La nécessité de la déception
Regina rencontre à son travail le possesseur d'une galerie d'art qu'elle parvient à convaincre de venir chez les Kennish pour découvrir les productions de sa fille Bay. Pendant ce temps, John de se reconnecter avec son fils Toby le temps d'une exhibition sur un terrain de base-ball, ramenant à la surface certaines tensions du passé. De son côté, Emmett reçoit comme devoir la réalisation d'une photo de famille et demande à Kathryn l'autorisation de se servir des Kennish - Vasquez comme modèle.
Résumé de la critique
Un épisode assez moyen que l'on peut détailler ainsi :
- la storyline de Regina qui marque un vrai problème de continuité
- l'intrigue de Daphne prévisible, mais intéressante sur la fin
- une photo de famille qui ne prend son intérêt que dans le dernier acte
- un démarrage médiocre, mais un final intéressant
Un scénario qui peine à redémarrer
La storyline Angelo s'étant fini trop tôt, SaB se retrouve dans une situation périlleuse, obligé de se relancer malgré l'absence d'arcs narratifs vraiment porteurs. La première partie va donc s'avérer assez lente et pathétique, donnant l'impression d'un problème de continuité assez important. L'idée de confronter Bay à un spécialiste de l'art et de montrer la volonté de Regina de s'impliquer dans la vie de sa fille est intéressante, mais la mise en place de cette intrigue est peu crédible, l'excuse du salon de coiffure ne parvenant pas vraiment à convaincre.
Simple intrigue de transition, cette histoire oublie totalement Angelo et semble totalement déconnecté des épisodes précédents, servant surtout à poursuivre le rapprochement entre Regina et sa fille biologique. Le fait que le conservateur soit plus intéressé par un tableau de la mère Vasquez est par contre inattendu, amenant une vision de l'artiste assez juste et moins simpliste. La seconde partie de l'épisode va alors connaître un vrai regain de qualité, développant l'idée intéressante que l'expression artistique nécessite une vraie remise en question en prenant le risque de se confronter aux yeux des critiques des inconnus.
Le passage à l'acte qui consiste à laisser l'autre juger son propre travail est une étape difficile, mais absolument nécessaire pour atteindre à cette universalité que les artistes doivent rechercher. Pour cela, il faut savoir sortir du magma des influences ses propres convictions et son style, guidée par l'expérience et la nécessite de la déception. Une idée simple, mais qui va donner tout son intérêt à un épisode au premier acte particulièrement faible, phénomène que l'on va retrouver dans l'histoire concernant Daphne.
Basketball Diairies
Bay n'est pas la seule à subir une évaluation, la fille Vasquez se retrouvant embarquée dans une sélection cruelle au sein de son équipe de Basket. L'occasion de reconstituer le duo Simone - Daphne, confirmant tout l'intérêt de l'ambiguïté du jeu de Maiara Walsh, à la frontière entre la meilleure amie et la garce manipulatrice. Une comédienne assez étonnante pour un personnage très intéressant, incarnant une subtilité et une complexité dans le comportement que la fille biologique des Kennish est encore loin de pouvoir assimiler.
Le scénario va partir alors dans une intrigue sur la morale assez faible et prévisible, reprenant l'histoire désastreuse avec Monica développée l'épisode précédent. Daphne va vouloir jouer les redresseuses de tort, mais le scénario va avoir la bonne idée de la placer en difficulté en retournant la situation, montrant l'écart qu'il existe entre elle et Simone. L'opposition entre les deux est très intéressante, sortant l'héroïne de son rôle de simple suiveuse en lui laissant montrer son agressivité et son besoin de gagner le respect des autres.
Là aussi, le final assez intéressant permet d'effacer un démarrage poussif, la confrontation entre les deux demoiselles ne pouvant que bénéficier au personnage de Daphne. L'esprit de compétition, l'affrontement, voilà ce qui permet de construire une individualité, bien plus que les problèmes de coeur qui sont enfin laissés de côté. Emmet va d'une intrigue en solo, héritant de la tâche de réaliser une photo de famille réunissant les Vasquez et les Kennish, servant de base à storyline inégale sans être déplaisante.
La famille comme refuge au monde réel
Le dernier arc narratif concerne le livre de Kathryn, une histoire qui possède un vrai potentiel jusqu'ici peu exploité par les auteurs qui se limitent à le traiter comme un fil rouge anecdotique. L'idée d'aller interroger directement les membres de la famille sur leur réaction concernant l'échange aurait pu être intéressante, mais sert juste d'excuse pour centrer l'histoire sur Toby. Sa relation conflictuelle avec son père est certes une nouveauté, mais peine à convaincre, trop cliché pour que l'on puisse y croire plus que son aventure romantique avec Simone.
En fait les auteurs donnent clairement la sensation de ne pas trop savoir quoi faire avec Toby, malgré le jeu plutôt juste de Lucas Grabeel. Trop lisse, son personnage est enfermé dans l'image du petit garçon bourgeois qui sert essentiellement de second rôles comiques pour l'instant. Ce problème dans l'écriture des personnages masculins se retrouve chez Sean Berdy, enfermé depuis le début de saison dans un rôle de petit copain idéal toujours positif et souriant. Plus triste et passif ici, il participe par son refus de communiquer à la mauvaise impression que donne le début de l'épisode.
Il faut arriver à la conclusion pour comprendre l'intention des auteurs, à savoir évoquer la difficulté de vivre sans une famille pour se protéger. Par le biais d'un SMS, le petit-ami de Bay évoque enfin sa difficulté à vivre loin de sa mère avec un père qui lui octroie beaucoup trop de liberté, ne prêtant que peu attention à ses problèmes. Du coup, son aveu final apparaît surtout comme l'acceptation pour le jeune sourd d'une faiblesse qu'il ignorait, à savoir un besoin d'une certaine stabilité que son père ne lui procure pas.
Une conclusion qui donne du sens
La conclusion de l'épisode parvient avec talent à donner du sens à toute cette histoire, remettant au coeur du récit l'intrigue d'Angelo et réinstallant un semblant d'homogénéité à cette saison. L'occasion de corriger certaines erreurs, de réorienter l'histoire principale et de construire des arcs assez prometteurs pour la suite. Une baisse de régime regrettable pour SaB, mais la série prouve dans le final qu'elle possède encore assez de ressources pour surprendre, trouvant dans l'opposition et le conflit la source d'un nouveau commencement.
En conclusion, un démarrage assez faible, avec des storylines peu inspirées concernant Daphne et Toby, enfermés tous les deux dans des histoires trop prévisibles et sans saveur. Arrivé en bout de course, SaB va heureusement rebondir dans le dernier acte en poussant ses personnages à se confronter aux risques de l'échec, brisant l'image de la famille parfaite pour mieux laisser s'affirmer les individualités. La nécessité de la déception, c'est ce qui donne envie de s'améliorer et de devenir meilleur, symbole d'un épisode qui aura dû toucher le fond avant de retrouver un élan positif.
J'aime :
- les dix dernières minutes
- la confrontation entre Simone et Daphne
Je n'aime pas :
- les trente premières minutes
- les tendances moralisatrices de Daphne
- l'intrigue "tel père tel fils" horriblement clichée
Note : 11 / 20
Le démarrage de l'épisode est assez horrible avec des problèmes de continuité, des storylines fades et terriblement prévisibles qui donnent la sensation que SaB n'est plus qu'une série familiale parmi d'autres. Heureusement, le final relance la saison avec efficacité en retrouvant une finesse dans l'écriture qui aura manqué à ces deux derniers épisodes et laisse de l'espoir pour la suite.