Critique : Switched at Birth 1.23

Le 05 septembre 2012 à 14:22  |  ~ 8 minutes de lecture
Un retour plaisant pour le show d'ABC Family qui parvient à se relancer en opérant un petit saut dans le temps assez judicieux.
Par sephja

Critique : Switched at Birth 1.23

~ 8 minutes de lecture
Un retour plaisant pour le show d'ABC Family qui parvient à se relancer en opérant un petit saut dans le temps assez judicieux.
Par sephja

L'impossibilité d'abandonner son passé derrière soi 

 

Après la trahison d'Emmett, Bay est partie pour un long voyage dont elle revient revigorée en apparence, avec un nouveau petit-ami et la conviction d'avoir réussi à tourner la page. Son retour correspond avec la sortie du livre de Kathryn, mais surtout à l'audition d'Angelo afin d'éviter son renvoi en Italie. Pendant ce temps, Daphne tente de se trouver un travail dans la restauration, mais se heurte assez rapidement à la peur des patrons concernant son handicap qui va lui fermer de nombreuses portes. 

 

sab 123-1 : la famille Kennish fête le retour de Bay

 

L'illusion douce d'une vie rêvée

 

Troisième partie de cette première saison à rallonge pour Switched at Birth qui démarre avec sérénité, la série étant déjà sûre de son renouvellement, permettant à Lizzy Weiss de construire des histoires sur le long terme. La scénariste propose alors un saut dans le temps ingénieux de quelques mois, le temps pour Bay de prendre ses distances avec Emmett et pour Daphne de retrouver son enthousiasme bien entamée par plusieurs déceptions personnelles et sentimentales. Une page se tourne avec cet épisode où le seul enjeu dramatique majeur concerne Angelo, toujours au prise avec la justice américaine qui veut le renvoyer en Italie.

Pour symboliser cette volonté d'ouvrir un nouveau chapitre, Lizzy Weiss démarre par le retour de Bay, accompagnée d'un nouveau petit-ami dont le seul rôle sera de permettre à l'auteur une remise à plat de l'histoire. Cette volonté de faire un historique peut paraître un peu frustrant, mais prend une tournure amusante dès que la scénariste en profite pour se moquer de ses propres petits égarements. Malgré tout, il aurait été préférable de donner un peu plus d'épaisseur à un personnage qui se limite à passer les plats, Bay comprenant que la parenthèse de son voyage se referme et l'oblige à se confronter au passé qu'elle a fui.

Pour se débarrasser des traumatismes causés par la révélation de l'échange, Kathryn a achevé un livre témoignage, préparant une fête pour sa sortie qui marque le début de ce troisième acte. Une façon pour la scénariste de montrer le désir des personnages de passer à autre chose et d'évoluer, tâche difficile qui a le mérite de lancer quelques pistes intéressantes et nouvelles pour l'avenir. L'occasion d'abandonner une histoire de procès qui tournait en rond et de se concentrer sur les Vasquez, en particulier sur le personnage terriblement important d'Angelo. 

Personnage mal exploité lors de la seconde moitié de saison, le père biologique de Bay devient le grand chantier de cette troisième partie, obligeant Regina à faire un choix difficile entre ses espoirs personnels et son devoir de mère. Voulant aider sa fille à se reconnecter avec son père, elle se retrouve prise au piège de ses erreurs passées et sa volonté de se racheter. L'illusion douce d'une vie rêvée qui se heurte à la réalité, rendant impossible l'idée de tourner complètement la page sur un passé douloureux.

 

sab 123-2 : les familles Kennish et Vasquez réunient

 

La tentation de vouloir trop en faire 

 

Pendant que Bay et les Kennish cherchent à évoluer, Daphne suit toujours sa trajectoire personnelle et un peu trop déconnectée du reste, essayant de se trouver un poste comme apprenti cuisinière. Après le basket, Lizzy Weiss garde la même approche concernant les storylines de Katie Leclerc en insistant sur la difficulté pour les sourds de s'intégrer dans l'univers des valides. Une façon de rappeler combien notre univers se construit autour de l'utilisation des cinq sens et parait incapable de s'adapter à un individu atteint de surdité. 

L'auteur ne fait pas dans la finesse, mais évite le piège des idées reçues en se montrant assez réaliste concernant les vrais dangers qu'engendrent ce handicap dans le monde du travail. Une difficulté à s'intégrer bien exposée, l'enthousiasme des premiers instants s'effondrant brutalement lorsque la situation dégénère, révélant la gêne réel que représente son handicap. Revenu tout en bas de l'échelle à faire la plonge, la fille Vasquez retrouve alors cette combativité d'héroïne de mélodrame qui fait tout son charme, refusant de s'apitoyer sur son sort pour prendre son destin en main. 

Elle découvre alors que sa ténacité, son acharnement à vouloir trouver sa place et refuser la fatalité de son handicap lui permet de gagner le respect des autres employés et donne l'envie aux autres de s'adapter à elle. Refusant la pitié des autres au profit de son seul mérite, Daphne confirme qu'elle est un personnage intéressant, la scénariste s'efforçant de montrer ici la complexité du processus d'intégration, entre enthousiasme et frustration. Impeccable, Katie Leclerc est très convaincante à l'image de l'ensemble du casting, retrouvant sa combativité initiale et le ton juste pour des auteurs qui se méfient de la tentation de vouloir trop en faire.

Avec une histoire qui se resserre sur les deux familles Kennish et Vasquez, Simone et les personnages plus périphériques à l'univers du show sont clairement mis à l'écart. Certes, Maiara Walsh a une petite scène, mais cela reste assez anecdotique et laisse la sensation que Lizzy Weiss cherche avant tout à intégrer quelques éléments de continuité pour éviter un trop grand sentiment de rupture. Ainsi, Emmett n'apparaît que le temps d'une scène peu satisfaisante, la faute à un réalisateur qui opte pour certains choix esthétiques agaçants et inhabituels.  

 

sab 123-4 : Kathryn en discussion avec Daphne

 

Une réalité faite de sacrifices et de déceptions 

 

La gestion des sons et surtout du silence a toujours été une donnée importante de SaB, permettant de mettre en valeur la situation particulière de Daphne qui donne une signification particulière à la voix et aux respirations. Malheureusement, cet épisode marque un abandon de cette spécificité, plaçant des musiques pop sirupeuses au mauvais moment en privant la série d'une part de son originalité. Une concession regrettable, à l'image d'une scène entre Bay et Emmett frustrante, malgré la très bonne prestation des deux comédiens.

Cette séquence était pourtant la clé de voûte d'un épisode sur le thème du passé, avec une jeune femme qui a choisi d'oublier volontairement les rudiments du langage ASL pour ne plus pouvoir communiquer avec celui qui l'a trahit. L'émotion est là, le thème fort de l'amour trahi et du passage à l'âge adulte autour du dilemme entre raison et sentiment dressait la voie royale à des auteurs qui se ratent, le résultat étant largement en dessous de mess attentes. Le traitement oublie les contraintes du langage et donne une séquence invraisemblable où la barrière de la langue entre Emmett et Bay s'efface sans raison pour fournir une dispute stérile et sans surprise.

Série assez utopique jusqu'ici, Switched at Birth marque son désir de revenir à la réalité en décrivant cet instant qui suit l'euphorie d'une victoire personnelle, où l'univers se dérobe brutalement sous vos pieds. Pour exorciser leur passé, chaque personnage aura trouvé son médium :  Kathryn avec l'écriture, Bay avec un départ dans un pays lointain, Daphne par sa recherche d'un nouveau travail, chacun cherchant toutes à se prouver sa capacité à passer outre. Pourtant, c'est Regina qui va prendre la décision la plus troublante et difficile, donnant le ton d'un épisode qui commence comme un rêve pour marquer au final un retour brutal à une réalité faite de sacrifices et de déceptions. 

L'impossibilité d'abandonner son passé derrière soi, comme une malédiction pour deux familles qui essaient désespérément de se recomposer et de passer outre la tragédie à l'origine de leur réunion.

 

J'aime : 

  •  une construction maîtrisée et efficace 
  •  la storyline de Daphne 
  •  la scène finale très réussie 

 

Je n'aime pas : 

  •  le petit-ami décoratif de Bay 
  •  la scène entre elle et Emmett décevante 
  •  une utilisation de la musique maladroite 

 

Note : 12 / 20

Un bon épisode de reprise qui marque une rupture claire avec le Spring Finale en se concentrant avant tout sur les familles Kennish et Vasquez. Bien écrit, un scénario qui lance quelques pistes intéressantes, mais manque d'ambition lors de certaines scènes clés. Dommage tant le final s'avère particulièrement réussi, évènement inattendu aux conséquences intéressantes.  

L'auteur

Commentaires

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Natas
Assez contente de cette reprise, car la série et les personnages sont attachants. J'ai trouvé l'épisode plutôt bon, mais il manquait un petit quelques chose... Enfait je m'attendais à moins tranquille. Mais finalement c'est pas plus mal. Et ta critique l'explique bien ! J'aime beaucoup l'intrigue de Daphne ! Et j'adore Gilles Marini donc happy de la scène finale !

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