Critique : Switched at Birth 1.20

Le 12 mars 2012 à 17:42  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode réussi qui prend comme point de départ un simple match de basket pour opposer les hurlements des vainqueurs et le silence empli de frustration des perdants.
Par sephja

Critique : Switched at Birth 1.20

~ 8 minutes de lecture
Un épisode réussi qui prend comme point de départ un simple match de basket pour opposer les hurlements des vainqueurs et le silence empli de frustration des perdants.
Par sephja

Le bonheur des uns, la frustration des autres 

Malgré sa défaite, l'équipe de Carlton se qualifie au tournoi de Springfield pour affronter Buchner, obligeant Daphne à affronter son ancienne équipe de basket. Pendant ce temps, Emmett doit faire face à la tension au sein de sa famille avec ses deux parents qui s'apprêtent à se battre pour sa garde. Melody tente alors d'impliquer Bay, mais son petit-ami lui fait clairement comprendre sa volonté de ne pas la voir s'immiscer dans cette histoire. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode intéressant que l'on peut détailler ainsi : 

  •  l'heure du bilan pour Daphne pour une intrigue classique et plaisante 
  •  Bay face à la difficulté de choisir un camp 
  •  un épisode qui oppose le silence et la fureur 
  •  quelques reproches malgré tout 

 

 

Choisir sa destinée 

A deux épisodes de la trêve, SaB va s'efforcer de clôturer les nombreuses storylines lancées cette année autour de Daphne et son équipe de basket. Le but est ici de donner du sens à cette saison en justifiant cet arc narratif important, l'affrontement entre les deux écoles devenant le symbole de la lutte intérieure qui a eu lieu toute la saison dans l'esprit de la fille Vasquez. A mi-chemin entre l'univers des sourds et celui des valides, la jeune femme fait le choix du courage en affirmant son identité, cessant du coup de se mentir en assumant son handicap.

En développant cette intrigue autour de l'équipe de basket, les auteurs de SaB auront réussis parfois maladroitement à mettre en évidence la difficulté que représente le fait d'accepter pour Daphne sa surdité. Très orgueilleuse par nature, refusant d'être en position de faiblesse, la jeune femme aura essayé de surmonter celui-ci, de montrer qu'elle pouvait être plus que la minorité sourde de Buchner. Le seul problème est que ce désir de surmonter sa condition l'a mené peu à peu à vouloir la masquer, s'épuisant ainsi à le cacher au risque de perdre son identité.

Son retour à Carlton a été vu par tous comme un signe d'échec et l'idée des scénaristes est de montrer comment un handicap peut devenir une qualité au moment opportun. La scène du lancer franc, bien que prévisible et terriblement classique dans les séries américaines pour adolescent, est vraiment réussie, un instant singulier dans un show qui fait brutalement le choix du silence en soulignant la différence de son héroïne. Certes, la scène est presque clichée, mais la bonne idée du scénario est de faire que ce moment de gloire soit l'oeuvre de Simone, la jeune femme accomplissant un sacrifice de son propre orgueil pour reconquérir l'amitié de Daphne.

Rester intègre, se battre selon ses convictions en respectant les règles sans se plaindre, voilà la morale à la fois simpliste et touchante que propose Switched at Birth. Et quand soudain, le fait d'être sourde devient presque un avantage, on comprend que les auteurs auront réussi avec Daphne à dépasser l'idée de handicap pour faire de la surdité un atout, une protection contre le bruit et la fureur.  

 

Bay en pleine tempête 

Pendant que Daphne s'affiche en héroïne et reporte un succès sur elle-même, l'autre fille des Kennish doit résoudre son problème de conscience lorsque Melody lui demande de lui venir en aide concernant le procès pour la garde de son fils. Cette exigence place d'entrée le scénario sur le fil, Bay ne pouvant se retenir, sous la mauvaise excuse de vouloir faire le bonheur d'Emmett, de poser un regard moralisateur sur le père de celui-ci. Le scénario passe fréquemment de séquences bien écrites à d'autres plus maladroites et prévisibles, se reposant par instant sur des comédiens très bons pour nuancer des dialogues qui manquent par moment de finesse.

La bonne idée est que cette intrigue permet de mettre Bay face à ses propres contradictions, la jeune femme étant à l'origine du départ d'Emmett du domicile de sa mère pour s'échapper de son étreinte. Seulement, la fille des Kennish va se tromper en sortant de son rôle de petite-amie, se donnant une mission qui n'est clairement pas la sienne de résoudre tous les problèmes. Comme toujours dans les mélodrames, la quête de l'identité est un chemin complexe, et la déception du fils de Melody lorsque son père fait le choix de fuir ses responsabilités est particulièrement intense et touchante, grâce à un Sean Berdy remarquable. 

A la recherche de son bonheur, Bay engendre chez lui un sentiment de frustration terrible, celle de ne pas être entendue, donnant toute son intensité" à leur terrible scène de dispute. Amplifiant son sentiment d'impuissance, la fille des Kennish prend la place de la voix de son petit-ami et commet une faute terrible en le mettant face à ses propres faiblesses. Une séquence brutale et forte qui, malgré quelques lourdeurs dans son déroulement, prouve la subtilité des scénaristes de SaB dans leur capacité à dépasser les clichés grâce à une vraie finesse d'écriture. 

 

 

Le silence comme un choix 

Sous ses apparences de mélodrame familial sans prétention, SaB aura réussi à imposer un élément de mise en scène assez peu exploité dans les séries contemporaines, à savoir le silence. Ainsi, la gestion des bruits est très travaillée, servant à marquer la différence entre les deux univers qui composent le show. Le choix d'opter pour une absence de musique de fosse lors de certaines scènes est l'élément autour duquel se construit la série et son identité qui gagne en force, reposant entre autres sur la mise en évidence de l'importance de la communication dans le processus de la découverte du soi. 

Des moments de silence où le visage des comédiens gagnent en expressivité, où les gestes prennent une vraie signification, prouvant que le langage ASL est bien plus qu'un simple palliatif au langage parlé. L'identité des sourds, loin d'être raillée comme le pensait CAD, est présentée comme une forme complexe dépassant le seul mouvement des mains pour devenir un langage du corps tout entier. L'occasion de saluer le jeu remarquable de Sean Berdy et Marlee Matlin, les deux comédiens faisant preuve d'une qualité d'interprétation remarquable lors de leur scène de dispute. 

Là où les séries abusent du mot pour décrire, cette petite série ABC Family prouve la force du silence, rappelant combien il peut être porteur de sens. A l'heure où le bruit a envahi nos existences, détruisant le sens même du mot composition au profit d'un culte martelé du tempo, SaB fait le choix d'une bande son vierge, montrant combien il peut aussi donner du sens à l'image. Une idée originale qui fait la différence et sort la série du lot, opposant au cri du bonheur des uns le silence empli de frustration des autres.

 

Une volonté de trop bien faire

Certes, l'épisode s'inscrit dans une forme assez classique et n'est pas exempt de tout reproche avec le match décisif qui permet à l'héroïne de se mettre en avant et son final dramatique prévisible. De plus, la séquence entre Daphne et son admiratrice est clairement de trop, ne servant qu'à créer un enjeu artificiel autour de ce match de basket. Au final, là où l'intrigue de base aurait suffi à fournir un épisode remarquable, les auteurs commettent l'erreur d'en faire un peu trop, le scénario se révélant au final plus intéressant du côté des déçus que des vainqueurs. 

En conclusion, un épisode réussi avec beaucoup de contenu et une charge émotionnelle forte qui permet de dépasser le cliché narratif autour d'un match de basket décisif. Si l'épisode parvient à convaincre, c'est par l'intérêt qu'il montre à Emmett et Simone, tous les deux perdus face à des évènements qu'ils ne maîtrisent plus et un sentiment de frustration qu'ils ne peuvent dominer. Porté par de très bons comédiens, une intrigue très réussie qui fait monter la tension deux semaines avant un season final prometteur. 

 

J'aime : 

  •  les acteurs remarquables, surtout Sean Berdy 
  •  la scène du lancer franc classique et singulière à la fois 
  •  l'histoire particulièrement intéressante 

 

Je n'aime pas : 

  •  la scène où Daphne rencontre ses fans 
  •  l'idée de départ particulièrement cliché 

 

Note : 13 / 20 

Autour d'une histoire classique à la base, SaB oppose les cris de bonheur des uns au silence plein de frustration des autres, créant une séparation entre les personnages qui dépasse le cadre du handicap. Un épisode plutôt bien construit qui fait monter la tension en vue du final, malgré quelques scènes maladroites qui viennent alourdir inutilement le récit.

L'auteur

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Image Switched at Birth
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12.67

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