Pitch les erreurs du passé
Pendant que le principal de l'école met la pression pour trouver l'origine du vol du contrôle de science, Toby Kennish finit par avouer à sa mère sa responsabilité. De leur côté, Bay et Daphne, accompagné de Emmett, vont à la rencontre d'un inconnu nommé Angelo Sorrento et qui pourrait être son vrai père biologique. Daphne découvre au passage l'entente nouvelle née entre leur deux.
Un épisode bouche-trou
Après avoir lancé des intrigues les épisodes précédents concernant Toby et Regina, Switched by Birth va très rapidement les conclure, ces deux histoires ne servant finalement qu'à faire du remplissage et à donner un peu de place aux parents pauvres de la série. L'intrigue romantique de Madame Vasquez se conclura par un rapprochement avec Kathryn nécessaire au vu de l'ambition montrée par la série dans la scène finale. Mais avant d'abattre leur carte maîtresse, les auteurs vont s'efforce de mettre fin à l'histoire d'addiction de Toby particulièrement indigeste.
Elément central de l'épisode, la recherche du père naturel de Bay aura permis de créer une connexion avec Emmett qui va entrainer la colère de Daphne. Le fait que la plupart des comédiens adopte la langue des signes est une excellente idée, devenant lentement le langage universel du show. Seulement, cette modification est surtout fait pour permettre la relation naissante entre Emmett et Bay qui cède hélas à la tentation de la romance. La dispute entre lui et Daphne est très réussie, moment particulièrement intense où les deux comédiens font preuve d'une expressivité remarquable.
Visiblement conscient d'avoir, dans la première moitié de saison, privilégié Daphne à Bay, les auteurs commettent l'erreur de chercher à équilibrer le récit en optant pour la politique inverse. Assez maladroit dans l'écriture de la scène de la rencontre avec le présumé père de Bay, les auteurs semblent vouloir jouer la montre, comme s'il avait conscience d'un événement majeur à venir. Bref, l'épisode stagne et s'avère assez ennuyeux, malgré les efforts de comédiens plutôt justes, Vanessa Marano ne pouvant s'empêcher d'en faire un peu trop.
Au final, un épisode qui ne propose que peu d'enjeux, misant avant tout sur cette incarnation du père qui n'apporte pas grand chose à l'intrigue. Conscient du virage important que constitue la fin de l'épisode, les auteurs jouent la montre en se préparant pour le sprint final, mais gâche ici une belle occasion de donner un peu de profondeur à la relation entre Bay et Daphne.
Le charme surprenant des connexions contrenatures
Si l'idée de relier Emmett et Bay peut paraître saugrenue, il permet surtout de montrer la jeune rebelle sous un éclairage plus attachant, l'obligeant à faire usage du langage des signes. Cette liaison au souffle très romanesque fonctionne particulièrement bien, même si l'implication de la jeune femme dans une nouvelle intrigue romantique est assez prématurée. Les auteurs marquent pour cela bien le fait qu'Emmett fasse le premier pas, poussé par une Daphne qui se laisse submerger par sa propre frustration.
L'idée saugrenu de connecter Regina et Toby s'avèrera beaucoup moins payante et assez peu crédible, ces deux personnages n'ayant aucun passif ensemble à l'image. Totalement saugrenu, ce petit passage ne fonctionne pas du tout, servant juste à mettre fin à une histoire de poker étonnamment peu inspirée. Malgré tout, l'effort est à saluer, la série trouvant ici sa force en créant des connexions insolites et imprévisibles. Elément inattendu apportant une richesse supplémentaire à un show sans cela assez prévisible, l'épisode parvient ainsi à nous tenir réveiller jusqu'à une scène finale poussive dans la forme, mais particulièrement renversante.
Un final qui redonne de l'envie
Série ambitieuse au premier abord, Switched By Birth aura beaucoup déçu dans son second tiers, trainant des storylines paresseuses et particulièrement peu inspirés. L'idée de placer Daphne dans le rôle inverse du début de saison n'aura pas eu l'effet attendu, à savoir faire profiter à Bay d'un éclairage plus positif. A force de jouer sur l'idée de symétrie et la fatalité, la série semble condamner à ne pouvoir aller beaucoup plus loin qu'un discours assez frileux sur l'amour, la drogue et tous les thèmes récurrents des séries pour adolescents.
Totalement imprévisible, la dernière scène crée un séisme qui devrait se prolonger jusqu'au final, transformant brutalement ce mélodrame en une tragédie d'une grande cruauté. J'ignore encore quelle sera l'orientation choisi par les auteurs, mais le potentiel incroyable de ce coup de théâtre justifie totalement l'existence de ce show en donnant un nouvel éclairage inattendu à son pitch de départ. Certes, il reste la crainte de voir les auteurs reculer sur leurs bases en cherchant des excuses inutiles, mais j'espère que le courage les poussera à aller au bout de leur idée incroyablement brillante.
J'aime :
- le final comme un coup à l'estomac. Totalement imprévisible.
- les scènes entre Bay et Emmett
- l'usage répété du langage des signes
- la dispute entre Emmett et Daphne
Je n'aime pas :
- un épisode bouche-trou
- la storyline de Toby ennuyeuse
- la scène entre Toby et Regina invraisemblable
- l'excès d'intrigue romantique
Note : 11 / 20
Un épisode assez fainéant qui ne tire ses meilleurs scènes que de la présence d'Emmett, personnage actif et énergique qui interagit étonnamment bien avec le duo d'héroïnes. Seul le final, idée géniale mais trop tardive, vient nous sortir de la torpeur d'un récit plutôt plat, annonciateur d'un séisme particulièrement puissant.