Il y a deux mois, nous avions laissé les survivants de The Walking Dead dans une situation plus que chaotique. Le Gouverneur venait de lancer un nouvel assaut sur la prison en laissant pas mal de morts derrière lui. Après quelques semaines d’absence, la série fait son grand retour avec une intrigue centrée sur les traumatismes psychologiques et parfois physiques de trois personnages. After se présente comme un épisode de reprise dont la principale fonction est de faire la liaison entre les événements passés et ceux qui sont à venir… Décryptage.
Un peu de psychologie, ça ne peut pas faire de mal…
Scott M. Gimple, le nouveau showrunner de la série, avait prévenu : cette saison sera davantage tournée vers les personnages et leurs psychologies. En regardant ce nouvel épisode, il paraît évident que le monsieur a tenu parole et que le développement des protagonistes lui tient vraiment à cœur. Lorsqu’on sait que c’est ce qui avait parfois fait défaut à la série par le passé, on ne va pas s’en plaindre.
Autant le dire tout de suite : il ne se passe vraiment pas grand-chose dans cet épisode que l’on pourrait aisément résumer en une seule phrase. Après les événements difficiles du mid-season finale, la mort d’Herschel et celle du Gouverneur ainsi que l’abandon de la prison, les scénaristes ont voulu davantage mettre l’accent sur l’évolution des personnages, plus que sur l’évolution de l’intrigue. Leur but est de nous faire ressentir les troubles physiques et surtout psychologiques de ces derniers après leur ultime affrontement avec le Gouverneur.
Pauvre gamin... On peut pas dire que t'es aidé par ton père !
À l’honneur cette semaine : Rick, Carl et Michonne. Après s’être enfuis de la prison, on retrouve le père et le fils sur la route en quête d’un endroit où se reposer. Au même moment, Michonne est à leur recherche et les suit à la trace. Que les fans se rassurent : derrière ce pitch très court mais qui résume bien la situation se dissimule de véritables qualités. En effet, ce n’est pas parce qu’il ne se passe quasiment rien que les personnages n’évoluent pas pour autant, bien au contraire. Rarement la série s’était permis de développer et complexifier autant ses héros. The Walking Dead met de côté les pétarades à tout va pour mieux se recentrer sur ses protagonistes et explorer leurs passés, leurs doutes et leurs peurs.
Aussi, il est peu surprenant de les découvrir dans un état assez médiocre. Ils sont fatigués et désorientés, errent dans les rues sans d’autre objectif que de survivre. Le shérif est dans un état déplorable, il peut à peine marcher et passe les trois quarts de l’épisode allongé sur un canapé. Carl expérimente la vie en solitaire et tente de se prouver qu’il est capable de survivre tout seul comme un grand. Michonne passe le plus clair de son temps à déambuler et à massacrer des zombis, à la recherche de son passé perdu… Les humains sont plus que jamais assimilés à des morts-vivants ou à des êtres fantomatiques. S’ils ont bel et bien survécus à leur dernière rencontre avec le Gouverneur, ils agissent presque comme des morts, à ceci près qu’ils ressentent encore des émotions.
En quête d’un passé
Dans le cas de Michonne, les zombis deviennent même les reflets de sa propre existence et c'est l’occasion pour elle de se remémorer son passé pour peut-être aussi en guérir. Danai Gurira est magnifiquement mise en scène et incarne une Michonne plus sensible et touchante que jamais. La séquence au cours de laquelle son personnage marche au milieu des morts-vivants est vraiment lourde de sens et met à jour l’état psychologique dans lequel elle se trouve. La femme forte du groupe est confrontée à son passé, à elle-même et à ses démons. Dommage que son exutoire passe forcément par le massacre vraiment trop exagéré de plusieurs zombis.
Quoi ? Même les femmes fortes savent pleurer ?
Toutefois et même si c’est fait de manière plutôt maladroite, After permet d’en savoir plus sur le passé de la demoiselle. À travers un cauchemar assez mal amené, on découvre sa vie de famille, son compagnon et son enfant. On comprend mieux maintenant d’où venaient ses pleurs au début de la saison lorsqu’elle avait pris la petite Judith dans ses bras. Grâce à ce retour en arrière, Michonne n’est plus seulement vue comme une guerrière, mais aussi comme une mère. D’ailleurs, sa relation avec Carl va dans ce sens et la dernière réplique de l’épisode également. Ce petit voyage en solitaire a donc au moins le mérite de rendre ce personnage plus attachant encore et c’est tant mieux.
L’âge de la maturité ?
Pour Carl, c’est l’épisode de la révélation, celui par lequel le jeune homme tente de prouver à lui et aux autres qu’il n’est plus un enfant et qu’il est capable de survivre seul. Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu et il manque de se faire mordre par des zombis. Le jeune garçon est alors obligé d’admettre qu’il a encore besoin d’aide pour survivre. Si au final ce constat donne l’impression que le personnage régresse, cet épisode lui permet de se rendre compte de ses faiblesses. N’est-ce pas là une voie vers la sagesse ?
Petit Carl deviendra grand !
Carl reste un enfant, mais c’est un enfant en évolution qui se lance des défis et commet des erreurs. Il expérimente seul les dangers de cette vie apocalyptique et devient ici un personnage vraiment intéressant. En ce qui le concerne, la série poursuit avec lui le virage qu’elle avait emprunté lors de la troisième saison. Carl devient ainsi cette figure de l’enfant qui doit affronter son père et braver les dangers pour acquérir de la maturité. Même si cette thématique est assez classique, elle demeure pertinente et permet de mettre en place des enjeux que les scénaristes auront tout le plaisir de développer par la suite.
La colère de Carl contre son père fait même partie des meilleurs moments de cet épisode tant ce qu’il dit est vraiment plein de sens. Ses références à Shane, sans doute peu anodines, et les reproches qu’il adresse à son père font de lui un personnage au potentiel énorme. Pourtant, la conclusion de cet épisode est quand même loin d’être satisfaisante et fait craindre le pire. Carl semble emprunter la voie de son père et les scénaristes ont tout intérêt à ne pas le rendre aussi mou que lui. Il serait peut-être plus judicieux de creuser encore davantage cette évolution avant de décider de passer à autre chose… Mais comme la saison est loin d’être terminée, tâchons d’attendre une bonne surprise.
Toujours des maladresses…
En plus de cette conclusion plutôt simpliste et peu convaincante, cet épisode souffre aussi de plusieurs maladresses. La première d’entre elles concerne l’intrigue elle-même. S’il est intéressant d’explorer la psychologie des personnages, on est en droit de se demander s’il était vraiment nécessaire d’accorder quarante minutes entières à ce développement. Pourquoi ce choix de vouloir à tout prix stopper temporairement l’intrigue principale pour mieux nous présenter les personnages ? De nombreuses séries ont déjà montré qu’il était possible de combiner habilement les deux et c’est ce que l’on pourrait attendre de The Walking Dead. Au final, cet épisode qui pourtant met en place des choses prometteuses donne l’impression de ne faire que du remplissage et de n’être qu’un prétexte pour faire ce que les scénaristes n’ont pas pris le temps auparavant. D’une certaine manière, les qualités de cet épisode deviennent donc aussi ses défauts.
De plus, la structure narrative mise en place ici a de quoi en rebuter plus d’un. Le groupe de survivants s’étant divisé en plusieurs factions, on imagine que chaque épisode sera désormais centré sur l’une ou l’autre de ces factions jusqu’au moment où elles finiront par se retrouver. Si cette structure paraît acceptable et même plutôt logique à ce stade, cette dernière pourrait très vite devenir redondante et lassante. Là encore, pourquoi avoir fait le choix de se centrer uniquement sur ces trois personnages ? Sans doute pour éviter de trop s’éparpiller… Malheureusement, cette recherche de la simplicité peut procurer aussi une impression de vide. Nombreux sont ceux qui aimeraient savoir où sont passés les autres survivants. Si on sait qu’ils seront certainement au cœur du prochain épisode, il est difficile de digérer qu’ils ne soient pas présents pour la reprise de la série… Surtout après ce final de mi-saison si prometteur.
Y'en a une qu'il ne faut pas faire chier
Parmi les autres maladresses, on peut également noter le caractère excessif de certaines scènes. Des têtes qui volent, des cervelles qui explosent… S’il ne se passe pas grand-chose du côté de l’intrigue, on ne peut pas dire pour autant qu’on manque de scènes spectaculaires. Il n’y a qu’à voir le petit massacre de zombis orchestré par Michonne pour s’en rendre compte. Le petit bémol avec ce genre d’excès, c’est ce sentiment d’être dans la démonstration. La série fait en sorte qu’il se passe quelque chose là où justement il ne se passe presque rien… Elle semble oublier que certaines scènes ou certains moments n’ont pas nécessairement besoin d’un coup de force pour être réussis.
Enfin, dernier gros problème : cette sensation que même si on en sait plus sur les personnages, la série semble tourner en rond. La « morale » de cet épisode consiste à dire que dans ce monde apocalyptique, il est important de rester souder et de s’entraider. Carl comprend cela en expérimentant la vie en solitaire et Michonne s’en rend compte en repensant à son passé. Si cette leçon a tout à fait sa place dans une série de survie, elle devient juste légèrement indigeste lorsqu’on nous la rabâche depuis plusieurs saisons déjà. En effet, il semble évident à ce stade de la série pour nous, spectateurs, que seule la solidarité permettra à ses personnages d’assurer leur survie. Aussi et même si on pouvait apprécier ce genre de questionnement dans les premiers épisodes, il est quand même temps de changer de registre. Quand on a des personnages au potentiel énorme comme Michonne, Daryl ou Carl, on ne peut que regretter l’aspect parfois trop sage de la série.
On ne peut pas dire le contraire : cet épisode de reprise contient de vraies bonnes idées (la découverte du passé de Michonne, le « développement » du personnage de Carl) et de bons moments (la colère de Carl contre son père). La série tente d’aborder des thématiques pertinentes comme la solitude, l’errance et le traumatisme. Si on ajoute à cela que l’ambiance est plutôt soignée, on peut affirmer que The Walking Dead abandonne progressivement le pur divertissement pour se poser de véritables questions sur l’évolution de l’être humain dans ce monde hostile, son rapport à la mort et aux autres. Pour autant, il existe de nombreuses maladresses dans la manière dont sont amenés ces éléments et qui ont tendance à gâcher l’ensemble. Si la psychologie des personnages est enfin travaillée, on aurait peut-être aimé un peu plus de risques de la part des scénaristes…
J’ai aimé :
- L’exploration des troubles psychologiques des personnages
- Le fait d’en savoir plus sur Michonne
- La dernière réplique
Je n’ai pas aimé :
- La manière avec laquelle on nous présente le passé de Michonne, via un cauchemar plutôt mal amené
- Mes doutes concernant la conclusion sur Carl
- Les quelques scènes trop excessives (Était-il vraiment indispensable de faire massacrer une dizaine de zombis à Michonne ?)
- On aurait quand même bien aimé avoir des nouvelles de Daryl, Maggie, Glenn, Tyreese et les autres…
Ma note : 13/20
Malgré des défauts évidents, cet épisode a au moins le mérite de développer un peu plus ses personnages. Je vais éviter de m’en plaindre…