Critique : The Chicago Code 1.04

Le 14 mai 2011 à 00:32  |  ~ 5 minutes de lecture
Un épisode convenable sans être vraiment transcendant. The Chicago Code remonte la pente avec un discours plus ambigu et malin. Au programme, la reconstruction d'une série, une thématique ambitieuse gâchée par des personnages secondaires ratés.
Par sephja

Critique : The Chicago Code 1.04

~ 5 minutes de lecture
Un épisode convenable sans être vraiment transcendant. The Chicago Code remonte la pente avec un discours plus ambigu et malin. Au programme, la reconstruction d'une série, une thématique ambitieuse gâchée par des personnages secondaires ratés.
Par sephja

Pitch Boum ! 

Une bombe explose dans un immeuble de Chicago et semble être l'oeuvre d'un ancien militant d'extrême gauche ayant participé à des actions du même type vingt ans en arrière. Pendant que Wysocki part à la chasse aux bombes, Gibbons et son équipe se font agresser dans le magasin d'un de ses fidèles électeurs. Devant la menace directe, Alderman est contraint de tirer une balle dans la jambe du garçon.

 

Une série à rebâtir 

 

Après trois épisodes qui ont prouvé les nombreuses faiblesses du show, Shawn Ryan reconstitue le temps d'un épisode le duo Tim Minear et John Worley (scénaristes expérimentés, qui ont participé à Terriers) pour redonner un coup de fouet à une série qui peine à trouver une vraie dynamique. Tout commence par une explosion, comme une métaphore des changements majeurs qui attendent la série, avec du bon et du moins bon. 

Première décision : remettre Wysocki sur le terrain où Jason Clarke prouve une fois de plus toute l'efficacité et l'intensité de son personnage. Son enquête sur fond d'attaque terroriste a beau sentir un peu le réchauffé, l'énergie de la réalisation et des comédiens permet de rentrer dans cette histoire plutôt agréable à suivre. Le but recherché est de créer un suspense efficace et de montrer que The Chicago Code est avant tout un polar nerveux, capable de faire monter la pression. 

Ensuite, le scénario se charge de réhabiliter Gibbons, et place intelligemment le personnage en narrateur, lui-même se présentant comme le serviteur de la ville de Chicago. Et cette simple idée va enfin donner à la série ce ton que l'on attendait, parvenant à mettre en valeur le personnage de Gibbons. Soldat au service d'une ville qu'il aime et qu'il déteste plus que tout, Alderman agit en vrai politicien, utilisant les mots et les symboles pour obtenir ce qu'il désire.

Hélas, le renforcement du personnage de Gibbons passera par la mise au placard de Teresa Colvin, totalement impuissante tout au long de l'épisode. L'acharnement des auteurs à l'intégrer aux storylines de Gibbons limite son champ d'action, abandonnant le terrain à Wysocki. L'équilibre de la gestion des personnages n'est certes pas ici le soucisprincipal des auteurs, il n'empêche qu'ils peinent à harmoniser les différents pans de l'intrigue.

  

La morale et le pardon 

 

Thème assez fort qui va porter tout l'épisode, le pardon va se décliner sous deux formes bien différentes, permettant de différencier le rapport à la morale de Gibbons et Wysocki. Si l'opposition ces deux personnages va s'avérer un bon fil rouge pour la série, elle va, hélas, se faire aux dépends du policier, Jarek montrant un idéalisme farouche dans sa foi en la justice bien moins séduisant que l'art du compromis d'Alderman..

Le pardon de Gibbons envers son assassin présumé témoigne de la capacité de l'homme politique à jouer de ses ennemis pour les reconvertir en alliés fidèles. La console de jeu qu'il offre n'est pas un cadeau, mais le symbole de la soumission du jeune apprenti assassin à sa cause. Gibbons prouve par un acte de pardon l'ampleur du pouvoir qu'il possède, celui de convertir l'âme humaine, faisant au passage fi de toute forme de morale.

Wysocki de son côté refuse le pardon, quitte à sacrifier la confiance qu'on lui a accordée sur l'autel d'une justice intransigeante. Partisan de la tolérance zéro, Wysocki gagne en force en prouvant son intégrité, mais perd en humanité en s'avérant n'être qu'un défenseur mécanique de l'ordre et la morale. Plus rigide qu'à l'accoutumée, l'inspecteur s'avère bien moins angélique que prévu, poussé dans ce sens par Teresa Colvin, toujours raide comme un piquet. 

Difficile de savoir qui sont les gentils et les méchants dans une histoire de plus en plus trouble qui commence à atteindre son objectif : parler de la corruption et de notre rapport à la morale.

 

Des personnages laissés à la trappe 

Si le scénario de The Chicago Code s'avère supérieur au précédent, il peine lui aussi à trouver une place aux nombreux personnages secondaires, de plus en plus transparents. Une troisième storyline anecdotique aurait donné à la série une structure plus proche de "The Shield" et aurait permis d'accorder quelques scènes à la soeur de Wysocki. En même temps, Devin Kelley et Isaac Joiner ne forment mon duo préféré, loin de là, et leur disparition laisse supposer la mort prévisible du show.

(Remarque : cette critique fut écrite il y a une semaine. J'ignorais que la série allait être annulée au bout de cette saison. Je suis malheureux d'avoir eu raison cette fois-ci.) 

Malgré quelques progrès, on est encore loin du compte, surtout avec Liam, flic infiltré à la discrétion plus que discutable. Totalement hors du coup, son apparition s'avère nullement enthousiasmante, Billy Lush devenant un acteur porte-malheur. Au final, The Chicago Code progresse, mais reste loin du compte, incapable de fournir une histoire vraiment cohérente tout en laissant apparaître un vrai potentiel gâché par un mauvais début de saison.

 

J'aime : 

  • le personnage de Gibbons mieux réussi
  • Wysocki sur le terrain énergique et hargneux 
  • une réalisation spectaculaire 
  • une thématique plutôt maligne

Je n'aime pas : 

  • Teresa Colvin disparaît lentement 
  • d'autres personnages laissés à l'abandon 
  • pas très réaliste, ni original

 

Note : 11 / 20 

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L'auteur

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