Pitch vérité et mensonges
Maintenant que Daphne a découvert le secret de Regina, elle tente d'écouter ses excuses, mais ne parvient plus à regarder en face la femme qui lui a enseigné de ne jamais mentir. Bay essaie de repousser Emmett, mais le jeune garçon sait se montrer insistant, malgré la gêne crée par l'ambigüité de sa relation avec Daphne. Les Kennish, de leur côté, s'entraîne avant leur audition et découvre qu'ils ont plus de choses à se reprocher qu'ils ne le croyaient.
Le temps des hésitations est révolu
Très attendu après le final incroyable de la semaine dernière, Switched at Birth propose un virage dans le rythme du récit et la gestion du temps, plus lente et mieux maîtrisée qu'en début de saison. Au lieu de se lancer dans une confrontation brutale, la série joue la montre et prend le temps de mettre en évidence les effets potentiellement destructeurs de la révélation de ce secret. Loin de faire du remplissage, les auteurs semblent vouloir se placer dans les meilleurs dispositions en vu des deux derniers épisodes.
La plus choquée par cette révélation est bien sûr Daphne, qui va s'isoler avec Wilke et franchir le principal interdit à savoir boire, essayant ainsi de se venger en faisant des avances à ce garçon pour qui elle ne ressent pas grand chose. L'occasion pour elle d'évacuer toute sa colère et de faire le point sur son existence et son passé. Cette révélation va alors prendre un sens tragique, permettant à la série de revenir dans le mélodrame en fournissant quelques maigres excuses à Regina. Switched at Birth a beau prendre un gros risque avec cette révélation, la série ne peut pas se permettre de proposer une vision trop noire de la vérité et lui assure une porte de sortie honorable.
Si la fureur de Daphne ou des Kennish est compréhensible et simple, celle de Bay est bien plus complexe, ce que sa journée dans le monde d'Emmett va tenter de révéler. En fait, Bay souffre depuis le début de l'angoisse de ne pas être accepté, que ce soit chez les Kennish et les Vasquez et possède le tic de toujours tester l'attachement des autres envers elle. Si sa colère peut sembler présomptueuse au premier abord, l'évolution de l'épisode lui donne un sens plus profond et crédible qui fait toute la réussite de ce script particulièrement bien maîtrisé.
Chacun a son mot à dire durant la confrontation finale, chacun ayant l'occasion de s'imaginer un motif différent aux mensonges de Regina qui ne vient que renforcer un peu plus l'aspect tragique et pathétique de la vérité. L'univers de Switched at Birth éclate finalement, laissant des blessures qui seront assez longues à guérir et ouvre un champ d'exploration assez grand aux scénaristes pour l'avenir. La preuve qu'un rythme plus lent est toujours plus payant, et surtout que Switched at Birth est capable d'aller au delà du simple divertissement gentillet qu'il était jusqu'ici.
Les Kennish confrontés à eux mêmes
Conscient du besoin de poser des nouvelles bases après un mi-saison paresseuse, les auteurs choisissent de creuser aussi du côté des Kennish, sortant de petites informations sur Kathryn et John pouvant servir de base pour les épisodes à venir. Surtout cette évolution permet de replacer Toby dans un rôle comique qui vient désarmer le ton tragique du final, créant une vraie rupture avec l'idiote storyline du poker. L'utilisation du poster, particulièrement inspiré, indique que les Kennish ont eux aussi des secrets plus ou moins inoffensif que la série saura déterrer le moment venu.
Le portrait idyllique du milieu de saison se fissure sous le poids d'un mensonge inexcusable, amenant une nouvelle signification à toute cette saison. Alors que la série semblait mourir à petit feu, Switched at Birth se réveille, certes un peu tard, mais avec une dimension tragique supplémentaire vraiment intéressante. La préparation de la saison deux commence déjà, et il est agréable de voir les scénaristes poser les premiers éléments du futur de la série, preuve une nouvelle d'une ambition nouvelle dans un show jusqu'ici plutôt timide.
Série familiale qui respecte son cahier des charges, Switched at Birth se montre cette fois ci très généreuse avec un épisode surprenante, d'une intensité inhabituelle. Certains pourront reprocher les tentatives d'excuses avancées par les scénaristes au mensonge de Regina, mais l'existence de celui-ci est déjà un plus dans un show habituellement moins ambitieux.
Deux épisodes pour donner les clés de l'avenir
Crucial, l'épisode suivant va devoir se centrer sur Bay et Daphne et donner les clés de l'avenir de la série maintenant que la révélation a eu lieu. Sachant que tout retour à la normale est désormais impossible, SAB va devoir nous offrir une vraie confrontation entre les jeunes femmes, Regina n'étant plus là pour servir de cible à leur colère. Leurs deux vies jusque là tranquilles ont été mis en pièces par cette révélation sur leurs origines, chacun en voulant évidemment à l'autre pour ce changement.
Seulement l'absence de coupable va obliger la série à pousser les deux héroïnes à s'accepter, et à apprendre à pardonner pour les erreurs qui ont été commises dans le passé. Nul doute que faire la paix avec Regina sera le signe que les deux filles ont commencé à avancer dans le bon sens, vers une conduite plus adulte. Mais avant d'en arriver là, le spectateur que je suis à ton son temps, Switched at Birth ayant, en un épisode, gagné ma fidélité de spectateur en prouvant qu'elle était capable de m'offrir de belles choses, malgré le cadre assez strict qui est le sien.
J'aime :
- une écriture lente et maîtrisée
- la colère de Bay, plus complexe qu'il n'y parait
- des scénaristes plus ambitieux
- Katie Leclerc vraiment formidable
- Vanessa Marano pour son regard à Regina en fin d'épisode
Je n'aime pas :
- une ambition dans le récit un peu tardive
- une musique de fond parfois irritante
Note : 14 / 20
Même si la révélation de l'épisode précédent aurait pu être plus destructif encore qu'il ne l'est, Switched at Birth fait ici preuve d'une belle ambition en ralentissant le rythme pour donner tout son poids à la scène finale. Très agréable, un mélodrame familiale qui parvient à rester dans le cadre très strict du genre tout en proposant une histoire assez poignante. Une vraie bonne surprise.