Agents of SHIELD ressemble beaucoup à Gotham. Comme vous l’aurez facilement deviné, cela n’est pas à prendre comme un compliment. Procedural souvent sans réelle identité visuelle – coupes budgétaires et incompétences obligent –, la série souffre à la fois d’une fadeur déprimante et de combats qui feront tiquer les moins spécialistes d’entre vous. Si néanmoins vous possédez une volonté de fer capable de supporter les seize premiers épisodes de la série – à peu près comme Gotham, quelle coïncidence... – cette dernière s’améliore petit à petit, profitant des évènements du film Captain America : The Winter Soldier.
La deuxième saison fonctionna beaucoup mieux que la première, dans le sens où les scénaristes utilisèrent ce momentum pour créer un véritable conflit avec HYDRA, et par la même occasion sortir du procedural bête et méchant dont il faudrait un jour foutre les pieds dans un bac de ciment, lui couper les bras et la tête, le brûler, et le jeter à l’eau. L’ordre dans lequel vous faites cela ne tient qu’à vous.
Par la suite, Agents of SHIELD a dû préparer le terrain pour la phase III de l’univers cinématographique de Marvel. Cela consistait notamment à faire toute l’exposition sur les Inhumains, ces personnes à la fois humaines et aliens. Il en résulta quelques longueurs mais là encore, le momentum fut relativement bien utilisé – et Kyle McLahan a également beaucoup apporté –, les combats mieux exécutés et les personnages mieux gérés, à tel point qu'Agents of SHIELD semble doucement délaisser son costume de vilain petit canard de Marvel.
Désormais la saison 3 doit préparer le terrain pour Captain America : Civil War, prévu pour le 4 mai de l’année prochaine. Comment s’est passée la reprise, après un énième bouleversement du statu quo en fin de saison dernière ?
Dis maman, pourquoi trois membres sur six du casting de départ ne sont pas là lors de la reprise ? Demande à ton père !
Eh ouais, dès le premier épisode, Agents of SHIELD frappe fort dans l'incohérence : il manque May, Ward et Simmons. Leur absence est préjudiciable, notamment celle des deux femmes, figures de proue du girl power qui anime SHIELD depuis le début de la deuxième saison. Coulson ne ressemble plus à grand-chose sans son bras droit – le pauvre Phil, lui qui a déjà perdu son bras gauche – mais Fitz bénéficie de l’absence de Gemma, aussi paradoxal que cela puisse être. On le voit partir à sa recherche et être bien badass, dans la continuité de son « science biatch » de l’année dernière. Ah et pour ce qui est de Ward, on va pas se mentir, on commence à avoir l’habitude. Dommage parce que, depuis qu’il bosse pour HYDRA, il est beaucoup plus intéressant et rajoute même un peu de folie dans une série qui en manque cruellement.
Deux nouveaux antagonistes font leur apparition durant ce season premiere. L’un est alien et réalisé entièrement en effets spéciaux mais on y reviendra plus loin dans la critique. L’autre est humaine, s’appelle Rosalind Prince et est interprétée par Constance Zimmer, dans un rôle taillé sur mesure. Autoritaire, intelligente et sachant ce qu’elle veut, on a l’impression de voir Quinn d’UnReal. Ici elle part pour un nouveau challenge, celui d’injecter de la personnalité dans le monde fade du SHIELD. Ah et aussi gérer les nouveaux Inhumains qui apparaissent un peu partout. D'ailleurs, je ne sais pas si ce n’est que dans ma tête, mais j’ai senti une bonne dose de tension sexuelle entre Coulson et Rosalind. Qu’est-ce que ce serait cool. Il pourrait lui faire des choses avec son bras bionique...
Ha ha ha ! Je suis de retour ! Mais qui êtes-vous Monsieur ? Le procedural Madame, le procedural ! Celui qui ruine les séries de superhéros !
Deuxième problème de Laws of Nature : le procedural renaît de ses cendres, tel le phœnix qu’on était content de massacrer en premier lieu. Ici, l’action principale est de chercher – puis retrouver – l'identité de la femme mystérieuse. Donc retrouver Constance Zimmer. Coulson a la belle vie quand même...
Ah, petite parenthèse. Vous savez comment l’on devient un Inhumain dans l’univers Marvel ? En prenant des vitamines à l’huile de poisson. Oui oui, on se fout de notre gueule. Je pense qu’à un moment de l'écriture de l'épisode néanmoins, les scénaristes ont compris qu’il fallait mieux pour leurs audiences, déjà pas terribles, arrêter de nous prendre pour des cons. Du coup ils ont étendu la contamination à tout l’écosystème. Comme ça au moins, plus besoin d’explications. Retenez en tous les cas que manger de l’huile de poisson, ça peut avoir davantage d’effets qu'être simplement dégueulasse.
Qui dit changement de statu quo, dit nouvelle exposition. On a fait un saut dans le temps de quelques mois après les évènements de la fin de saison dernière. Ce qui, en soit, est plutôt intelligent comme move. Cependant, comme souvent dans Agents of SHIELD, les scénaristes préfèrent faire parler les personnages des changements les affectant plutôt que d’effectivement nous les montrer changés. Les dialogues longuets s’enchaînent et l’intrigue n’avance donc pas. Cela n’est pas aidé par le manque d’action de l’épisode. Pour une série qui possède maintenant plusieurs gus avec des superpouvoirs, on n’en voit vraiment pas beaucoup. Une série possédant des aliens ça doit être fun, coloré. Pas rempli de scènes entre scientifiques. Cela même si l’une d'entre elles se nomme Bobbi Morse.
Héééé, Macaréna. AH.
L’ombre de Civil War… et des aliens. DES PUTAINS D’ALIENS LES GARS.
Une des qualités de Laws of Nature – parce que oui, l'épisode ne possède pas que des défauts – réside dans le travail mis en place pour préparer Captain America : Civil War. Le monde n’est pas prêt à accueillir des aliens et l'on sent les prémisses de la lutte entre ceux qui veulent qu’ils soient enregistrés dans un index et ceux qui souhaitent qu’ils vivent libres. Il sera intéressant de voir cette lutte au sein même du SHIELD avant de la voir sur grand écran en mai. Notamment au travers du spectre de la relation entre Coulson et Daisy, qui a repris son prénom de naissance. Cette dernière s’affirme un peu plus dans l’organigramme du SHIELD, prend des décisions, se bat et ne baisse jamais les bras lorsque quelqu’un lui dit non.
Sinon vous vous souvenez de l’alien fait de CGI et présenté dans l’ombre parce que sinon c’est trop cher ? Il a quand même relativement la classe. Avec des dreadlocks de rasta et de grosses grosses épines dans le dos, c’est l’incarnation du porc-épic qui a dû prendre trop d’huile de poisson. Le combat entre Daisy, Lincoln et lui est plutôt cool, même s’il serait bien de les voir vraiment se battre au lieu de seulement tendre leurs bras. Le tournage doit être sacrément sympa à voir, tellement cela doit être ridicule sans effets spéciaux. Qu’importe, c’était divertissant et dans un show avec des aliens, c’est la moindre des choses.
Enfin, le tag final augmente l’impatience de façon incroyable. Sans vous en dire trop, parce que spoiler ça serait pas beau, je peux vous affirmer que si Agents of SHIELD va dans cette direction, je vais attendre avec impatience chaque épisode.
Avec trois membres du cast originel absents, une action trop lente et un scénario voulant en dire trop mais n’en montrant pas assez, Laws of Nature a réellement du mal à trouver son rythme. Il bénéficie toutefois des personnages de Daisy et Fitz, et surtout promet énormément pour la suite de la saison. Messieurs les scénaristes, lâchez les aliens !
J’ai aimé :
- Constance Zimmer, main de fer dans un gant de fer.
- L’alien, plutôt stylé.
- Le tag de fin, qui me fait trépigner d’impatience.
- Fitz, qui semble enfin trouver sa place dans la série.
Je n’ai pas aimé :
- L’exposition qui prend des heures.
- L’intrigue qui avance à un rythme d’escargot sous Prozac.
- L’absence de May.
- Coulson. Le pauvre : plus de May, plus de Skye, plus de bras gauche. Du coup il ne sert plus à grand chose.
Ma note : 12/20.