Après une troisième saison décevante en termes d’évolution, il était grand temps que les scénaristes de The Walking Dead révisent leur copie et proposent une nouvelle direction. À l’issue de cette quatrième saison, on peut affirmer que c’est en partie chose faite, même si certains défauts persistent. Quoi qu’il en soit, la série d’AMC semble avoir amorcé un virage qui à défaut de satisfaire tout le monde, a au moins le mérite de redynamiser les intrigues et surtout les personnages. Le dernier épisode de cette saison intitulé sobrement A, fonctionne sur ce même principe et permet à Rick Grimes de revenir sur le devant de la scène. Retour sur ce season finale sombre, violent et brutal.
Le réveil de Rick
On ne l’attendait plus et pourtant les scénaristes l’ont fait : Ils sont enfin parvenus à réveiller le personnage de Rick ! Après deux saisons vraiment mollassonnes, tiraillé entre des hallucinations, des remises en question et des réflexions philosophiques rarement pertinentes, le shérif de la bande est de nouveau dans les starting-blocks. Un revirement de situation qui fait plaisir à voir, d’autant plus qu’il est assez inattendu.
Un réveil sanglant
Alors qu’il est accompagné de son fils et de Michonne en direction du Terminus, ils tombent sur le groupe de chasseurs que Daryl a rejoint quelques épisodes auparavant. Menée par Joe, cette petite bande n’a qu’un seul objectif : venger la mort de leur coéquipier, tué par Rick lors du onzième épisode de la saison. Autant le dire tout de suite : la rencontre entre les deux leaders est aussi brutale qu’elle est sanglante. Rarement nous avions eu droit à un Rick aussi survolté et enragé. Plus sombre et violent que jamais, le gentil shérif sort de ses gonds et se décide à agir. À croire que les événements de cette saison ont enfin une réelle répercussion sur celui qui jusqu’ici semblait davantage aseptisé qu’engagé.
Même si la mise à l’écart du personnage a permis de mettre en lumière certains personnages secondaires, son inaction et son incapacité à agir faisaient peine à voir… À tel point que l’on pouvait légitimement envisager – j’ai presque envie de dire désirer – sa mort à l’issue de la saison. Heureusement, cet épisode lui rend vraiment honneur et annonce pour lui une cinquième saison beaucoup plus passionnante. En espérant que les scénaristes décident d’aller au bout de ce qu’ils ont entrepris et qu’ils ne fassent pas marche-arrière, comme c’est trop souvent le cas dans The Walking Dead.
Dans tous les cas, cette confrontation avec Joe risque bien de laisser des traces, au même titre que celle avec le Gouverneur. À ceci près que cette fois, les traces seront principalement psychologiques, plus que physiques, aussi bien pour Rick que pour son fils Carl, témoin de la fureur de son père. La série continue d’explorer intelligemment la thématique de la violence mise en place depuis plusieurs saisons déjà, et plus particulièrement en s’intéressant à la manière dont la violence peut transformer un homme.
Un monde brutal et violent
Qu’il est loin le temps où The Walking Dead prenait des allures de série beaucoup trop sage qui n’osait pas aller au fond des choses et qui s’imposait – volontairement ou non – certaines limites incompréhensibles. La violence a toujours fait partie de l’univers de la série, et ce depuis le premier épisode. Seulement, elle n’avait jamais été aussi présente que lors de ces seize épisodes. Entre Carol qui décide de supprimer deux alliés pour assurer la survie du groupe, la décapitation d’Hershel ou encore l’assassinat d’une petite fille par sa propre sœur, The Walking Dead ne nous épargne presque plus rien de ce monde à la fois violent et brutal. Ce dernier épisode ne fait que conforter cette idée. D’ailleurs, la scène où Rick arrache un morceau de la gorge de son adversaire avec ses dents en dit vraiment long sur l’évolution des personnages. Même si on est encore loin de la violence présente dans les comics et qui faisait vraiment partie intégrante de cet univers, il faut tout de même saluer les efforts fournis par la série télévisée.
Carl parviendra-t-il à préserver son humanité ?
La recrudescence de la violence débutée dans l’épisode de mi-saison (la critique est disponible ici) , trouve ici son écho et se termine dans un bain de sang qui à mon avis n’est pas prêt de s’arrêter. Nos héros prennent véritablement conscience de leur transformation et basculent de plus en plus de l’état d’humains à l’état de monstres. La discussion entre Carl et Michonne dans cet épisode va dans ce sens et résume parfaitement les enjeux de cette saison. La question posée par la série est à la fois simple et complexe : La violence peut-elle transformer les hommes et faire disparaître leur humanité ? À en croire les derniers mots prononcés par Rick, il semble évident que ce questionnement pertinent sera toujours au cœur des intrigues la saison prochaine.
Seul petit bémol malgré tout : on retrouve encore et toujours le caractère parfois excessif ou démonstratif de certaines scènes, principalement celles qui présentent des fusillades. Comme souvent dans la série, elles sont rarement convaincantes et donnent l’impression de juste combler quelques manques. De la même manière, la scène où un inconnu se fait bouffer par des zombis n’apporte pas grand-chose de plus au scénario et n’est là que pour nous rappeler qu’il est impossible de venir en aide à tout le monde. Un constat que l’on avait saisi depuis un moment déjà et qui n’avait peut-être pas sa place ici. Malgré tout, l’ensemble demeure plutôt cohérent et ces quelques moments d’égarement ne viennent en rien gâcher les qualités de cet épisode. La série parvient même à doser et équilibrer correctement des moments d’action pures avec des moments plus posés et réflexifs. Ce n’est pas l’harmonie, mais presque…
Un Terminus plein de promesses
Comment finir cette critique sans évoquer le Terminus qui servait de fil rouge à cette deuxième partie de saison. Même si on n’en sait pas beaucoup plus sur ce lieu mystérieux et inquiétant, le peu de scènes s’y déroulant soulèvent suffisamment d’interrogations pour nous donner envie de revenir y faire un tour la saison prochaine. Les scénaristes auront alors tout le loisir d’explorer cet endroit plutôt sordide et plein de promesses.
Bienvenue au Terminus, Bienvenue en Enfer !
Voici ce que l’on sait de cette nouvelle communauté : ils sont organisés et semblent avoir leurs propres rituels, ils sont armés, ils ont capturé d’autres survivants, ils attirent les gens par le biais d’une radio, ils sont commandés par un homme du nom de Gareth, ils ont comme devise « We first always » et possèdent de la nourriture. Enfin et c’est peut-être le plus flippant de tout, des restes humains jonchent leur petit lieu de paradis. En un quart d’heure, l’ambiance est posée et il semble évident que nos héros sont tombés dans un bon traquenard qui risque bien de mettre leur vie une nouvelle fois en danger.
Pour être honnête : cet endroit donne une impression de déjà-vu et fait irrémédiablement penser à Woodbury, ce qui au final n’aurait pas grand intérêt. En attendant de savoir ce qui se cache véritablement derrière ces lieux, ne boudons pas notre plaisir. La tension est là et l’attente jusqu’à la saison prochaine risque d’être très longue…
Avec A, The Walking Dead achève une quatrième saison de qualité plutôt inégale, mais qui au final s’avère beaucoup plus intéressante et passionnante que la précédente. Plus mature et plus sombre, la série est en train de dessiner un chemin plus que prometteur. Les personnages sont plus développés et plus complexes, la survie est de nouveau au centre de l’intrigue et plus que jamais, on craint pour le devenir de nos héros. Ce final, malgré ses défauts, est à la hauteur de cette saison et nous rappelle que The Walking Dead n’est pas qu’une série de zombies : c’est avant tout une série qui traite de l’humanité et de la complexité des rapports humains. Les scénaristes ont mis en place des enjeux vraiment pertinents. À eux de ne pas tout gâcher, comme ce fut trop souvent le cas par le passé…
J’ai aimé :
- Le retour de Rick, plus sombre et violent que jamais
- La violence qui est ici traitée de manière intelligente
- Les promesses apportées par le Terminus
- Michonne qui se livre toujours un peu plus
Je n’ai pas aimé :
- Les quelques scènes gratuites qui ponctuent l’épisode
- Les flashbacks plutôt inutiles et dont la présence n’était pas vraiment nécessaire
Ma note : 14/20