Pitch mélange et théorie du chaos
Alors que Daphne découvre avec colère que Bay et Emmett sortent ensemble, le collège organise des collectes au travers d'exposition d'oeuvres d'élèves et différentes autres activités. C'est à ce moment que Bay rencontre enfin son père biologique, venu tout droit de Chicago pour la voir, et qui vient se présenter à elle de manière particulièrement brutale. Autant elle va se montrer accueillante, curieuse de découvrir ses propres racines, autant Daphne va se montrer outrée par cette irruption insupportable à ses yeux.
Une arrivée attendue qui crée du remous
La saison touche à sa fin avec l'arrivée surprise du père biologique de Bay, prouvant que malgré la prolongation de vingt-deux épisodes, les scénaristes n'ont pas du tout l'intention de faire stagner leur intrigue. Plutôt que de construire cet arrivée et de l'englober dans un mouvement général, les scénaristes optent pour la rupture, ce nouveau venu accentuant la fin des amabilités entre les deux héroïnes. Car si sa fille naturelle se réjouit de cette apparition, l'enfant qu'il a abandonnée voit son arrivée d'un mauvais oeil.
L'acteur français Gilles Marini hérite de ce personnage, qui ne tarde pas à montrer l'ampleur de son potentiel en installant différentes interactions avec les différents personnages du show. Toujours aussi enthousiaste, les scénaristes n'hésitent pas à proposer de nombreuses idées, montrant une capacité étonnante à se renouveler. Pour les deux héroïnes, ce nouveau venu est synonyme de chaos, arrivant pile au moment où la situation semblait enfin pouvoir se stabiliser. Très ambigu, le personnage d'Angelo fait une entrée remarquée et intéressante, amenant un point de vue différent sur les évènements en cours.
Les parents sont désormais bien identifiés, la série peut achever son thème de la famille pour se lancer sur une thématique du conflit qui commence par les deux héroïnes. Au jeu de l'affrontement, Bay a lentement pris le dessus sur Daphne, envahissant son quotidien en profitant du caractère trop conciliant de la jeune sourde. Le moment est venu pour elle de poser une barrière et d'entrer en résistance, quitte à déclarer une guerre qui va se cristalliser autour du personnage d'Emmett.
Emmett en conflit entre deux mondes
Personnalité forte refusant d'utiliser les mots pour s'exprimer, Emmett aura longtemps attendu que Daphne s'intéresse à lui, incarnant un personnage assez pathétique qui, au contact de Bay, a su faire une croix sur ses illusions et évoluer enfin. Longtemps effrayé par l'univers sonore, Il a fait l'effort de s'ouvrir, découvrant en baissant sa garde la nature complexe des préjugés des sourds contre les entendants, et réciproquement. Acteur impressionnant d'expressivité, Sean Berdy commence à montrer enfin la face obscure d'Emmett, à savoir un garçon perdu dans un conflit où il est de plus en plus traité comme un simple trophée.
Encore une fois, les séquences de dispute avec la jeune sourde sont vraiment surprenantes, donnant à Switched at Birth cette originalité remarquable, celle de donner une vraie place au langage des signes comme moyen d'expression. Pédagogique et jamais misérabiliste, les auteurs ont compris l'importance de proposer une vision globale du langage et de les confronter. L'objectif est de mélanger les univers et de montrer la complexité d'un mélange et la difficulté avec laquelle les rapports de force parviennent à s'équilibrer.
Alors que le scénario joue avec les nerfs du jeune Emmett, pris dans le tourbillon de cette confrontation entre Bay et Daphne, la parole inédite et impressionnante du jeune sourd viendra mettre un terme à cette situation intenable. Originale et forte, cette voix vient iimposer le silence par sa conviction et son ton vraiment particulier, rappelant la force que prennent les mots quand ils sont rares.
Petit bilan avant la pause
Série familiale à première vue sans prétention, Switched at Birth a su convaincre son public en proposant une certaine originalité tout en respectant parfaitement le cahier des charges de ABC Family. Après avoir tâtonné un temps, surtout concernant le personnage de Bay, abusant de scénarios construits selon un axe de symétrie maladroit, la série a fini par trouver ses marques et imposer son identité. A la fois classique et originale, Switched at Birth possède une galerie de personnages forts qui interagissent beaucoup entre eux.
En optant pour le mélange des moyens de communications, la série a su trouver un embryon de langage personnel, entre le langage des signes et le dialogue normal. Le mélange va aussi toucher la vie des deux héroïnes et créer des rapports de force qui sont le signe de la volonté de Bay et Daphne de ne pas abandonner leur vie passée. Avec une utilisation parfois excessive du mélodrame, SaB est surtout généreuse en créant de nombreuses interactions complexes entre la plupart des personnages.
Cette pause marque un temps d'arrêt, comme une pause avant que le conflit n'éclate entre certains personnages, en particulier entre les deux héroïnes de plus en plus en froid. Le départ d'Emmett va permettre d'éloigner un temps un personnage devenu un peu trop présent, afin de donner une vraie place à l'irruption du père biologique de Bay. Ce final s'avère en tout cas réussi, avec son lot de scènes émouvantes et ses nombreuses pistes en vue des vingt deux épisodes à venir.
Personnellement, je serais là en janvier car j'ai la conviction que la série saura sans le moindre problème proposer d'autres surprises de taille, essayant de mélanger les langues, les origines pour atteindre un langage universel, celui des émotions.
J'aime :
- la force de la parole d'Emmett et son timbre impressionnant
- Sean Berdy vraiment impressionnant
- le thème du mélange traité dans toute sa complexité
- le personnage du père biologique de Bay efficacement installé
Je n'aime pas :
- une histoire de nettoyage de voitures assez inutile
- parfois prévisible
- de nombreuses storylines lancées, peut être même trop
Note : 13 / 20
Un final réussi, poursuivant avec intelligence le thème du mélange à première vue impossible des langages et des univers. Le duo Katie Leclerc et Sean Berdy est toujours aussi remarquable et certaines scènes s'avèrent particulièrement réussies, surtout lorsque, grâce à Emmett, les mots reprennent tout leur sens. Sympathique.
Pour cette moitié de saison, je remercie :
- Serieall pour m'avoir laisser couvrir SaB
- tous ceux qui l'ont suivie et surtout Natas pour m'avoir accordé de son temps
- Puck pour m'avoir "botté le cul" après une critique de l'épisode 1 assez minable
- Sandrine pour m'avoir aidé à aborder la série comme il faut
Voilà, c'est comme toujours un peu ridicule comme habitude, mais j'y tiens. On se retrouve en janvier.