Critique : The Strain 1.13

Le 08 octobre 2014 à 16:48  |  ~ 5 minutes de lecture
Dans un Manhattan gangrené par l’épidémie, nos héros sont entraînés dans une quête impossible et mortelle : celle de détruire la source du mal, j’ai nommé le Maître. Du bon et du moins bon.
Par SarahLund

Critique : The Strain 1.13

~ 5 minutes de lecture
Dans un Manhattan gangrené par l’épidémie, nos héros sont entraînés dans une quête impossible et mortelle : celle de détruire la source du mal, j’ai nommé le Maître. Du bon et du moins bon.
Par SarahLund

La série créée par Guillermo del Toro et Chuck Hogan a pris fin dimanche soir sur FX, clôturant une saison inégale. Avec un pilote plus que prometteur, qui a permis à la chaîne d’enregistrer un record d’audience de 12,7 millions de spectateurs, une deuxième partie de saison menaçant dangereusement de virer à la The Walking Dead, la série se rattrape par trois derniers épisodes intenses, entre courses poursuites dans les tunnels du métro new-yorkais, première puis deuxième rencontre avec le Maître, apparition d’un groupe étrange de « gentils » vampires… Un final digne du pilote donc, qui laisse bien évidemment beaucoup en suspens. Normal, puisque FX a renouvelé en août dernier la série pour une seconde saison !

 

Tuer la source du mal


The Strain fonctionne comme un jeu de rôle : des personnages antagonistes entraînés dans une quête qu’ils n’ont pas choisi mais qu’ils se doivent d’accomplir pour assurer la survie de l’Humanité. Ici, le groupe plus que conflictuel réunit deux scientifiques – deux parents -, un ancien déporté aveuglé par son désir de vengeance, un chasseur de rat un peu brute, une hackeuse surdouée mais asociale. Différents, mais justement complémentaires, ces protagonistes, qu’ils soient du côté de la force brute (Setrakian, Vasiliy) ou technique (Eph, Nora, Dutch) sont dédiés dans ce dernier épisode à la traque de cet être monstrueux, source absolue du mal, ou, pour parler en termes scientifiques, cellule-souche (The strain, littéralement) de l’infection vampirique.

Nora, Eph et son fils, Setrakian, Vasiliy et Dutch, cachés dans la cave du vieil antiquaire, sont délogés par Eichorst et ses sbires à la fin de l’épisode 12. Refugiés chez Dutch, ils se rendent dans l’antre gothique de Bolivar, l’un des quatre survivants du vol. Infestée de zombies endormis, qui ne tardent pas à se réveiller, Setrakian et Eph se retrouvent rapidement face au Maître. Cliffhanger oblige, ce dernier ne se détruit pas à la lumière du jour qui inonde bientôt le sombre grenier où se terre le monstre. Dépités, ils regardent la créature s’enfuir par la fenêtre et s’enfoncer, encore une fois, dans les ténèbres des souterrains de New-York.

 

 

C’est la lutte entre le bien et le mal, entre la lumière et l’obscurité qu’on suit ici, même si on est loin d’être dans un tel manichéisme. En effet, la haine, la colère, elles, sont partout : chez Satrakian, dont on connaît le passé par des flashbacks réguliers sur sa lutte de toute une vie avec le Maître et son bras droit Eichorst, les rares plans sur un Manhattan en proie à l’explosion montrent l’avidité, l’individualisme des hommes qui en profitent pour piller les magasins (on voit un homme courir avec un écran plat, quelle utilité dans un monde où il faut d’abord survivre ?). C’est le « chacun pour soi » qui semble gagner, alors que les héros eux-mêmes peinent à rester fixer sur leur objectif. Surtout, si le Maître est la source du mal, son arrivée à New-York est le résultat d’une volonté humaine égoïste, celle du richissime Eldritch Palmer, rongé par son désir d’immortalité. The Strain, fable fantastique, apparaît comme une critique acerbe d’un système capitaliste où le riche peut tout, où l’homme est préoccupé, à l’extrême, par sa propre satisfaction.

 

Des incohérences scénaristiques et esthétiques 

 

Malgré toute sa force symbolique, The Strain contient selon moi quelques faiblesses pratiques qui remettent en cause la crédibilité du show. En premier lieu, l’apparence du Maître, ses traits trop accentués (grandes dents, yeux rouges, oreilles pointues) le rendent caricatural, et du coup moins effrayant. Il est va de même pour les membres de cette étrange secte rivale, qui engage Gus comme bouclier humain.

 

 

Dans une autre mesure, c’est la quasi-absence de représentation de l’extérieur qui m’a gênée. The Strain nous refuse la vision globale de la catastrophe, préférant se centrer sur des personnages seuls et sur le groupe « principal », ce qui est dommage à mon sens puisque la quête de nos héros manque de contextualisation. Que se passe t-il véritablement dans Manhattan ? On entend des sirènes, on voit des gens courir partout et en même temps à certains instants il semble que certains continuent à vivre une vie normale, inconscients de la situation. Le gouvernement américain n’est que rarement évoqué, si ce n’est par le biais de la sénatrice, qui ayant enfin décidé de déclarer la quarantaine de Manhattan se fait sauvagement assassiner par Eldritch.

 

 

Ainsi, The Strain place le spectateur dans la possibilité d’une future catastrophe sanitaire, ou terroriste, ou précisément les deux, et le fait réfléchir sur sa propre réaction : sauver sa peau et celle de ses proches, s’unir et lutter ensemble ? A travers le fantastique, la série dévoile la réalité d’un monde dur, individualiste et eugéniste, où seuls les plus forts survivent (survival of the fittest, pour reprendre Darwin).

 


 

J’ai aimé :

 

  • La relation complexe des protagonistes
  • Notamment la relation Vasiliy/Dutch
  • La séquence de la bataille finale

 

J’ai moins aimé :

 

  • L’esthétique des méchants, trop accentuée
  • L’absence d’une vision plus large

 

 

Note : 14/20

L'auteur

Commentaires

Avatar 4evaheroesf
4evaheroesf
Tu as réussi à voir tout ça dans The Strain ?

Avatar SarahLund
SarahLund
Oui oui :) j'ai été un globalement déçue par le tournant qu'ont pris les choses dans la seconde moitié de saison, mais pour moi il y a clairement eu une amélioration en fin de saison ! The Strain évoque beaucoup de choses, je pense qu'il y a, comme toutes les créations de Guillermo del Toro, d'ailleurs, une forte dimension symbolique, ce qui rend cette série intéressante !

Avatar nicknackpadiwak
nicknackpadiwak
Très bonne critique. Mais je trouve que tu prêtes des propos de symbolisme à Det toro qui me semble infondés. Car déjà, je pense qu'il a quitté le navire depuis longtemps déjà. Secundo, les gentils pauvres contre les méchants riches n'est pas une thématique neuve ou originale, c'est souvent vu ailleurs. Puis d'après moi, si il y a bien une chose que la série n'est jamais, c'est subtil. Exemple l'alcoolisme d'Eph. Il aborde son passé d'ancien alcoolique au détours d'une conversation dans le dernier épisode (je ne me rappelle pas que cela avait été évoqué). Dix minutes plus tard, il est confronté à une bouteille qu'il rejette, pour finir par boire dans la dernière scène après avoir vu sa femme en vampire. Je trouve ça grossier et fortement appuyé. Enfin (après j'arrête), quand tu parles de tension dans les scènes des tunnels, je ne te rejoins pas. On savait très bien que tous le groupe de gentil survivrait et que les méchants ne seraient pas vaincus (même si ils ont eu 2 putain de fois le maître à leurs mercis!!!!), du coup, je ne ressentis aucune tension, aucun suspense. Sans parler la manie qu'ont les vampires à ne plus utiliser leurs appendices buccales dès qu'ils sont en face des gentils. Voilà, pour moi, cet série avait un énorme potentiel mais a manqué d'audace et de vrais idées.

Avatar TalX
TalX
Traduire "les plus forts survivent" par le "survival of the fittest" de Darwin, c'est ne pas avoir tout compris à l'évolution :) Sinon, j'ai bien aimé la série, mais j'ai trouvé le final un peu faible par rapport au reste de la saison (qui a perdu en qualité au fur et à mesure).

Image The Strain
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