Critique : Switched at Birth 1.15

Le 04 février 2012 à 17:40  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode qui marque une rupture dans la saison en se posant la question de la place du père.
Par sephja

Critique : Switched at Birth 1.15

~ 8 minutes de lecture
Un épisode qui marque une rupture dans la saison en se posant la question de la place du père.
Par sephja

Pères et filles 

Alors que Regina tente de cacher à Daphne qu'elle a couché avec Angelo, les reproches de sa mère soulignent les contradictions de son comportement, ne voyant pas d'un bon oeil le retour du père de Bay. Celle-ci ignore aussi tout de cette liaison, trop occupée à aider Emmett à emménager chez son père qui va s'avérer avoir des moeurs plutôt libérées. Pendant ce temps, Daphne a son premier rendez-vous avec Wilke qui l'emmène en pleine nuit sur un terrain de golf. 

 

Résumé de la critique

Un épisode intéressant que l'on peut détailler ainsi : 

  •  un démarrage particulier pour un vrai changement de rythme 
  •  une histoire pour Bay qui change de ton 
  •  le besoin de briser le mythe du père 
  •  un dialogue final assez remarquable 

 

 

Un démarrage abrupt 

Alors que la mi-saison approche, les auteurs de SaB vont marquer ce début d'épisode d'une volonté de modifier les relations entre les personnages. L'enchaînement entre celui-ci et le précédent est assez maladroit, le ton en particulier changeant en profondeur avec un style plus heurté et moins fluide. Cette variation crée un certain malaise, le scénario proposant une structure différente essayant d'inscrire l'épisode dans la continuité d'une même journée. Manquant de subtilité, la mise en place du récit est beaucoup trop abrupt, avec certains enchaînements qui manquent dans un premier temps de finesse. 

Angelo va essayer de gagner le respect de Kathryn, espérant ainsi pouvoir faire oublier son passé et reconstruire sa relation avec Daphne et Bay. La scène est un peu tirée par les cheveux, les dialogues peu convaincants, les scénaristes cherchant clairement à pousser les personnages dans une direction particulière sans se soucier du réalisme. Loin de la finesse habituelle, les auteurs se montrent un peu trop pressés de poser de nouveaux éléments au sein du récit. La révélation sur Angelo va arriver beaucoup trop vite et n'aura pas l'effet attendu, mal mise en valeur par des scénaristes cherchant à achever un peu prématurément l'arc autour du père de Bay.

Certains personnages sont parachutés à différents postes pour pouvoir justifier l'évolution de l'intrigue, en particulier Daphne qui hérite d'un travail idéal dans l'entreprise de John pour amener des soupçons sur sa fidélité. Heureusement, certaines parties du scénario vont faire preuve de plus de continuité, avec entre autres la storyline entre Bay et Emmett qui va prendre une tournure plutôt inattendue.

 

Libération des moeurs 

Comme le dit son titre, cet épisode cherche à sortir des apparences idéalisées du début de saison, projetant Bay et Emmett dans l'univers moins protecteur et plus provocateur d'un père hippie un peu déjanté. Loin du ton très lisse et peu réaliste des premiers épisodes, les auteurs placent au centre de cette intrigue la question sexuelle, offrant l'occasion à Vanessa Marano d'offrir une interprétation plutôt juste, entre timidité et soif de transgression. Loin d'une vision culpabilisante du désir, la série propose un point de vue dépassionné, marquant une volonté de faire sauter le cadre trop lisse des premiers épisodes. 

L'ensemble n'est pas très original, mais le ton plus mature et l'univers moins protecteur où évolue les personnages viennent contrebalancer le démarrage poussif de cette intrigue. Les scénaristes cherchent à imposer à leur série une identité culturelle forte en citant de nombreux artistes pas vraiment consensuel comme H.R. Giger, référence provocatrice d'une série qui voudrait transgresser plus. Sortant lentement du cadre imposé par la chaîne, SaB montre un visage intéressant et un désir de réalité particulièrement prometteur dans le ton des dialogues et l'ambiguïté du portrait de certains personnages. 

Emmett se conduit légèrement en mufle, fêlant petit à petit l'image du petit copain idéal pour laisser apparaître un visage plus humain en poussant Bay à coucher avec lui. Le sexe devient un élément perturbateur, venant aussi fissurer l'image de John Kennish, Daphne découvrant que le mari de Kathryn est capable de mentir à son épouse sur certaines amitiés ambiguës. 

 

 

Un ensemble de teintes grisâtres

Si Daphne nous avait habitué à sa vision du monde naïve et sans ambiguïté, classant les personnalités avec un manque de maturité évident, cet épisode va servir à marquer son entrée dans un univers aux multiples nuances grisâtres. Le scénario retrouve une certaine finesse d'écriture grâce aux efforts de Wilke qui tente de séduire la fille Vasquez, nous sortant totalement d'une histoire avec Emmett ratée. La naïveté de la jeune femme est à la fois touchante et agaçante, incapable d'accepter ses propres faiblesses lorsque sa vision idéalisée du romantisme se heurte au cynisme du réel.

Loin d'être parfaite, Daphne comprend petit à petit à accepter que la trahison et le mensonge puissent être des éléments inévitables de l'existence. Plus mature, le show offre une séquence de repas intéressante où la vérité sur Angelo éclate au grand jour, révélation un rien décevante qui sert avant tout à faire exploser l'unité familiale. La famille se range selon différents camps où certains apprennent à pardonner pendant que d'autres font le choix de la délation, habillant leur décision de moralité et de vertu pour mieux cacher leur manque cruel de compassion.

Dès que la série abandonne le noir et le blanc pour se teinter de gris, SaB devient un show réellement passionnant avec un sens de la nuance particulièrement efficace. C'est le face-à-face entre John et Daphne qui va être la pièce de choix de l'épisode, dialogue superbe et complexe qui offre l'occasion à son père biologique d'établir un premier vrai contact avec sa fille.

 

Un moment de grâce

Une scène ressort vraiment du lot, un instant complexe où Daphne choisit de se confronter à John Kennish, brisant une relation jusqu'ici polie et distante en posant un jugement sur lui. C'est l'étape fondatrice où le père biologique prend une dimension supplémentaire dans le coeur de la jeune femme, incarnant à la fois une figure mythologique fondée sur des valeurs fortes, mais aussi une faiblesse qui justifie l'importance de savoir pardonner. Une nouvelle preuve que ce show est plus qu'il ne le laisse paraître à première vue, proposant un récit qui gagne en nuances et commence à prendre des risques, s'affranchissant petit à petit de son style un peu trop sage.

En conclusion, un épisode qui démarre assez mal, disposant les personnages artificiellement pour orienter le scénario dans la direction recherchée. Heureusement, la volonté des auteurs de donner aux différentes scènes un ton plus adulte et de proposer un point de vue plus réaliste sur leur univers donnent un épisode assez plaisant à suivre. Si la révélation d'Angelo fait l'effet d'un pétard mouillé, la scène superbe entre Daphne et John permet d'oublier les lacunes d'un scénario pas totalement parfait, mais suffisamment élégant pour convaincre.

 

J'aime :

  •  la scène entre Daphne et son père biologique 
  •  les auteurs qui abordent des thèmes plus matures 
  •  Emmett qui brise son image de petit copain idéal 

 

Je n'aime pas : 

  •  le démarrage poussif 
  •  la révélation sur Angelo peu inspirée 

 

Note : 13 / 20 

Si le démarrage est loin d'être convaincant, la série fait lentement sauter le cadre habituel du show en proposant une vision du monde moins protectrice et une volonté affirmée d'orienter la série vers plus de réalisme. Un épisode particulièrement convaincant grâce à une scène finale entre John et Daphne superbe qui montre combien la voie du coeur nécessite de créer un lien fort où la vérité des êtres s'exprime dans leurs forces comme dans leurs faiblesses.

L'auteur

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