Pitch braquage à Chicago
Suite au braquage d'une banque, les détectives Evers et Wisocky se retrouvent avec sur les bras un cadavre non identifié et un butin en partie disparu. Pendant ce temps, Teresa Colvin essaie une fois de plus de mettre la pression sur Gibbons en fermant un chantier pour lequel il aurait reçu de gros pots de vin.
La définition mathématique d'une catastrophe
Dans la théorie du chaos, il est souvent dit d'un modèle qu'il est sujet aux catastrophes lorsqu'il peut à tout moment perdre son intégrité et devenir un grand n'importe quoi imprévisible (je simplifie évidemment). Il suffit d'une simple faille dans les principaux fondamentaux d'une série, d'une toute petite faiblesse pour engendrer une réaction en chaîne terrible, l'irruption du chaos sous sa forme la plus destructrice.
Il en va aussi des mathématiques comme de The Chicago Code dont l'ossature, la structure même va fortement vaciller durant tout l'épisode, jusqu'à s'effondrer totalement dans un final en forme d'aveu. Le chaos qui précède toujours la catastrophe se repère aux trois éléments suivants:
- un récit complètement hors de contrôle
- l'incapacité à créer un tout cohérent avec les différentes intrigues
- l'incapacité à placer l'héroïne au centre du récit
Dès le commencement, l'épisode ressemble à un lapin sans tête, courant dans de nombreuses directions sans le moindre fil conducteur. Les intrigues se chevauchent sans se justifier, donnant juste l'impression d'un bazar remarquable dans lequel la moitié des personnages récurrents ne parviennent pas à trouver la moindre place.
L'épisode n'est pas mauvais pour autant, mais la série semble incapable de fonctionner, la réalisation se mettant au diapason du reste par l'utilisation de musique rock pour ponctuer les scènes d'action. Tout sonne faux, l'ennui me gagne tandis que je me surprends à ricaner sans raison devant les efforts de Jason Clarke (très bon d'ailleurs) pour tenir la série à flot.
Les raisons d'un fiasco
Si l'entame de ma critique peut paraître très négative, la suite de mes propos a pour but de nuancer le constat terrible de mon introduction. Car The Chicago Code n'est pas une mauvaise série, c'est avant tout l'oeuvre du formidable Shawn Ryan (The Shield), porteur d'un concept assez malin, avec un duo Colvin-Wisocki plutôt réussi. Rien à première vue ne laissait prévoir un tel désastre narratif, pourtant l'évidence aurait du rapidement me sauter aux yeux.
Introduire un personnage avec seulement dix secondes de voix off est impossible, les créateurs du show en font l'amère expérience. A trop vouloir lancer leur série à toute vitesse, les créateurs ont bâti des personnages bancals qui deviennent les victimes des incohérences narratives des auteurs. L'élément de lutte contre la corruption a beau être un bon moteur, la série ne développe rien et perd vite toute crédibilité, laissant Wysocki tenir la barque à lui tout seul.
Conscient de la faiblesse de l'intrigue du braquage, les auteurs vont se rabattre sur le duel Gibbon-Colvin à travers une histoire totalement parachutée et assez ridicule de pots de vin. Conçu à la va-vite, ce pan de l'histoire va occuper un bon tiers de l'épisode de son absence totale d'intérêt et d'enjeu. Le tout s'achèvera dans un grand n'importe quoi pathétique, une explosion totale et complète de frustration devant l'incapacité du show à faire preuve de la moindre subtilité.
Car si The Chicago Code est ambitieuse, elle doit alors faire ce qu'il faut, c'est à dire introduire tout un univers à la manière de The Wire plutôt que de tenter de masquer ses faiblesses en ne donnant aucune profondeur au récit.
Tout détruire et recommencer
Constat sinistre que l'aveu de Teresa Colvin en fin d'épisode : en l'état The Chicago code ne fonctionne absolument pas et semble incapable de trouver sa dynamique propre. Les auteurs font alors la seule chose sensée : faire exploser tous les arcs, réduire à néant la structure même de la série tout en sauvant les deux héros et rebâtir en espérant trouver les solutions pour redonner vie à un projet qui semble voué à l'échec.
On peut penser que je déteste The Chicago Code, mais au contraire mon souhait de voir la série trouver enfin la formule idéale n'a jamais été aussi fort. Ecrire une critique pour dire du mal n'a aucun intérêt, mon seul but est de prévenir ceux qui tenterait l'aventure qu'on est, pour l'instant, plutôt loin du compte. Le potentiel est immense, encore faut-il que les créatifs de la série prenne le temps de bien mieux mettre en place un univers crédible et solide autour de Teresa Colvin.
Mais sur ce point, je mets tous mes espoirs sur Shawn Ryan qui saura remettre la série sur les bons rails, en revenant à la base : Chicago, Wisocki en flic de terrain charismatique et une jeune superintendante Teresa Colvin qui va devoir tout apprendre.
J'ai aimé :
- Wysocki toujours aussi efficace
- des auteurs qui osent détruire pour (je l'espère) mieux reconstruire
- les luttes internes au sein du commissariat
Je n'ai pas aimé :
- l'intrigue abominable
- la réalisation ratée
- l'absence de cohérence entre les différents épisodes
Note : 07/20
Mais j'attends beaucoup du prochaine épisode. Il serait temps que les auteurs montrent de quoi ils sont capables.
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sephja
