Critique : NCIS 9.19

Le 11 mai 2012 à 06:39  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode très classique par la forme, mais qui a la bonne idée de placer Vance dans une situation ambiguë.
Par sephja

Critique : NCIS 9.19

~ 8 minutes de lecture
Un épisode très classique par la forme, mais qui a la bonne idée de placer Vance dans une situation ambiguë.
Par sephja

Le faux coupable 

 

Le marine Caleb Adams est retrouvé mort dans une allée, tué d'un coup de couteau dans l'abdomen après une dispute avec sa petite-amie. Les enquêteurs retrouvent la trace d'un dénommé Michael, arrêté quelques mètres plus loin en train d'essuyer ses mains et sa veste, devenant aussitôt le suspect idéal dans cette affaire de meurtre. Seulement, ce jeune homme se trouve aussi être le beau-frère du directeur Vance, poussant celui-ci à mettre la pression sur Gibbs en s'ingérant dans chacune des étapes de l'enquête.

 

Résumé de la critique

 

Un épisode plaisant que l'on peut détailler ainsi :

  •  une enquête tendue et rythmée par le conflit Gibbs - Vance 
  •  une intrigue classique et très efficace, hormis dans sa conclusion 
  •  le thème complexe de la famille 
  •  un récit très bien compartimenté 

 

 

Sous surveillance 

 

Pour cet épisode de NCIS, les auteurs vont revenir à une forme très classique avec le meurtre d'un marin et l'exposition d'un coupable idéal qu'un faisceau de preuves, toutes indirectes, semble désigner. Seulement, les liens de celui-ci avec Vance fait que Gibbs se retrouve sous pression, poussant ses enquêteurs à se montrer sous leur meilleur jour en réduisant les storylines annexes inutiles. Un gain de temps qui va permettre d'évoquer la vie privée du directeur, donnant une suite de scènes plutôt intéressantes qui apportent une dimension émotionnelle indéniable à cet épisode.

En effet, la question de la culpabilité de Michael devient intéressante une fois que la nature de ses relations avec la famille du Directeur est clairement mise en avant. Si le démarrage est en effet plaisant, l'idée de placer le beau-frère du suspect dans le rôle du contradicteur de Gibbs empêche l'enquête de trouver son rythme, Jethro n'ayant évidemment pas l'intention de s'en laisser compter. Pourtant, l'intérêt de cette histoire est de voir le reste de l'équipe sous pression, chacun s'efforçant d'apparaître sous son meilleur jour, évitant les habituelles digressions du trio majeur de l'équipe du NCIS.

Tout le monde est au travail et en particulier Dinozzo, traumatisé par un commentaire de Gibbs le concernant lui et sa propension à se montrer particulièrement bavard lors des investigations. L'agent en profite donc pour prouver à Jethro son professionnalisme, créant une variation très intéressante dans une intrigue en apparence très classique. Moins drôle, mais plus intense, cet épisode montre surtout que Tony cherche toujours à être le fils préféré de Gibbs, plaçant son autorité au-dessus de celle du directeur.

 

Une structure établie et claire

 

S'il y a une chose que j'apprécie particulièrement dans NCIS, c'est la structure très carrée et efficace qui définit la série, cette architecture de base qui sert à assurer les deux éléments indispensables à un divertissement : la lisibilité et le rythme. En effet, l'intrigue est à première vue compliquée, mélangeant la description du meurtre avec sa série de suspects et l'histoire familiale du directeur Vance et son historique complexe. L'idée de placer Dinozzo en retrait apparaît comme indispensable, permettant de placer plus en avant le supérieur de Gibbs qui va occuper une place centrale dans la construction du récit.

Pour bien marquer la différence entre ces deux aspects de l'intrigue, les auteurs misent sur la performance impeccable de Rocky Carroll dont le comportement donne le ton de chaque scène. Baissant sa garde en famille, il devient rigide et concentré en présence de Jethro, marquant une séparation claire entre sa vie privée et sa vie professionnelle. Une idée de mise en scène brillante qui donne sa cohérence à un épisode bien pensé, alternant ainsi les scènes rapides sur le terrain et les séquences en famille plus lentes, où la qualité des comédiens vient faire la  différence.

Du point de vue de la construction, il n'y a rien à reprocher aux auteurs, prouvant une nouvelle fois la qualité du travail préparatoire et la facilité des scénaristes à évoquer le thème de la famille  et de la hiérarchie. Le seul problème vient de la séquence du reflet dans la vitre, horriblement clichée, ainsi que de la preuve finale qui vient servir sur un plateau une conclusion légèrement décevante et expéditive. Seul le jeu impeccable des comédiens vient sauver une scène finale un rien décevante, opposant sans convaincre l'importance de la famille avec celui de l'esprit de corps.

 

 

L'esprit de corps (attention spoilers)

 

Thème récurrent de la série, l'opposition entre la famille de sang et celle dont on partage les valeurs est exploitée ici au travers de la description des deux suspects éventuels. Le premier est Michael, un homme sans relation apparente avec la victime, mais qui porte sur lui le sang de celle-ci, misant sur ses liens familiaux avec Vance pour convaincre les enquêteurs du NCIS de son innocence. Le second est un marine qui a le mobile pour tuer, ayant une liaison avec la petite-amie de la victime que celui-ci venait de découvrir, justifiant son innocence par la fraternité de corps. 

Comme souvent au sein du NCIS, l'enquête est partagé entre la notion de meurtre accidentel par un inconnu ou prémédité par le biais d'un proche direct de la victime. Comme pour Dinozzo et ses relations complexes avec son père biologique, la famille apparaît comme la base de la fragilité d'un individu, source de joies et de peines, définissant la nature tragique d'un personnage. L'esprit de corps est ce qui donne la capacité de s'affirmer, l'intégrant dans un collectif qui lui permet de donner un cadre pour se construire au sein de la société, valeur souvent mise en avant par les idéologues militaires.

Le choix final est donc assez prévisible, solution de facilité qui va nécessiter l'intervention d'une preuve scientifique de dernières secondes clairement tirée par les cheveux. NCIS montre alors une foi dans l'esprit de fraternité prévisible, confirmant la philosophie martiale du show, montrant la famille comme un univers de fragilité où la trahison est toujours possible. Une thématique classique, pour un épisode bien écrit, mais qui déçoit par son intrigue plutôt classique et son dénouement sans surprise. 

 

Quand la forme prend le pas sur le fond 

 

Plus que l'enquête dans son ensemble, c'est la forme qu'il faut apprécier dans cet épisode, fruit d'une réflexion achevée de la part des auteurs sur un thème récurrent du NCIS : l'opposition entre la famille de sang et celle de coeur. Une intrigue plutôt prenante, permettant de souligner l'importance de l'idéologie au sein de la série martiale de CBS où le thème de la famille est un élément récurrent toujours bien maîtrisé. Au milieu de tout cela, les autres personnages se limitent à accomplir leurs tâches, marquant ainsi assez clairement leur position secondaire au sein de l'équipe de Gibbs. 

En conclusion, un épisode impeccable du point de vue de sa structure, offrant une mise en scène reposant en grande partie sur les performances impeccables de Mark Harmon et Rocky Carroll. Une histoire dynamique et efficace, s'appuyant sur une structure très classique tout en proposant une gestion impeccable du rythme en choisissant de couper exceptionnellement le sifflet à Dinozzo. Allant contre sa nature, Michael Weatherly est à l'image de cet épisode, cherchant à montrer son meilleur visage au détriment de cet effet de surprise qui fait le charme du personnage. 

 

J'aime : 

  •  l'épisode bien structuré 
  •  la performance de Rocky Carroll 
  •  l'intrigue très bien rythmée 

 

Je n'aime pas : 

  •  le coup du reflet trop cliché 
  •  la conclusion prévisible 

 

Note : 13 / 20 

Bien construit et plaisant à suivre, cet épisode du NCIS fournit l'exemple d'un divertissement réussi, avec une intrigue bien rythmée et parfaitement lisible. La performance impeccable de Rocky Carroll apporte un plus indéniable à un épisode prenant mais légèrement maladroit dans sa conclusion.

L'auteur

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