Critique : The Newsroom 1.10

Le 28 août 2012 à 18:38  |  ~ 8 minutes de lecture
Season final pour The Newsroom qui se révèle assez plaisant dans l'ensemble. L'occasion pour Aaron Sorkin de tourner la page sur une première année inégale.
Par sephja

Critique : The Newsroom 1.10

~ 8 minutes de lecture
Season final pour The Newsroom qui se révèle assez plaisant dans l'ensemble. L'occasion pour Aaron Sorkin de tourner la page sur une première année inégale.
Par sephja

Assumer ses choix et aller jusqu'au bout 

 

Suite à une critique un peu rude parue dans un journal New-Yorkais, Mc Avoy se retrouve à l'hôpital et envisage de mettre fin à sa carrière comme présentateur. Dans les bureaux, Don doit faire face aux problèmes de conscience de Sloan, mais songe avant tout à sa future demande envers Maggie qu'il voudrait voir emménager avec lui. De son côté, Mackenzie découvre qu'une fuite a révélé que Will était stone durant son émission sur la mort de Ben Laden.

 

the newsroom 110-1 : will fait son travail

 

Un final plutôt réussi 

 

Touché par les critiques et les doutes sur sa capacité à se montrer à la hauteur de son ambition, Will se retrouve à l'hôpital après un ulcère et se pose la question sur sa capacité à rebondir. Pour Aaron Sorkin, l'idée est de donner une dimension mythologique à Mc Avoy, définissant son personnage principal comme un vrai héros américain par la façon dont il trouve sa force dans le refus de l'injustice. La bonne idée de ce séjour à l'hôpital est d'offrir plusieurs scènes au duo Jeff Daniels - Emily Mortimer, leur association apportant les meilleurs dialogues de l'épisode.

Le parallèle entre la vie de Will et l'évolution du show est amusant tant The Newsroom semblait épuiser peu à peu un créateur omniprésent coincés dans des intrigues qui avaient clairement perdus l'enthousiasme du début de saison. Grâce à une construction bien pensée qui met en parallèle l'expérience de Will à l'hôpital et son émission de reprise, l'équipe créative expose le fonctionnement de Mc Avoy, montrant comment il tire finalement profit de cet instant de doute. Une bonne idée qui va voir l'équipe créative assumer de nouveau une inspiration débridée et inégale qui sort au moins le show du marasme agaçant où il s'était enfermé. 

Ainsi, Aaron Sorkin assume totalement la double identité de la série, avec une part de politique sur la gestion de l'information pour le cerveau et une partie de comédie romantique pour le coeur. En exploitant totalement la naïveté du couple Maggie - Jim lors d'une séquence clichée au possible, la série jouant avec les clichés pour mieux les prendre à rebours. Mais le point que j'apprécie le plus reste la conclusion inattendue de toutes ces romances, exposant la nature particulière d'un show partagée entre soucis de réalisme et une fascination affirmée pour les romances impossibles. 

Refuser la facilité, s'acharner à prendre la solution imprévue, voilà ce qu'Aaron Sorkin veut faire et il y parvient plutôt bien dans cet épisode plaisant qui commet malgré tout certaines maladresses. La scène finale en particulier envoie sans finesse un message clair, à savoir que Sorkin veut gagner non pas les critiques, mais une Amérique diplômée en quête de vérité. Une façon assez amusante de fermer la boucle de cette saison et d'amorcer un nouveau départ en réaffirmant la singularité d'un show à la fois attachant et agaçant. 

 

the newsroom 110-2 : Mackenzie en plein doute

 

Le système du triangle 

 

Pour introduire des dialogues dynamiques oscillant entre drame et comédie, Aaron Sorkin construit chaque scène autour d'un triangle, avec deux personnages dans une discussion décisive et un intrus qui sert de pivot à la conversation. Une structure que l'on retrouve à différents instants de cet épisode et qui définit parfaitement le style de l'auteur, lui permettant d'emmêler différents dialogues pour générer de l'imprévu. Je vais donc choisir pour cette dernière critique plusieurs exemples de cet effet de style tellement intéressant et assez déroutant à la  fois. 

L'une des plus amusantes prend comme axe de départ la liaison Mackenzie - Will, la productrice essayant d'obtenir du présentateur qu'il revienne dans l'émission. La dispute repose sur l'attraction refoulée qui existe entre les deux, car Mc Avoy refuse de lui pardonner sa trahison malgré les efforts de Mackenzie pour se rapprocher de lui. Jim va alors servir alors de révélateur, son histoire personnelle  permettant d'exposer les angoisses de MacHale et son besoin de croire dans l'idée que les amoureux finissent toujours ensemble à la fin d'une histoire. 

Dans cette séquence, l'apport de Jim est réellement positif par sa position de totale neutralité, à la différence de son apport à la séquence entre Sloan et Don, largement plus contestable. La série perd la qualité de répartie du duo Mackenzie - Will et se heurte à un nouveau triangle amoureux sorti de nulle part qui transforme une nouvelle fois la rédaction du journal en une agence pour les coeurs brisées. Une tendance agaçante et récurrente qui bascule ici dans le grotesque tant Olivia Munn manque de conviction, sa révélation confirmant juste son manque d'intégration au sein du show.  

Le dernier exemple concerne la scène "Sex and the City", climax de l'épisode où se retrouve le couple formé par Alison Pill et John Gallagher Jr pour une grande séquence assez inégale. La première partie va être de loin la meilleure par son côté à la fois improbable et inattendu, jouant avec les références liées à l'ancien succès de HBO. Hélas, la seconde partie n'exploite pas assez l'embarras de la situation pour revenir à une séquence de course-poursuite trop prévisible, dont la conclusion laisse un sentiment plus que mitigé. 

 

the newsroom 110-3 : Maggie et Will en plein travail

 

Reconstruire prend du temps 

 

Inégal, ce season finale souffle le chaud et le froid, alignant le bien et le moins bien tout en gardant une vraie cohérence et un enthousiasme qui sauve l'ensemble du naufrage. Portant trop de poids sur ses seules épaules, Aaron Sorkin est apparu courageux par instant, sincère par ses intentions et mégalomane par son ambition folle de vouloir éduquer l'Amérique. La bonne nouvelle de cet épisode est qu'il assume enfin être tous ses adjectifs à la fois, retrouvant un peu de foi dans sa capacité à toucher à sa manière le public en abordant les problèmes de l'Amérique contemporaine. 

Pourtant, l'auteur gagnerait à se débarrasser de quelques tics inutiles et énervants, comme ses attaques perpétuelles contre internet et en particulier les adeptes du troll sur les forums. Si l'intrigue avec Dev Patel aurait pu être amusante, sa conclusion laisse apparaître l'incapacité du scénariste à cibler vraiment son attaque, se perdant dans une suite de clichés qui ruinent la crédibilité de l'ensemble. Déjà entamée avec The Social Network, cette croisade perpétuelle contre les réseaux sociaux finit par se noyer dans une histoire de menace de mort douteuse et mal construite.

Le vrai problème d'Aaron Sorkin dans cet épisode est qu'il doit donner du sens à l'ensemble de la saison, réunir chaque pièce du puzzle posé durant l'année pour composer un grand tableau final. Seulement, avec la storyline de l'informateur secret, l'auteur se retrouve clairement coincé, la concluant par une pirouette finale qui ne résout rien, mais permet de se débarrasser d'un arc gênant. Un choix regrettable tant le duo Jane Fonda - Sam Waterston reste un des points positifs de cette première saison qui aurait mérité une bien meilleure conclusion. 

Pour finir mes critiques de The Newsroom et avant le bilan de la semaine prochaine, je tenais à faire part d'un sentiment personnel, à savoir combien j'ai apprécié la performance d'Emily Morrison durant cet épisode. L'énergie qu'elle donne à son personnage et sa douce hypocrisie en font un des personnages les plus attachants, même si elle ne fut pas gâtée cette saison par des storylines individuelles décevantes. Une performance de qualité qui symbolise à mes yeux le sentiment de frustration que j'ai ressenti devant un objet certes riche et intéressant, mais qui n'aura jamais réussi à décoller.

 

J'aime :

  •  les scènes à l'hôpital entre Will et Mackenzie
  •  plus dynamique que les précédents
  •  le début de la séquence "sex and the city"

 

Je n'aime pas :

  •  la conclusion de l'histoire de la NSA
  •  le storyline de Dev Patel

 

Note : 13 / 20

Un final assez léger qui retrouve une énergie positive et clôt convenablement une saison inégale qui doit beaucoup à son casting impeccable. Certes, certains défauts sont encore présents, mais la force de conviction du final prouve qu'Aaron Sorkin croit encore en l'avenir de sa création.  

 

L'audience de The Newsroom s'achève sur un record de 2,3 millions en première diffusion et un total d'environ six millions en audience cumulée. Un très bon résultat qui marque une progression sensible à la hausse durant toute la saison. 

Merci aux correcteurs pour leur aide durant toute la saison. A l'année prochaine pour la saison deux.

L'auteur

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