Critique : Sugartown 1.01

Le 26 juillet 2011 à 14:34  |  ~ 6 minutes de lecture
Soap anglais signé Jodi Reynolds, Sugarland surprend par son idée de départ ambitieuse mais déçoit par une certaine lourdeur assez agaçante. Au programme, deux frères en guerre pour l'usine de leur père, une mère en guerre contre sa fille et une série en lutte contre son propre concept.
Par sephja

Critique : Sugartown 1.01

~ 6 minutes de lecture
Soap anglais signé Jodi Reynolds, Sugarland surprend par son idée de départ ambitieuse mais déçoit par une certaine lourdeur assez agaçante. Au programme, deux frères en guerre pour l'usine de leur père, une mère en guerre contre sa fille et une série en lutte contre son propre concept.
Par sephja

Pitch soap à l'anglaise 

Sugartown est une ville balnéaire anglaise particulièrement morte, une cité portuaire où les quelques jeunes qui y vivent ont un seul espoir: pourvoir partir dès que possible. Copropriétaire d'une confiserie, dernière entreprise restante du village, les frères Burr se disputent entre Jason qui veut faire perdurer l'entreprise familiale, malgré la conjoncture difficile; et Max, qui ne rêve qu'à construire des centres de pêchés : casino et boîte de striptease pour attirer un nouveau type de visiteur.

 

 

Une série au concept volontairement bancal 

Commençons pour présenter Sugartown, nouveauté BBC signé Jodi Reynolds très particulière qui se propose de réaliser un soap tout ce qu'il y a de plus classique tout en jouant sur un ton décalé typiquement anglais. L'histoire nous projette sans attendre dans la confiserie Burr où se dispute deux frères: le gentil ouvrier qui prépare ses fiançailles avec une marchande de la ville et le méchant frère capitaliste, égoïste et solitaire, poussé par sa jalousie du bonheur des autres. Bref, la série prend le canevas classique bien connu des fans de télénovelas où le peuple ouvrier va s'opposer au pouvoir et à l'argent du méchant égoïste solitaire.

Tout est volontairement cheap, des décors aux costumes et tentent avec succès de renvoyer aux grands soaps où des familles s'entredéchirent pour un empire ici assez misérable. La singularité de ce show vient en fait de son décor, Sugartown, une ville côtière complètement paumée, à la moyenne d'âge particulièrement haute. Autant dire que le fait de voir menacé la dernière usine de la ville entraine une réaction négative de la part des habitants. De ce décor hyperréaliste vient le décalage sur lequel compte les auteurs pour amener une bonne dose d'humour tout en suivant la canevas d'un soap classique, avec tous les excès nécessaires.

Bref, mieux vaut être prévenu avant de démarrer, Sugartown relève presque de l'expérience, une tentative d'adapter "Dallas" à un village de marins pécheurs. Le seul problème va venir non pas du concept, mais du manque totale de maîtrise des scénaristes qui vont fréquemment s'égarer dans le n'importe quoi, dans le bon sens comme dans le mauvais.

 

 

Une sucrerie un peu trop amer

Grand amateur de soaps devant l'éternel, je ne pouvais que me jeter sur ce projet un rien bizarre et original en espérant une de ces bijoux d'humour typiquement anglais. Hélas, ce ne sera pas le cas ou du moins seulement quelques scènes réjouissantes, un gag un peu lourd venant fréquemment gâcher la bonne inspiration de l'ensemble. Si le côté soap est plutôt bien rendu grâce à un Tom Ellis qui surjoue à la perfection le rôle du méchant ténébreux, la partie comédie va vite manquer d'énergie et d'inspiration en sombrant trop facilement dans la vulgarité.  

Mais le vrai problème de Sugartown vient surtout de son format car, à l'instar des soaps qui se limite à juste titre à moins de trente minutes, les auteurs font ici le choix de proposer un épisode d'une heure qui devient vite indigeste. La seconde partie, en particulier, sombre vite dans un excès de mauvais goût à trop vouloir forcir le trait et les décalages, créant un certain malaise assez fort lors d'un final particulièrement passable. Là est le principal problème avec Sugartown, cette sensation de gavage qui vous frappe au bout d'une trentaine de minutes.

Loin d'être la réussite espérée, Sugartown rate en partie son objectif, la faute à un humour trop lourd, pour ne pas dire au bout d'un moment indigeste. C'est dommage car les acteurs sont vraiment sympathiques et l'idée de départ franchement originale et assez prometteuse. Difficile donc de la conseiller à part pour ceux qui n'ont pas peur des expériences étranges, une série à regarder au second voire même troisième degré minimum. 

 

Une fan de série est un fan de soap 

Ca y est, je sens déjà s'abattre sur moi la colère du pauvre lecteur qui s'est égaré dans ces lignes, alors je demande juste quelques lignes pour clarifier les choses. Faire exploser les codes du soap en modifiant le background où elle se déroule à servi de base à des shows célèbres comme SFU ou Twin Peaks. Le feuilleton de type soap est la base de toute série télévisée, usant et abusant de subterfuges toujours plus énormes pour relancer l'intrigue. La fin de cet épisode, avec le coup de traitre du méchant Max qui vient briser le bel enthousiasme des citoyens, prouve que si elle contient certaines lourdeurs, cette série propose un vrai soap digne de ce nom. 

Sugartown ne se prend pas assez au sérieux et cherche trop à produire des gags à foisons, créant un sentiment de lassitude devant l'accumulation du bon et du très mauvais. Trop inégal pour être conseillée, cette série est une expérience que je vais me plaire à poursuivre, malgré quelques scènes tellement kitsch qu'elles sont à la limite du regardable. Mais le courage des auteurs reste à saluer, car le soap reste malgré tout le genre majeur de l'univers des séries télévisées.

 

J'aime :

  •  un vrai soap dans sa forme la plus clichée 
  •  le décor assez impayable 
  •  un projet très risqué et donc courageux
  •  les acteurs plutôt bons 
  •  Shooo - Shooo- Sugartown !!! Plus kitsch, tu meurs. 

 

Je n'aime pas :

  •  certains gags vraiment pas inspirés 
  •  un format beaucoup trop long 
  •  certaines scènes à voir au millième degré 
  •  un environnement musical volontairement kitsch qui vire au pénible
  •  la seconde moitié de l'épisode mal maîtrisée 

 

Note : 08 / 20 

A partir d'une idée de départ plutôt bonne et enthousiasmante, Sugartown nous propose un épisode inégal, pas toujours inspiré et parfois à la limite de la vulgarité. Il faut oser jouer le jeu, mais il m'est impossible de conseiller ce show sauf si vous disposez d'un vrai goût pour le second degré. Original dans le fond, mais décevant dans la forme.

L'auteur

Commentaires

Pas de commentaires pour l'instant...

Derniers articles sur la saison

Critique : Sugartown 1.03

Episode raté, la faute à des scénaristes qui changent la donne en cours de route, abandonnant le soap pour le conte de fées mielleux. Au programme, un mariage sans intérêt et un personnage de méchant qui méritait bien mieux que ce qu'il lui arrive.

Critique : Sugartown 1.02

Episode réussi pour Sugartown qui évacue une bonne part des défauts du pilote tout en conservant sa singularité. Au programme, un orphelin retrouve ses parents, deux frères se battent et un couple se sépare sous la pluie.