Critique : Switched at Birth 1.13

Le 20 janvier 2012 à 04:20  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode convaincant marqué par quelques scènes remarquables, mais reste trop inégal pour convaincre totalement.
Par sephja

Critique : Switched at Birth 1.13

~ 8 minutes de lecture
Un épisode convaincant marqué par quelques scènes remarquables, mais reste trop inégal pour convaincre totalement.
Par sephja

La difficulté de trouver l'accord parfait  

Emmett est arrêté pour la dégradation d'un panneau publicitaire et se retrouve seul au commissariat, incapable de communiquer avec les autres avant que sa mère ne vienne exiger sa libération. Pendant ce temps, Daphne se prépare à jouer son premier match avec une équipe de basket valide, mais passe finalement tout son temps sur le banc, le coach choisissant de ne pas faire appel à elle. Au même moment, Angelo s'installe pour de bon et propose à Regina de lui fournir un local pour son propre salon. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode satisfaisant que l'on peut détailler ainsi : 

  •  un épisode qui montre les frustrations liées à l'impossibilité de communiquer 
  •  quelques scènes très bien écrites pour un ensemble inégal 
  •  un duo Bay - Emmett qui abuse du même registre 
  •  l'importance du silence

 

 

L'importance de la communication

Le final de la semaine dernière avait proposé une scène finale étonnante, entièrement vue du point de vue d'Emmett et montrant les limites du langage, un thème qui va être abordé ici avec pas mal d'intelligence. Pour cela, SaB va utiliser différentes confrontations où les problèmes personnels vont entrainer une incapacité à communiquer correctement, les mots perdant leur sens à cause d'une erreur d'interprétation. Il en va ainsi la mère d'Emmett qui, à cause de la dispute avec son fils à propos de Bay, ne parvient pas à comprendre que la souffrance de celui-ci vient de cette incapacité à communiquer et à échanger. 

De même, Daphne et la fille des Kennish vont se confronter sans raison, confondant amabilité et agression, leurs rancoeurs mutuelles les empêchant de trouver un terrain d'accord. Loin d'être jalouse de leur couple, la jeune sourde a peur avant tout d'affronter Angelo et du regard que posera sur elle cet homme qu'elle souffre de n'avoir jamais pu oublier. Abandonner ainsi une fille de trois ans est un acte de trahison terrible, la confrontation entre les deux est une des scènes les plus fortes de l'épisode, où le dialogue prend une tournure si passionnel qu'il en devient brutalement désarmant. 

De même, l'agacement de la fille des Vasquez est compréhensible lorsque Simone choisit de passer par Toby pour lui révéler les vraies raisons de son recrutement dans l'équipe de basket. L'idée que celle-ci n'ait pas pu le lui dire en face signifie qu'elles ne sont pas des vraies amies, le dialogue direct étant la preuve d'un lien qui donne la possibilité de se comprendre. Que ce soit par le langage oral ou signé, la parole ne prend de sens que si l'interlocuteur écoute et parvient à donner aux mots une signification qui évite les préjugés et les raccourcis. 

 

Une écriture qui gagne à faire preuve de finesse 

La scène de l'épisode est indéniablement la confrontation entre Daphne et Angelo, une scène attendue qui va prendre une forme absolument remarquable en installant un style très direct. Le dialogue est réduit à sa forme la plus simple, avec une question simple et une réponse qui va échouer à donner une nuance à cette attaque frontale. Assénée avec violence, la question de Daphne consiste à obtenir la seule chose qu'Angelo peut lui offrir, à savoir une once de vérité qui lui permet de justifier l'éventualité d'un début de communication et donc de respect. 

Cette scène déconstruit la conversation pour lui donner un ton si direct et impitoyable qu'Angelo est totalement bouleversé et condamné à dire la vérité. Gilles Marini et Katie Leclerc sont excellents, faisant basculer SaB du mélodrame familial à quelque chose de plus complexe, de plus dramatique et de terriblement séduisant. Hélas, tout le reste ne sera pas du même niveau, même si l'épisode réserve encore quelques beaux face-à-face, en particulier entre Daphne et John Kennish. Une scène finale qui montre comment l'écoute permet de trouver ce terrain d'entente indispensable à la construction d'un lien entre deux individualités. 

Certaines scènes tournant autour du procès sont par contre assez mal mises en valeur, ce qui est regrettable au vu du background que les auteurs installent pour ce personnage d'avocate jusqu'ici peu mise en avant. Le passage d'un ton froid et professionnel à un registre plus intime est très bien maîtrisé, preuve que les scénarios de SaB sont capable de proposer une finesse d'écriture étonnante. Hélas, la storyline de Bay ne va pas beaucoup en profiter, la faute à une tendance au malheur qui joue en défaveur de la série.

 

 

Le risque de la répétition 

 Avec cet épisode, SaB propose quelques scènes très réussies qui font d'autant plus ressortir la moindre séquence un peu moyenne où les auteurs diminuent le niveau d'exigence en devenant prévisible. Le cas de Bay est le plus significatif, ses réactions à l'arrestation d'Emmett peinant à trouver un sens véritable, donnant une storyline romantique qui peine à prendre du sens. Leurs scènes, bien que charmantes, n'ont pas l'impact dramatique de la rencontre entre Daphne et Angelo, construisant un couple qui manque la série de cette volonté de transgression qui fait tout son charme.

Les scènes sont loin d'être mauvaises, mais le soap d'ABC Family redevient par moment assez prévisible, cherchant à donner des accents tragiques à ce couple qui aurait avant tout besoin de moments de calme. A force de verser un peu trop dans le dramatique, SaB risquent de perdre sa légèreté, l'épisode n'offrant que peu d'occasion de s'enthousiasmer et d'entrevoir cet accord parfait qui est au centre de l'existence d'une famille . La scène entre Angelo et Regina apporte une vraie respiration dans le final, laissant entrevoir un avenir un peu moins sombre en inscrivant cet homme dans une histoire de reconquête plutôt intéressante.

Soap original et singulier, SaB est une série de plus en plus troublante qui semble en voie pour se transformer en quelque chose d'inattendu et dépasser le cadre du simple mélodrame du début de saison. Difficile de ne pas être admiratif devant le soin apporté à l'écriture d'une série qui gagne en richesse et prend des risques inattendus en proposant quelques choix singuliers. Celui du silence en particulier est très intéressant, surtout lors de nombreuses scènes signées, une vraie originalité que les auteurs de la série cherchent à exploiter tout en lui donnant du sens. 

 

La peur du silence 

SaB peut faire l'objet de nombres de critiques, il n'empêche qu'elle est l'un des rares séries actuelles à proposer un vrai travail sur le silence, s'interdisant de ponctuer les dialogues signés d'une musique de fosse inutile. Pendant quelques secondes, la bande son se remplit de bruit du quotidien, mais se vide de tout contenu pour faire de l'image le seul moyen d'expression. Ce silence qui effraie tant habituellement devient le champ d'exploration de Lizzy Weiss, une scénariste qui fait lentement muter son show en un récit choral où l'usage de la langue devient le moyen d'expression de l'individualité. 

En conclusion, un épisode agréable et dynamique qui propose quelques scènes marquantes et fortes sur le thème passionnant de l'importance de l'écoute dans la recherche de l'accord parfait. La scène entre Angelo et Daphne est particulièrement réussie, dialogue minimaliste fort et original qui confirme les qualités des auteurs de la série. Dépassant par moment le cadre du simple soap familial, SaB se transforme lentement en quelque chose de plus ambitieux, en espérant que les prochains épisodes sauront garder le même niveau d'exigence dans l'écriture. 

 

J'aime : 

  •  la scène entre Daphne et Angelo très bien écrit 
  •  le thème principal fort et passionnant 
  •  l'utilisation remarquable du silence 

 

Je n'aime pas : 

  •  les réactions de Bay décevantes 
  •  l'abus de certains effets dramatiques 

 

Note : 13 / 20 

Porté par un thème principal passionnant et des comédiens remarquables lors de quelques scènes marquantes, SaB montre un vrai caractère en dépassant par instant le cadre du simple soap familial. Dommage que d'autres points de l'intrigue ne soit pas aussi soigné, donnant un épisode plutôt plaisant, mais inégal. 

L'auteur

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