Critique : Magic City 1.02

Le 17 avril 2012 à 17:43  |  ~ 8 minutes de lecture
Très maîtrisé, un épisode vraiment réussi qui impose une identité forte et un univers à la fois fascinant et glaçant.
Par sephja

Critique : Magic City 1.02

~ 8 minutes de lecture
Très maîtrisé, un épisode vraiment réussi qui impose une identité forte et un univers à la fois fascinant et glaçant.
Par sephja

Qui a trahi meurt éternellement

Ike Evans prépare la barz mitzvah de sa fille, bien que sa famille ne soit pas très croyante, Vera l'obligeant à trouver des arguments pour convaincre son grand-père de venir. La police s'intéresse de près à la mort de Mike Strauss, suspectant Ben Diamond et le patron du Miramar d'être derrière cette exécution, essayant de retracer les dernières minutes de la victime. Pendant ce temps, Stevie continue sa liaison avec Lily, malgré le danger mortel que cette femme représente. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode très réussi que l'on peut détailler ainsi : 

  •  un univers où les apparences sont trompeuses 
  •  un océan infesté de requins 
  •  des personnages féminins assez remarquables 
  •  tout se met en place

 

 

Une lumière éblouissante 

Pour parler de Magic City, il faut d'abord évoquer le travail très particulier sur la couleur et la lumière du directeur artistique, mélange intriguant de teintes chaudes avec des pointes de couleur froide. Dans l'enfer de Miami, le vice prend des airs de vertu sous l'éclairage des néons, idée parfaitement exprimée lors de la scène de la danseuse. Tout n'est qu'apparence et la confusion du pilot s'efface pendant que le spectateur commence à discerner le vrai visage de chacun des personnages. Bien équilibré, le scénario se constitue d'une intrigue principale autour de Ike et plusieurs courtes sous-intrigues exploitant chacun des différents personnages secondaires. 

Le scénario est de ce point de vue très  bien construit, d'une plus grande clarté en optant pour une forme mieux maîtrisée, le premier épisode ayant fait le plus gros du travail en posant l'univers. Très vite, la série retrouve cette ambiance singulière entre rêve et réalité, marque de fabrique d'un show qui nous parle de fantasme, celui d'un univers idyllique où l'illusion du paradis est le résultat d'un simple jeu d'éclairage. La première scène est parfaitement représentative de la façon dont l'illusion se crée, songe composé de femmes superbes pour un univers qui relève uniquement du fantasme.

Pour installer cette ambiance singulière, les auteurs optent pour un style très contemplatif, avec des scènes assez lentes et un goût certain pour l'exposition du corps. Cet univers est aussi celui des clients, des hommes de pouvoir perdus dans ce lieu aveuglant qui masque une réalité plus sombre et tragique, celle de l'appétit d'un groupe d'hommes qui rêvent de soumettre ce fantasme afin de pouvoir l'exploiter. Un autre monde qui est au coeur du show, reprenant dans les rapports entre Ike et Ben la symbolique de l'enfer entrevue dans le pilote.

 

Les différents niveaux de l'enfer 

Beaucoup de personnes ont comparés Magic City à Mad Men, pourtant les deux séries sont assez éloignées l'une de l'autre, deux univers très différents qui partagent uniquement le choix de la fin des années soixante. Ike Evans n'est pas Don Draper, montrant un visage assez attachant au premier abord, mais plus ambiguë qu'il laisse le croire, poursuivant son rêve de construire un royaume tout en se refusant de jouer le rôle du Roi pour préférer celui de simple manager. Ainsi, le show souligne fréquemment le rapport de confiance qu'il entretient avec ses employés, son seul but étant de maintenir l'illusion de perfection au sein de son hôtel. 

Pour s'assurer sa réussite, il doit s'encombrer de Ben Diamond, surnommé le "Boucher" à cause des crimes qu'il a commis pour le compte de Salazar, un homme dangereux qui incarne une violence froide, rêvant de faire de ce paradis son royaume. L'assassinat brutal de Mike Strauss va attirer sur lui l'attention de la police, ceux-ci cherchant à lier cette exécution avec le patron du Miramar. Intelligemment, les scénaristes lient immédiatement le sort de Ike et de Ben, deux personnalités totalement différentes  contraintes de s'entendre, deux visions du monde opposés que les affaires ont mis en commun, pour le meilleur et le pire. 

Série contemplative, Magic City possède un rythme très lent qui permet de s'immerger dans un univers trouble où le plus important est toujours caché sous la surface. Une mer bleue azur qui cache des requins et autres prédateurs cruels, symbole d'une cité fragile construite sur des marécages insalubres et de la volonté de l'être humain de transformer l'enfer en lui donnant l'illusion du paradis. Un univers complexe et fascinant, des comédiens impeccables et surtout des personnages féminins particulièrement fascinants interprétés par Olga Kurylenko, Jessica Marais et Dominik Garcia-Lorido. 

 

 

Trois femmes, trois personnages clés 

Seulement, si la série semble raconter le destin de la famille Evans, elle le raconte par le biais de l'histoire de trois femmes très différentes, trois exemples symptomatiques de la ville de Miami. Il y a d'abord la beauté dangereuse, brûlante, jouée par un Jessica Marais (ci-dessus) sculpturale et terriblement troublante, incarnation de la tentatrice dont le charme fait succomber Stevie. Incarnation d'un mystère féminin troublant et des caprices du désir, elle est aussi une femme qui se plait à jouer avec le feu, incarnant la damnation pour quiconque voudrait la convoiter. 

L'autre personnage féminin central est jouée par la formidable Olga Kurylenko qui joue le rôle de l'épouse de Ike, femme très sensible cachant un vrai sens moral, s'impliquant au maximum pour remplir son nouveau rôle. A la différence de Lilly, le personnage de Vera est l'incarnation de l'épouse typique de l'époque, cherchant à tenir ensemble une famille éclatée, indispensable à son époux par la stabilité qu'elle lui apporte. Un personnage très bien écrit qui prouve que Magic City est un show qui a l'ambition de  proposer des personnages féminins complexes, symbole du soin apporté à l'écriture. 

Le dernier personnage concerne Mercedes, une femme de ménage de l'hôtel qui permet de donner un regard d'ensemble sur la population au sein du Miramar. Encore peu développée, cette jeune femme apparaît comme plus réservée, loin des plages et du culte de l'exposition du corps typique de Miami. L'attention que lui voue Danny est avant tout l'expression d'un désir de respectabilité, cherchant à donner une image de vertu pour s'efforcer d'intégrer la police, faisant le choix de refuser le danger au profit de la sécurité d'une affection sincère. 

Trois femmes qui symbolisent l'ambition de Ike et ses deux fils, trois approches d'une ville où la trinité s'exprime avec la vertu, le pêché et, au milieu, le père qui tente de tenir tout cela en place. Une performance qui a tout du tour de magie, ramenant à un tire inspiré par la fragilité de cet équilibre de forces qui tiennent cette ville en place et l'empêche de sombrer dans les marais qui lui servent de fondation. 

 

Un second épisode pleinement satisfaisant

Après le premier épisode, Magic City laissait quelques doutes quant à sa capacité à se démarquer et s'imposer, son pitch et son apparence la plaçant directement en concurrence avec d'autres séries historiques brillantes  comme Mad Men. Le défi d'exister au milieu de ses shows prestigieux semblait périlleux et pourtant, les auteurs y parviennent avec beaucoup de réussite, imposant un rythme très contemplatif et des personnages forts et fascinants. Un second épisode qui impose cette production comme un incontournable de cette fin d'année, histoire d'un homme qui tente de donner à l'enfer des airs de paradis.

En conclusion, un épisode très satisfaisant qui parvient à donner une vraie clarté aux différents enjeux de cette série qui décolle vraiment, développant avec finesse une belle galerie de personnages. Le plus impressionnant reste cette ambiance singulière qui règne au sein du show, quelque part entre le rêve d'une vie de luxe et la réalité d'une chasse aux requins barbares et cruelles. En choisissant le décor de Miami, Mitch Glazer parle de l'homme, de ses aspirations et du combat qui se joue dans son coeur entre les valeurs d'une vie vertueuse et le souffle brûlant passion qui mène à la damnation.

 

J'aime :

  •  la qualité des personnages féminins 
  •  une ambiance singulière très séduisante 
  •  la direction artistique impeccable 
  •  le récit très bien maîtrisé 
  •  le casting impeccable

 

Je n'aime pas : 

  •  rien

 

Note : 15 / 20 

Après un pilot qui ne m'avait convaincu qu'en partie, Magic City nous propose un deuxième acte beaucoup plus maîtrisé qui laisse apparaître tout le potentiel du show. Les personnages féminins très réussis et fascinants donnent une vraie structure à un épisode qui finit de poser cet univers entre le paradis et l'enfer. 

L'auteur

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