Mensonges et manipulations
Le secrétaire de la Navy se fait abattre devant Philip Wickes, le patron d'une entreprise de métallurgie qui vient de perdre son contrat juteux avec l'armée américaine. Cette mise en scène est mise au point par Samantha Ryan et les PsyOps qui opèrent avec le NCIS pour déterminer la source d'une fuite de documents secrets. Pendant ce temps, Gibbs s'efforce de cacher à son équipe la relation qu'il entretient avec elle.
Résumé de la critique
Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :
- un duo Mark Harmon - Jamie Lee Curtis toujours efficace
- une équipe placée à l'écart
- une intrigue qui manque de cohérence
- l'incapacité de sortir d'une routine
L'art de mêler travail et plaisir
Pour cet épisode, NCIS choisit un démarrage coup de poing avec l'assassinat de Jarvis, laissant entrevoir la possibilité d'une intrigue mythologique qui va finalement se réduire à justifier moyennement le retour du docteur Samantha Ryan. Personnage clé de cette deuxième moitié de saison neuf, elle a conçu un petit scénario pour pouvoir connaître la vérité sur l'implication de Wilkes dans une affaire de divulgation de documents secrets. Un démarrage inhabituel qui va entraîner quelques problèmes dans la mise en place, les auteurs ne pouvant pas s'appuyer sur la routine habituelle du show.
Ainsi, Gibbs apparaît comme coupé du reste de son équipe, préférant la présence de la toujours séduisante Jamie Lee Curtis à ses côtés, les deux jouant à masquer la nature de leur relation. Hélas, leurs divergences dans les méthodes d'investigation et leur manque de complémentarité entraînent un début d'épisode qui manque d'efficacité où Gibbs ronge son frein, peu adepte des petits jeux du docteur. Une occasion de casser l'équilibre dans le rapport de force entre les deux, libérant Jethro qui va servir de moteur pour un second acte plus classique ramenant les scénaristes à un certain confort de narration.
La présence de la chef des Psy Ops se limite alors à opérer une tournée pour rencontrer la famille NCIS, les auteurs cherchant à l'intégrer dans l'univers de la série un personnage qui va évidemment se révéler décisif dans la suite. Son duo avec Mark Harmon laisse une bonne impression, apportant un charme particulier à une histoire qui ne profite pas suffisamment de son niveau d'expertise, la faute à une histoire qui ne justifie pas suffisamment sa présence ainsi que celle de son assistant.
Une collaboration assez limitée
L'épisode reposait donc sur le principe d'une collaboration entre l'équipe du NCIS et celle des Psy Ops, une équipe représentée par Tyler Elliott interprété par Sean Astin. Seulement, ce groupe n'a finalement que peu d'action à se mettre sous la dent, se trouvant d'entrée dans le cas de Ziva et Mc Gee mis à l'écart, Gibbs les chargeant essentiellement de fournir des informations. Hormis deux opérations de terrain, l'efficacité de la collaboration des deux groupes n'est jamais vraiment mise en valeur, la scène entre l'agent David et l'assistant de Ryan se révélant assez peu concluante, symbole d'un échec des auteurs à clarifier son domaine d'expertise.
Dinozzo, Mc Gee et Ziva sont donc limités à jouer les commentateurs de la relation entre leur patron et Samantha, tandis que l'intrigue semble stagner durant tout le premier acte. Sans véritable rebondissement, l'enquête nous place dans une situation de spectateur plutôt passif, la révélation finale étant clairement parachutée pour masquer les failles d'une histoire assez bancale. Loin de l'ambition montrée dans l'épisode 9x14, les auteurs de NCIS cherchent avant tout à inscrire le personnage de Samantha dans la mémoire du spectateur, préparant le terrain en vue du season final à venir.
Si l'association entre Ryan et Gibbs parvient à exister dans le dernier tiers, la capacité des auteurs à mettre en valeur Tyler Elliott va se révéler plus que discutable, l'exposition du personnage se réduisant à très peu de choses. Une occasion manquée, mais qui sert avant tout à préparer le terrain pour la suite, laissant un certain sentiment de frustration surtout après une scène d'ouverture aussi marquante. Un jeu qui peut s'avérer dangereux tant la mythologie de cette saison est loin d'être son point fort cette année, peinant à installer un vrai fil directeur à l'intérieur d'une saison neuf qui peine à surprendre.
La position du spectateur
Le problème de cet épisode repose sur sa scène d'ouverture, une tentative de meurtre qui vient semer la confusion, séquence choc classique pour la série, mais qui induit en erreur concernant la nature de l'intrigue. En effet, en tenant à l'écart le spectateur dès la première scène, les scénaristes engendrent une distance qui va empêcher de s'immerger réellement dans cette histoire reposant sur des enjeux assez obscurs. Ainsi, le chantage dont est victime le directeur Jarvis n'est jamais réellement explicité, donnant une position passive au spectateur qui ne peut pas participer vraiment à la recherche du responsable.
Au lieu de donner une liste de suspects éventuels, l'épisode s'acharne à poser la question de la possible innocence de Philip, William Russ se montrant heureusement assez convaincant. Hélas, le manque de développement de ce personnage, à l'exception d'une scène d'introduction trop explicite, ne permet pas d'insérer chez le spectateur une familiarité suffisante pour déterminer son niveau de sincérité et donc d'implication concernant cette affaire. La révélation finale repose alors sur un twist classique qui permet sans grande finesse de clore cette intrigue beaucoup moins ambitieuse qu'elle le laissait paraître au premier abord.
Loin de ses standards, NCIS offre un divertissement inégal, avec plusieurs scènes de remplissage où le docteur Ryan fait la connaissance de chacun des membres de l'équipe. Une façon pour Gibbs d'officialiser cette relation, donnant les seules scènes vraiment marquante d'une histoire à minima, montrant les limites d'un show incapable de sortir d'une routine dans laquelle il s'est lentement enfermé.
Le besoin d'évoluer
Avec cet épisode, NCIS tente de s'extraire des sentiers battus en quittant le cadre habituel pour se heurter rapidement à la difficulté des scénaristes de trouver une vraie dynamique au récit. Victime de la force de l'habitude, les auteurs rajoutent assez vite un cadavre pour réinstaller une routine après un premier acte poussif et assez peu concluant. Incapable d'évoluer au delà du cadre habituel du show, la série montre des signes de fatigue, s'égarant dans des développements inutilement compliqués pour masquer une histoire de base pas très soignée.
En conclusion, un divertissement moyen qui repose en grande partie sur le charme du duo Mark Harmon - Jamie Lee Curtis, offrant une association plaisante malgré un premier acte assez maladroit. Plusieurs défauts apparaissent : l'équipe est assez peu employée, le personnage de Sean Astin peine à exister, tandis que la redoutable efficacité habituelle dans les scènes d'expositions du NCIS laisse place à une confusion mal maîtrisée. Un exemple de démarrage raté qui handicape la suite de l'épisode en empêchant le spectateur de s'immerger vraiment dans l'enquête du jour.
J'aime :
- le duo Gibbs - Ryan
- les scènes de présentation entre Samantha et le reste de l'équipe
- la scène d'introduction surprenante ...
Je n'aime pas :
- ... mais qui laisse l'impression un fort sentiment de confusion
- le personnage de Sean Astin peu convaincant
- le premier tiers de l'épisode
- la résolution trop parachutée
Note : 11 / 20
Malgré une bonne association entre Gibbs et le docteur Ryan, l'épisode ne fournit qu'un divertissement à minima, la faute à une intrigue mal construite et assez confuse. Une collaboration entre le NCIS et les Psy Ops qui ne fonctionne pas, donnant tout un premier tiers de l'épisode peu convaincant avant un final pour le moins parachuté.