Pitch anniversaire et discorde
L'anniversaire des deux filles approche, l'occasion choisie par Regina pour revenir dans la maison des Kennish, malgré le refus de Daphne de lui adresser la parole. De son côté, Bay propose à Emmett de l'accompagner pour aller peindre le panneau le plus haut de la ville afin de marquer l'occasion. Pendant ce temps, John Kennish cherche un moyen de garder ses deux filles tout en évinçant Regina de leur vie.
Un anniversaire en forme de défi pour Bay
Pour la fille Kennish, le départ de Regina sonne comme un retour à la normale, cet évènement ayant eu comme principal effet de la contraindre à faire un choix. Heureuse dans le confort de cette famille bourgeoise, elle profite de l'instant présent, ne tenant aucun compte des tensions qui règnent autour d'elle, en particulier à son sujet entre Emmett et sa mère. La scène où elle se retrouve perdue entre les deux, incapable de comprendre la teneur de leur conversation est très réussie, laissant apparaître la façon dont Bay se protège en refusant de voir les conséquences de ses actes.
La chute sera rude, mais les scénaristes préfèrent se concentrer pour l'instant sur sa relation avec Emmett qui évolue avant d'amorcer au final un tournant brutal, source de nouvelles tensions entre les deux héroïnes. Pour alléger un peu l'ambiance, les auteurs proposent quelques scènes assez mièvres comme l'achat de la voiture , qui permet de souligner maladroitement l'état d'esprit des deux héroïnes. Après nous avoir fait subir des intrigues romantiques qui partageaient le récit en deux, SaB relie les deux univers par le seul personnage qui sert de connexion, à savoir l'ami d'enfance de Daphne.
Les auteurs ne font certes pas dans la subtilité et le coup de théâtre final n'a pas l'ampleur du précédent, mais l'épisode parvient à montrer les enjeux en donnant un rôle central à Emmett le temps de cette fête d'anniversaire. Morceaux par morceaux, l'image de la famille idéale est mise en pièces, créant une ambiance particulièrement lourde et poignante. Nul doute que le final continuera dans le même sens, cet épisode incarnant un dernier moment de calme avant que les rancoeurs et les colères n'éclatent au grand jour.
Vanessa Marano surjoue toujours un peu trop mais s'avère étonnante lors d'une scène d'introduction remarquable qui montre la capacité du show à surprendre, malgré son apparence assez formatée.
Un anniversaire sur fond de colère pour Daphne
Totalement déstabilisée, Daphne ne parvient plus vraiment à contenir sa colère, tentant de nouer des liens avec Kathryn sans parvenir à retrouver la force du lien mère-fille qu'elle partageait avec Regina. Après lui avoir offert un début de saison calme et enthousiaste, les auteurs s'acharnent sur elle, jusqu'à un final qui annonce un nouveau désastre à venir pour elle. Malgré tous ses efforts, la situation lui échappe totalement, Katie Leclerc se montrant très convaincante durant tout l'épisode, forçant avec subtilité chacune de ses réactions pour insister sur le désespoir de la jeune héroïne.
La scène d'introduction, très troublante, présente le monde comme il aurait du être, symbole d'une parfaite harmonie pour chacun des personnages de la série. Seule Daphne ne parvient plus à trouver sa place, ni dans le monde réel, ni dans cet univers où aucune inversion n'aurait eu lieu. Perdue, elle ne possède plus sa place dans l'univers, subissant l'achat d'une voiture qui ne lui ressemble pas, comme une nouvelle façon de montrer son incapacité à savoir qui elle est. Au bord du gouffre, elle subit les coups du destin en vraie héroïne de mélodrame et s'apprête à sombrer, alors qu'un nouveau coup dur semble s'annoncer.
En apprenant la langue des signes, Bay pénètre son univers et lui vole petit à petit chacun des éléments qui formait sa vie, renouant avec la destinée qui aurait pu être la sienne si elle avait été la fille des Vasquez. Quand à Daphne, elle a l'impression de n'appartenir à aucune famille, perdant lentement son enthousiasme au profit d'un désespoir qu'elle est incapable d'exprimer. Aux auteurs d'imaginer un moyen intelligent pour qu'elle exprime toute sa rage, en espérant qu'ils parviennent encore une fois à nous surprendre.
Une ambiance lourde pour une série qui évolue dans le bon sens
Si SaB ne sort pas du cadre du divertissement familial, il a su évacuer tout son aspect un peu artificiel pour une ambiance plus lourde, où les silences cachent des regrets et de la colère et où les rires masquent une profonde tristesse. Plus mélodramatique et moins niais, le ton de la série a pris une tournure bien plus sombre, cherchant de plus en plus à opposer les différents personnages. L'idée de contraindre tous les comédiens à parler la langue des signes aura apporté une unité à un show jusqu'ici partagé en deux.
Certes, la série n'est pas un chef d'oeuvre, mais la tendance actuelle à prendre des risques prouve une dynamique positive de scénaristes de plus en plus inspirés, justifiant au passage ce prolongement surprenant de vingt deux épisodes (je ne m'en plaindrai pas). Switched at Birth surprend, sortant du carcan original d'un synopsis assez pauvre pour développer une histoire de plus en plus ambitieuse, surtout lorsqu'elle prend le risque de miser sur une certaine noirceur. La mise en lumière des relations complexes entre Emmett et sa mère sont autant de nouvelles pistes pour une série vraiment pas à court d'idées.
Un bon épisode, à la fois léger et tragique, sombre et superficiel, parvenant à jouer avec succès sur tous les tableaux, le ton de la série dépendant des personnages en présence. Le retour de Regina n'aura pas déçu, la scène dans la voiture entre elle et Daphne étant une vraie réussite, témoignant de l'impossibilité pour la jeune femme de haïr celle qui reste sa mère quoi qu'il en coûte. Sûrement la première fois de la saison où les scénaristes mettent aussi bien en évidence la différence entre lien du coeur et lien du sang.
J'aime :
- une ambiance lourde et pesante particulièrement riche
- une scène d'introduction remarquable
- Daphne enfin déstabilisée, portée par une Katie Leclerc extraordinaire
- l'univers du personnage d'Emmett qui gagne en complexité
- un final prometteur
Je n'aime pas :
- la scène du magasin de voitures, peu intéressant
- quelques facilités scénaristiques
- quelques mièvreries inévitables, mais assumées
Note : 13 / 20
Un bon épisode, qui parvient encore à surprendre, proposant une balance intéressante entre la mièvrerie assumée de la fête d'anniversaire et la lourdeur d'une famille au bord de l'explosion. Malgré quelques passages superficiels, la série continue de développer son univers, lançant de nombreuses idées pour l'avenir du show qui prouve l'enthousiasme des auteurs concernant leur création. Convaincant.