Pitch entre foi et conviction
Monroe est confronté à Brendan Cormack, un homme d'une quarantaine d'années victime de fréquentes crises d'épilepsies dont le scanner révèle la présence d'une tumeur au cerveau. Confronté à la fille du patient qui s'oppose à la chirurgie, prétextant que son père est en contact avec Dieu, Monroe va devoir convaincre la famille de la nécessité d'une telle opération. En parallèle, il parvient enfin à découvrir l'identité de la mystérieuse liaison de Shepherd.
Une série sous mauvaise influence
Après trois épisodes où Monroe avait clairement marqué sa différence avec les soaps médicaux d'outre atlantique, le virage pris dans cet épisode par le show est particulièrement décevant. Le scénario présente un manque de clarté étonnant, et Monroe déçoit par un traitement très désinvolte des patients du jour. Là où la série jouait habituellement la carte de l'intensité et de l'originalité, ce récit est clairement trop artificiel, piochant délibérément dans différentes séries médicales à succès (pour House, le lien est cette fois flagrant) en laissant de côté sa propre identité.
Si on ne peut nier l'efficacité des show médicaux Américains, leur fascination pour le soap qui consiste à construire des histoires d'amour alambiquées m'a toujours passablement agacé. Ce rejet est à l'origine de mon intérêt pour Monroe, et de ma grande déception aujourd'hui de voir le scénario s'embarquer sur la même voie du soap mielleux. En passant un temps excessif sur le trio Monroe-Shepherd-Bremnen, le récit délaisse totalement le cas des patients, dont la seule fonction consiste à faire du remplissage.
Moins brillant sur le terrain du soap que sur celui du drame, Monroe produit ici un épisode décevant, sauvé par le talent des comédiens et un humour efficace. Le visionnage reste agréable, mais l'impression finale est très négative et seules quelques scènes dévolues aux internes apporte un vrai plus, réveillant un spectateur qui somnolait. Les gestes chirurgicaux y sont décrits avec une violence très réaliste, laissant apparaître la lutte particulièrement brutale pour gagner la reconnaissance de leur supérieur.
Au final, un épisode convenable, mais qui perd un peu de son âme en se déséquilibrant, et qui perd beaucoup de temps à parler de la vie privée assez cliché des deux chirurgiens. Une orientation plutôt inquiétante qui prouve que, malgré son style très anglais, Monroe est victime de l'influence des séries américaines, en particulier House MD dont elle reprend ici de nombreux défauts. Triste de voir un show qui avait su se montrer si original jusque-là céder brutalement aux sirènes d'une fascination malsaine, perdant du même coup une bonne partie de sa crédibilité.
La foi vient-elle du coeur ou du cerveau ?
Si cet épisode ne se pose pas les bonnes questions, il aborde quand même celle, intéressante, de la nature et du mystère de la foi au travers d'un patient atteint de crises d'épilepsies. Loin de s'imposer de force ou de jouer la provocation (Voir House MD), Monroe fait le choix plus subtil d'éluder la question métaphysique pour tout ramener à la peur de la mort. Car si la foi est irrationnelle, elle est avant tout entre le cerveau et le coeur, une expression à mi-chemin entre passion et morale.
Conscient de son incapacité à contredire les convictions de la fille de Cormack, Monroe fait le choix de poser le problème de manière strictement médicale, en ramenant tout à la simple question simple de vie ou de mort. En dépit de tout le savoir que la science a su accumuler, le fonctionnement et l'équilibre entre le cerveau et le coeur demeure un mystère, un équilibre étrange vers lequel nous aspirons tous d'aller.
Shepherd, et la (mauvaise ?) influence de House
Le docteur Shepherd est anesthésiste, plutôt réservé et possède la charge d'être le meilleur ami officiel de Monroe qui s'amuse beaucoup à le titiller sur sa vie personnelle. Alors, immédiatement, le titre prend tout son sens, même si Shepherd n'a pas le même rapport avec Monroe que House avec Wilson. Malgré tout, la ressemblance est indéniable et, malgré l'apport remarquable des comédiens, joue en défaveur de la série de Peter Bowker.
Beaucoup viendront me rappeler que la série House n'a rien inventé puisqu'on retrouvait déjà ce type de relations dans ER, et sûrement dans d'autres shows avant cela. Mais le problème est que l'inspiration est tellement évidente qu'elle prive Monroe de son originalité et donc de sa force, donnant l'impression d'une vulgaire adaptation européenne du succès de la FOX. Hors le show anglais a su montrer dans l'épisode précédent qu'il pouvait être bien plus que cela, sans avoir pour autant à utiliser les recettes des autres.
Personnage assez sympathique, Shepherd permet de placer un personnage entre Monroe et Bremnen, coincé entre la froideur cérébrale de l'une et la misanthropie agaçante de l'autre. Acteur assez charmant et talentueux, Tom Riley apporte à Shepherd une vraie humanité et forme un couple romantique crédible avec Jenny, permettant à Sarah Parrish de faire évoluer son personnage vers moins de froideur.
L'irrésistible attraction du soap
Entre histoires romantiques alambiquées et retournement de situations étonnants, le soap médical est un genre très artificiel et facile, son manque de rigueur scientifique permettant d'imaginer les situations les plus invraisemblables. Construit selon des principes extrêmement simples afin de permettre une écriture rapide, elle constitue un pôle d'attraction remarquable, un plaisir coupable auquel des personnages comme Cox ou House ne peuvent s'empêcher de plonger.
L'attraction du soap consiste en une lutte perpétuelle contre une tendance de l'esprit humain à préférer choisir la voie de la facilité, du moindre mal et de l'absence de remise en question. Céder à cette tentation est tout à fait compréhensible, sauf lorsque, comme Monroe, on a l'ambition de se situer un niveau au-dessus de tout ceci. Reste alors un épisode sympathique, mais clairement en dessous des standards habituels du show.
J'aime :
- les acteurs impeccables
- les luttes entre les internes très réalistes
- les actes chirurgicaux crédibles et assez intenses
Je n'aime pas :
- les patients à peine développés
- les histoires amoureuses trop présentes
- un étrange air de déjà-vu désagréable
- une mise en scène moins dynamique (David Moore remplace Paul Mc Guigan)
- une fin bâclée
Note : 11 / 20
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