Je ne vais pas mentir : je ne suis pas un grand fan des flashbacks. Le procédé en lui-même est intéressant, mais, généralement, très mal utilisé par les scénaristes. On est censé apprendre des choses sur nos personnages en inspectant leur passé, et le plus souvent, on se retrouve à regarder les mouches voler, parce qu’on en a marre de cette île de malheur ! Désolé, je crois que j’ai dérivé sur Arrow…
Quoiqu’il en soit, je me méfie toujours des flashbacks. C’est pourquoi lorsque j’ai vu le premier (d’une longue série) de Smoke and Mirrors, l’épisode d’Agent Carter de cette semaine, je me suis tout de suite braqué. Toutefois, l’équipe créative nous racontant les aventures de Peggy Carter se révèle largement au-dessus de la mêlée cette saison. Ce qui fait qu’ils ont réussi à créer des flashbacks cohérents, et intéressants.
Deux femmes, deux histoires
Lorsqu’ils sont bien réalisés, les flashbacks nous permettent de mieux comprendre les personnages que l’on voit interagir dans le présent. Dans une série de super-héros, on fait face à des origin stories, qui nous font comprendre comment le héros est devenu le héros, et comment le méchant est devenu le méchant. Les flashbacks se concentrent ainsi sur deux femmes qui vont, à n’en pas douter, s’affronter dans le futur de cette saison 2 : Peggy Carter et Whitney Frost.
Je n’avais jamais réalisé qu’en une saison et demi, on n’avait jamais eu droit au passé de Peggy Carter. Le personnage étant déjà complet et très bien approfondi, rendant plus simple le fait d’oublier ce genre de choses. Néanmoins, Smoke and Mirrors s’attarde sur le passé de notre héroïne, notamment son envie de respecter les normes que la société lui imposait. Elle avait un fiancé – le tellement ennuyeux Fred –, elle allait se marier. Son frère la pousse à combattre pour son pays, mais Peggy refuse, préférant rendre son fiancé heureux et mener une vie tranquille et ennuyeuse. Je regrette ici que la relations entre Peggy et son frère n’ait pas été un peu plus poussée. Elle recèle sans aucun doute de bons moments, et aurait rendu les évènements qui ont suivi encore plus émouvants. À l’issue d’une tragédie, elle se décide finalement à honorer la mémoire de celui qu’elle a perdu, nous donnant alors une belle clé pour comprendre les actions et la pensée de la Peggy du présent.
Le parcours de Peggy n’a pas été exempt d’embûches, mais ce n’est rien à côté de ce qu’a vécu Agnes Cully, aka Whitney Frost. Comme pour la toute première Veuve Noire dans la première saison, son flashback se montre très efficace dans sa manière de nous présenter les raisons de la transformation de simple personne à méchante. Très tôt, Agnes montre de formidables dispositions : largement plus intelligente que la moyenne, elle se dispute très tôt avec sa mère, cette dernière jouant sur sa beauté pour faire entretenir sa fille et elle-même. Toute l’histoire du personnage gravite autour d’un seul mot : la beauté. Bien que plus de soixante-dix ans soient passés, le constat se révèle toujours actuel, ce qui rend l’histoire du personnage si frappante. De plus, tout le monde lui intime de sourire, puisque, selon eux, elle est plus belle ainsi. Je ne sais pas vous, mais j’ai des petits souvenirs d’un certain Kilgrave qui me reviennent à l’esprit. En grandissant, sa mère ne lui donnera qu’un conseil : utilise ta beauté comme une arme. L’agent qui la repère devant un cinéma lui donnera le même conseil, tout en lui intimant de changer de nom. Whitney Frost est née, et le monde ne sait pas encore le danger qu’il vient de créer.
Une enquête qui continue d’avancer
La raison pour laquelle ces flashbacks fonctionnent si bien, c’est leur lien avec ce qui se passe dans le présent. C’est un procédé de storytelling tout simple, mais l’équipe créative d’Agent Carter le fait très bien. Chacune de leur côté, les deux femmes continuent leur plan respectif, et il ne reste sans doute que peu de temps avant que tout éclate. Les scénaristes accentuent d’ailleurs le contraste qui existe entre Peggy et Whitney : alors que l’ancienne scientifique est isolée dans sa chambre, à tenter de comprendre les effets que la matière noire a sur elle, Peggy se retrouve, elle, entourée de ses amis pour avancer dans l’enquête.
Si, dans les flashbacks, l’histoire de Agnes/Whitney m’a bien plus captivé, dans le présent c’est évidemment l’enquête qui se révèle la plus passionnante. Bien plus solide que l’année dernière, elle s’appuie également sur l’alchimie qui existe entre Peggy, Sousa, Jarvis et Wilkes. Je trouve dommage que ni Rose ni Ana ne soient présentes auprès de Peggy, ainsi que le fait que Wilkes ne soit pas un personnage en chair et en os. Pour une série avec des propos féministes et qui évoque la cause des Noirs dans la société américaine d’après-guerre, ce genre de détails se révèle particulièrement troublant. Quoiqu’il en soit, c’est très fun de voir Peggy et Sousa torturer l’assassin employé par les Chadwick.
Leur enquête sera interrompue par l’arrivée d’un personnage blanc de plus de soixante ans, que l’on a déjà vu avec Thompson dans des précédents épisodes. Son entrevue avec Peggy est parfaitement dirigée, les deux acteurs prenant un plaisir considérable. Plus on pose des obstacles sur la route de Peggy, plus elle va réussir à les franchir. Surtout que, à la grande différence de l’année dernière, elle sait qu’elle peut compter sur ses amis. Cela promet beaucoup pour la suite !
Smoke and Mirrors continue la série de sans-faute de la part de l’équipe créative d’Agent Carter. Les flashbacks sont pertinents, renforçant notre compréhension des motivations de Peggy et de Whitney Frost. L’humour, l’action et l’émotion sont également au rendez-vous, signes d’un épisode plus que réussi !
J’ai aimé :
- Les personnages de cette série sont si bien écrits.
- Peggy Carter forever.
- J’aime beaucoup Sousa cette année.
- Jarvis : faire rire et servir son ses maîtres mots.
- Des flashbacks pertinents.
- Une Whitney Forst qui met enfin ses cartes sur la table avec son mari.
Je n’ai pas aimé :
- L’absence d’Ana et de Rose. La série a besoin de personnages féminins gentils.
- Je chipote, mais j’aimerais bien que Wilkes reprenne sa forme corporelle.
Ma note : 16/20.