Critique : Sugartown 1.03

Le 11 août 2011 à 19:56  |  ~ 5 minutes de lecture
Episode raté, la faute à des scénaristes qui changent la donne en cours de route, abandonnant le soap pour le conte de fées mielleux. Au programme, un mariage sans intérêt et un personnage de méchant qui méritait bien mieux que ce qu'il lui arrive.
Par sephja

Critique : Sugartown 1.03

~ 5 minutes de lecture
Episode raté, la faute à des scénaristes qui changent la donne en cours de route, abandonnant le soap pour le conte de fées mielleux. Au programme, un mariage sans intérêt et un personnage de méchant qui méritait bien mieux que ce qu'il lui arrive.
Par sephja

Pitch mariage et platitude 

Emily et Jason se réconcilient, réussissant à faire la paix et à passer outre les nombreux dégâts causés par Max et sa relation passée avec la future mariée. Seulement, celle-ci, apprenant que celui ci est en fait un batard de la famille Burr, va se venger en le mettant devant le fait accompli que tout le village a choisi de taire à la demande de Jason. Pendant que tout Sugartown s'active en vue du mariage, Carmen se retrouve perdue dans les rues de Leeds, fuyant Justin et son amour déçu. 

 

 

Un final au goût horriblement amer 

Série particulière fondée sur l'idée de créer un soap décalé, Sugartown verse dans le cliché ultime en proposant un final sur fond de cérémonie de mariage. Seul le méchant Max, en pleine destruction de l'usine pour construire son premier motel, peut venir encore mettre son grain de sel dans cette union, donnant l'occasion de proposer une figure classique du soap : les gentils contre le méchant. Seulement les auteurs ont visiblement oublié leur concept de départ et verse dans la facilité en faisant le choix d'un happy-end sirupeux et assez inintéressant.

Car Max n'est pas le fils de son père, il est impuissant et perd son armure, laissant apparaître le visage d'un homme blessé venu chercher l'annihiliation de tout souvenir le rattachant au souvenir de sa famille. Tom Ellis est formidable, essayant d'apporter une subtilité à son personnage qui s'avèrera inutile au vu de l'incapacité des auteurs à trouver le culot de proposer une vraie opposition entre les deux frères. Trop mou, Jason est particulièrement ennuyeux, la série optant pour la solution morale et définitive en rupture totale avec le genre du soap qui recherche avant tout le coup de théâtre perpétuel.

Bref, la minisérie déçoit et s'achève dans une certaine médiocrité, abandonnant sans raison son concept de départ au profit de la comédie populaire la plus basique et ennuyeuse. La comédie musicale servira de conclusion à un volet totalement vide qui aura aligné les mauvaises idées en n'offrant pas à Max la fin qu'il méritait. Dommage que la fameuse fusillade lors du mariage de Dynastie n'ait inspiré les auteurs à opter pour un final grand  guignolesque dans le bon sens du terme. 

 

 

Happily ever after 

Le conte de fées est le genre choisit ici, celui où tout finit bien et en musique, tout en oubliant au passage les raisons premières de l'intrigue. Car Sugartown est un monde à part, un royaume que Max s'interdit de pervertir où le tissu social existe encore à la différence de la ville vécue comme source de solitude et d'agression. Ce genre de mentalité rétrograde et idiote, absente des deux premières parties, vient parasiter un final qui aurait pourtant pu opter pour une vision plus triste de l'avenir, plus en accord avec le concept de départ du show. 

Le soap n'est pas un conte de fées, mais un univers cynique de trahison et de manipulation, pas du tout en accord avec ce final enrubanné. Seul reste au final la métaphore des Take That, petit moment hilarant où le show retrouve son esprit décalé et enjoué dans une chambre rose bonbon jusqu'à la nausée (voir ci-dessus). Le résultat n'est pas honteux, mais s'avère horriblement prévisible, surtout pour une série censée être originale. Reste plus qu'à apprécier un visuel toujours à la limite du surréalisme tout en regrettant l'absence d'enjeu d'un récit trop propre sur lui. 

Le conte de fées n'est pas compatible avec le soap car la vie des gens heureux est faite d'une absence de vagues, au contraire du tumulte du soap. Un beau ratage, regrettable tant il y avait la possibilité de faire beaucoup mieux. 

 

Bilan de Surgartown

Si le concept de départ d'un soap rose bonbon s'avérait plutôt judicieux, Sugartown n'aura trouvé que dans l'épisode deux le courage de proposer une noirceur suffisante pour convaincre. Trop lourd et maladroit, les scénaristes sont passés d'une comédie indigeste au conte de fées larmoyant, ne trouvant qu'au milieu le juste équilibre pour offrir une minisérie vraiment originale. Difficile de ne pas se sentir frustré devant un tel manque de cohérence et une incapacité à offrir les rebondissements et intrigues à tiroirs indispensables au genre si particulier qu'est le soap. 

Imparfait et décevant, Sugartown est condamné à n'être qu'une curiosité parmi d'autres, mais possède un certain charme pour les amateurs de bizarrerie qui pourront faire l'impasse sur le dernier acte. Dommage car l'idée de redorer le blason des soaps était plutôt bonne, surtout au vu d'un casting prenant un certain plaisir à en faire des tonnes. Mais hélas, trop originale pour fonctionner vraiment, Sugartown file par la petite porte, me laissant juste le souvenir formidable de Max traversant les rues de la ville comme un John Travolta survolté sur la musique de Staying Alive, reprenant en partie le final discutable du film de S. Stallone. 

 

J'aime : 

  •  la métaphore sur les Take That excellente 
  •  le casting qui s'amuse beaucoup ... 

 

Je n'aime pas : 

  •  ... seulement nous beaucoup moins. 
  •  le soap abandonné pour le conte de fées sans raison 
  •  le personnage de Max qui part sans pertes ni fracas 
  •  des situations invraisemblables qui cumulent les mauvaises idées. 

 

Note : 07 / 20 

Une trahison du concept de départ inexcusable, les auteurs abandonnant le format du soap au profit du conte de fées prévisible et ennuyeux. D'autant plus regrettable que le potentiel était là pour proposer une vraie confrontation entre les deux frères. Un triste gâchis. 

L'auteur

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