer de la confiance de Starz, pour un voyage dans un univers entre le feu rougeoyant du soleil et le bleu glacial de l'océan.

En conclusion, une bonne surprise, même si l'épisode ne parvient pas à échapper aux nombreux écueils inhérents à un pilot pour une série de cette ambition. Nul doute qu'il faudra plusieurs épisodes pour juger de la qualité de l'ensemble, mais la séquence entre Diamond et Evans suffit à me convaincre des possibilités du show. Il ne reste plus qu'à donner un peu plus d'épaisseur à des personnages encore trop transparents et à faire exister plus l'univers du Miramar pour pouvoir exploiter pleinement le potentiel indéniable de la série.

 

J'aime :

  •  une vraie ambiance, étrange et vaporeuse 
  •  des comédiens impeccable
  •  la scène entre Diamond et Evans 

 

Je n'aime pas : 

  •  des personnages qui manquent d'épaisseur 
  •  un récit pas assez maîtrisé 

 

Note : 13 / 20 

Une bonne pioche que ce Magic City à l'ambiance étrange et remarquable, description intéressante d'une ville de Miami qui ressemble à un enfer ayant des airs de paradis. Le casting remarquable fait exister cet univers qui manque encore un peu d'épaisseur, mais offre un divertissement plaisant tout en montrant un vrai potentiel. 

L'auteur

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