J'ai entendu dire, ou plutôt, pour être tout à fait exact, lu marqué (même si cette expression pour le coup, ne veut plus rien dire) ici ou là, que « oui l'épisode était caca boudin parce que c'est mou, que le personnage concerné est pas intéressant, que son pouvoir est trop pas cool, que la musique c'était mieux avant et que l'histoire n'avance pas ». A ceux là et à cela, et mise à part la dernière remarque sur le déroulement de l'histoire, je réponds haut et fort « que nenni »!
Misfits à changé dans la forme tout en gardant le même fond. Nous sommes toujours en présence de cinq jeunes plus ou moins paumés, dont quatre que nous connaissons, qui effectuent toujours des TIG en Angleterre et disposent de pouvoirs qui les amènent à vivre de folles aventures pleine de rebondissements, tout ça tout ça... Cette série commence à s'affirmer dans sa non-ambition. Ce n'est pas un feuilleton alors que tout le monde, moi le premier, l'a prise comme telle. C'est une série au sens propre du terme, en ce sens qu'elle n'a pas vocation à proposer une histoire qui se déroule au fil des épisodes. Je ne l'ai compris qu'avec le premier épisode de la troisième saison, c'est dire si je suis long à la détente. Bref, Misfits continue sur sa lancée de fond en nous proposant à nouveau une parabole que j'estime être, avec toute ma subjectivité de critique, intéressante.
Cinq nouveaux pouvoirs pour cinq nouveaux épisodes.
Je vais émettre une hypothèse qui ne pourra être confirmée que par la suite de la saison : J'ai l'impression que nous sommes revenus sur le modèle de la première saison avec un premier épisode de présentation des personnages et/ou de leurs (nouveaux) pouvoirs suivi de cinq autres portraits nous permettant d'approfondir une facette de la personnalité de chacun répartis sur chaque épisodes. Alors que pas plus tard que la semaine dernière cela m'aurait fait crier au scandale, je me suis désormais fait une raison sur l'avenir de cette série. Elle est foutrement bien réalisée et castée et traite souvent des sujets qu'elle aborde avec pertinence, mais elle ne proposera jamais d'épopée haletante et burnée sur plusieurs saisons avec des personnages qui évoluent vers un but personnel et un autre commun. Comme ce qui va sans dire va mieux en le disant, je me fout désormais de l'histoire qui avance ou pas, je ne regarde plus cette série pour les même raisons qu'avant.
Curtis/Mel.
Rangeons dés à présent les évidences aux placards, bien entendu, pouvoir se transformer en femme, qui plus est, en une seule femme, c'est vraiment moins cool que de pouvoir voyager dans le temps. Si le premier épisode nous à montrer le coté pratique d'un tel pouvoir pendant une poursuite avec les flics, cette fois c'est l'implication psychologique et identitaire qu'un tel pouvoir suppose qui est abordé. Nous ne sommes pas là pour juger de la classe des pouvoirs (à moins que je me soit complètement trompé de série) mais plutôt de l'utilisation qui en est faite (et il me vient une soudaine envie de citer Patrick Bruel dans une pub pour le Poker en disant ça). Et concernant ce dernier point, il me semble que le sujet est traité avec beaucoup de pertinence tout en se protégeant sous le couvert de l'humour. Est-ce qu'un homme qui devient femme va toujours être attiré par le sexe opposé? A cela, Misfits réponds en comparant la sexualité féminine et masculine avec tous les quiproquo et vaudeville que cela suppose. Ce n'est pas vraiment orienté action intensive mais c'est intéressant et justement traité. La recherche identitaire de Curtis se solde par une ambivalence qu'il était important de traiter avant d' « avancer » et l'épisode à de plus le mérite d'avoir créé une histoire rythmée sans cette fois utiliser de méchant surpuissant grâce à ses pouvoirs. Un simple violeur fait l'affaire ici, le véritable ennemi de Curtis c'est lui même.
Au final, en déshabillant Misfits des prétentions qu'elle n'a jamais eu, on parvient plus clairement à distinguer le fond de chaque épisode et j'ai vraiment passé un bon moment devant celui-ci.
Le reste
Concernant les autres, j'ai encore une fois adoré le mime d'Alisha qui a décidément raté sa vocation de star du X tant elle simule bien. Rudy est en retrait, mis à part son histoire avec Mel et son poil, mais je n'attendais pas vraiment qu'il fasse le bouffon pendant 45 minutes. Rudy n'est pas un sous-Nathan, il est simplement un nouveau personnage certes désinhibé mais il ne faut pas attendre de lui qu'il fasse toujours du Nathan.
Enfin, concernant la musique, mis à part la réutilisation du remix de Phantom Pt 2 par Boys Noize, qui m'a toujours autant fait trippé (oui, je parle djeun's) mais dont la redondance m'a parut un peu limite, le reste est comme d'habitude très bon, avec un remix de Digitalism, du Prodigy, du Ratatat et même un groupe que je ne connaissais pas à savoir Funki Porcini. Après, je comprends que ceux qui n'aiment pas l'electro n'aient pas vraiment appréciés, mais ils pouvaient se consoler avec The Heavy ou encore Santigold.
Bref, c'est un bon épisode sans prétention, encore une fois bien réalisé et prenant. Je n'en attendais pas plus.
Ce que j'ai aimé :
- Le sujet abordé justement traité
- C'est léger
- Toujours aussi bien réalisé
- Alisha en forme
- La musique
Ce que je n'ai pas aimé :
- Plus aucune prétention, donc plus vraiment d'attente. Misfits est désormais une friandise.