Critique : Suits 1.04

Le 18 juillet 2011 à 08:47  |  ~ 6 minutes de lecture
Bel épisode où Suits confirme qu'elle est bien plus qu'une série judiciaire comme les autres et impose son style. Au programme, Mike Ross s'occupe d'un locataire infesté de puces pendant qu'Harvey tente de défendre l'ex-mari de sa patronne.
Par sephja

Critique : Suits 1.04

~ 6 minutes de lecture
Bel épisode où Suits confirme qu'elle est bien plus qu'une série judiciaire comme les autres et impose son style. Au programme, Mike Ross s'occupe d'un locataire infesté de puces pendant qu'Harvey tente de défendre l'ex-mari de sa patronne.
Par sephja

Pitch abus de confiance

Mike Ross est chargé de sa première affaire pro bono en solo, une histoire d'appartement infesté de puces dont le locataire refuse de payer le loyer tant que le propriétaire n'aura pas rendu les lieux habitables. De son côté, Harvey Specter est chargé par sa patronne Jessica de défendre son ex-mari, accusé d'avoir mis sur le marché un nouveau médicament aux effets secondaires assez dramatiques. 

 

 

Un épisode solo qui en impose 

Après une intéressante mise en place des personnages et de l'identité profonde du show, Suits fait le choix de séparer les deux héros, chacun étant confronté à une affaire d'abus présumé de confiance. Thème important de la série, ce type de pratique est à l'origine de la présence de Mike et permet d'impliquer totalement les deux avocats. Malgré cette séparation, l'épisode parvient sans peine à rester parfaitement claire et lisible en créant une vraie différence entre leurs deux univers. Chacun des deux vont connaître des déboires et des difficultés, le scénario montrant avec une vraie finesse comment l'influence de l'un sur l'autre transforme leur faiblesse en force. 

Pour une nouvelle série, Suits impose de manière impressionnante sa marque au genre très codifié de la série judiciaire, imposant une identité forte qui dépoussière un genre pourtant prévisible. Les scènes communes sont de loin les meilleures, Harvey semblant comme Mike légèrement démuni lorsque son assistant n'est pas à ses côtés. Plus qu'un simple artifice, cette association entre Ross et Specter va au-delà du simple gimmick, chacun inspirant l'autre sur la voie du succès. 

En proposant une intrigue à priori classique, Suits prouve qu'elle est plus qu'un divertissement estival mais une série qui pourrait faire date, prenant son temps pour bientôt s'imposer comme incontournable. Il ne reste plus aux auteurs qu'à trouver les bonnes storylines pour donner une dimension supplémentaire au récit, les scènes entre Louis et Mike ayant tendance à se répéter. Avec son casting impeccable et son style parfaitement maîtrisé, Suits prouve qu'elle peut, sans faire dans le spectaculaire, produire un épisode de très bonne qualité grâce à un univers très bien codifié.

 

Mike Ross et les plaisirs du débutant

Adepte du terrain et du contact humain, Mike Ross hérite d'une affaire pro bono, situé dans son univers, tout en bas des grands immeubles qui forment la jungle de Suits. Pour ses premiers pas dans un tribunal, la série nous introduit tranquillement aux codes complexes de la justice, Ross multipliant les erreurs qui permettent aux spectateurs de s'identifier à lui. Très humain, son échec va souligner les difficultés d'un métier qui nécessite un vrai apprentissage, Mike maîtrisant trop les dossiers et pas assez l'univers autour de lui. Trop sage, il manque à Mike le charisme qui permet à Harvey de garder la maitrise des évènements, l'affaire lui échappant en moins d'une minute. 

Tout va très vite, Mike découvrant l'importance qu'une défaite peu vite prendre au sein du cabinet, même sur une affaire sans véritable enjeu comme celle-ci. Plus que le respect de ces collègues, la confiance des clients est une chose difficile à gagner, surtout lorsque la première affaire se solde par un échec. Harvey apparaît alors comme l'homme d'expérience qui va orienter Mike dans une nouvelle direction en sortant l'affaire des tribunaux civils pour l'amener à une dimension supplémentaire, obligeant le jeune débutant à faire preuve d'initiative. 

Porté  par l'enthousiasme du débutant, Mike Ross parvient à imposer son style, usant avec intelligence et subtilité du mensonge pour arriver à ses fins. Soutenu par Harvey, le jeune associé commence son ascension, prouvant son talent à donner à une simple plainte toute l'ampleur qu'elle mérite. 

 

Harvey Specter et la pression des hautes sphères 

Opérant à un autre niveau, au sommet des buildings, Harvey doit faire face à la pression engendrée par les enjeux financiers importants de son affaire. Pris dans une histoire où le moindre mensonge peut avoir des conséquences dramatiques, Specter va devoir faire apparaître la bonne version de la vérité pour permettre à son client de se sortir du piège où il est enfermé. Soumis à la pression permanente de sa patronne, Harvey montre certaines réticences à défendre cette affaire, car la confiance pour un avocat comme lui est une arme indispensable pour réussir une négociation. 

La confiance en son client, en la crédibilité de la version de la réalité qu'il défend, voilà les éléments qui permettent à Harvey d'être le meilleur négociateur de la ville. Seulement pour trouver cette version des faits, il a besoin d'un travailleur de l'ombre, exercice où Ross excelle, venant apporter une évolution intéressante en révélant certains mensonges pour lui permettre de creuser efficacement. Sans l'apport de son assistant, Harvey n'aurait pas eu l'occasion de découvrir sa ligne de défense, celui qui lui permet de faire son travail pour le mieux. 

La capacité à séparer, puis à imbriquer les deux univers de ses héros est sans le moindre doute un des points forts de Suits qui prouve sa capacité à gérer sans difficultés les deux niveaux de récit. Totalement indissociables, Harvey et Mike ont leur destin lié par quelque chose de suffisamment profond pour donner une vraie intelligence à cette série ambitieuse et surprenante. 

 

J'aime : 

  •  un scénario efficace et maîtrisé 
  •  deux univers parfaitement bien différenciés 
  •  un casting impeccable, avec un Mike très attachant 
  •  la relation Ross-Specter très subtile et fascinante

 

Je n'aime pas : 

  •  quelques répétitions dans le rapport entre Ross et Litt 
  •  des amorces d'arcs narratifs encore embryonnaires 

 

Note : 14 / 20 

Un épisode très maîtrisé et divertissant sur le thème de l'abus de confiance où chacun des deux héros évoluent au sein de son univers. La qualité du casting et de l'écriture impressionne, la série imposant son identité dans un genre pourtant particulièrement rigide. Le duo fonctionne parfaitement, mais écrase légèrement des personnages secondaires qui peine encore à gagner en épaisseur.

L'auteur

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