Attention cher lecteur, cette critique est bourrée de spoilers. Si tu n’as pas encore découvert cette saison et cet épisode, je te conseille fortement de ne pas poursuivre cette lecture, au risque de te gâcher de nombreuses surprises.
Il y a des séries comme ça où l’on croit que tout est perdu et pourtant un miracle finit par se produire. C’est clairement ce qui se passe avec The Walking Dead cette année. Alors que j’étais prêt à abandonner la série après la fin assez médiocre de la saison dernière, cette quatrième saison semble poursuivre une dynamique plus que prometteuse. Et ce n’est pas ce final de mi-saison qui me fera dire le contraire. Retour sur l’un des meilleurs épisodes de la série… rien que ça !
L’affrontement a bien eu lieu
Too Far Gone est avant tout l’épisode qui marque enfin le véritable affrontement entre Rick et le Gouverneur. Après plusieurs tergiversions lors de la troisième saison, le temps est venu pour les deux chefs de régler un conflit qui n’a que trop duré. Le personnage du Gouverneur avait beau être intéressant, il était grand temps que cette petite guéguerre prenne fin pour permettre à la série de sortir de sa torpeur. Que ceux qui redoutent un face-à-face bourrin et sans véritable intérêt se rassurent. Les scénaristes ont bouffé du lion et nous propose un véritable spectacle, rempli d’actions et d’émotions.
C’est bien simple : ce combat est tellement riche que n’importe quel téléspectateur y trouvera son compte. Si les amoureux d’hémoglobine et de mitraillettes seront certainement ravis de retrouver quelques moments toujours aussi bourrins, les autres seront contents d’apprendre que pour le coup, on ne nous prend plus pour des abrutis. Cette fois, pas de fumigènes pour se cacher ou de stratégie fumeuse pour esquiver les coups, l’affrontement aura bien lieu et il risque de laisser des traces sur son passage.
Alors shérif, on fait moins le malin maintenant !
Il n’y a qu’à voir le duel entre Rick et le Gouverneur pour s’en rendre compte. Là où ils avaient souvent tendance à s’affronter à distance dans les épisodes précédents, les deux hommes se retrouvent pris ici dans un véritable face-à-face, où tous les coups sont permis et où chacun doit donner de ses forces, de son sang et de sa sueur pour rester envie. C’est un vrai plaisir de voir Rick et les autres dérouiller réellement. La série ose enfin mettre ses personnages en danger et de ce fait, on s’attache beaucoup plus au sort de chacun d’entre eux. Ce combat à mains nues entraîne une tension dramatique qui prend aux tripes, et c’est la première fois que l’on ressent explicitement la haine qui lie les deux hommes. C’est un aspect qui était quasi absent la saison dernière, où la grande majorité des batailles les opposant s’enchaînaient de manière quasi systématique, sans aucune prise de risques et sans aucune finalité apparente.
Violence, vous avez dit violence ?
Et si The Walking Dead devenait une série vraiment plus adulte et mature ? Et si elle décidait d’arrêter de s’assagir et de faire de ses personnages des guimauves ? Dans cet épisode, les scénaristes osent franchir certaines limites. Rarement les protagonistes avaient été aussi violentés dans l’histoire de la série… Âmes sensibles s’abstenir ! En 40 minutes, on a le droit à des enfants qui tuent et qui meurent, la mort présupposée d’un bébé, une décapitation et des balles dans la tête… Le ton est donné et ce programme fait basculer personnages et téléspectateurs dans un véritable climat de terreur. On sent que la série ose aller plus loin et qu’elle s’interdit de moins en moins de choses.
A ce titre, la mort d’Hershel restera sans doute l’un des moments forts de la série. Bien que prévisible depuis un bon bout de temps (à vrai dire, j’étais surpris qu’il ait survécu à la troisième saison), son décès est quand même d’une violence extrême et sauvage. Le papy du groupe se fait d’abord trancher la gorge puis décapité par le Gouverneur, et ça devant les yeux de ses deux filles ! Un acte violent et cruel qui rend l’ennemi de Rick beaucoup plus mauvais qu’à l’habitude.
On se doute que ce geste aura de vraies conséquences psychologiques sur nos héros, qui ne pourront plus jamais envisager la nature humaine de la même manière. La série les confronte pour de bon à la réalité de ce monde apocalyptique, où la monstruosité est partout, aussi bien chez les zombies que les autres rescapés. L’épisode de Carol au début de la saison en est le parfait exemple, puisqu’elle décide de brûler deux survivants malades afin de protéger le reste du groupe d’une infection. Même si j’ai encore des doutes sur sa possible culpabilité, on se rend compte que même les personnages les plus doux basculent du côté de la violence.
Non les enfants, ce ne sont pas des jouets
Même les enfants ne sont pas épargnés par cette violence, qui semble se transmettre entre chaque individu. Eux aussi prennent les armes et sont obligés de tirer sur d’autres humains, avec plus ou moins de sang-froid. Il n’y a presque plus aucune place pour l’innocence et le message dépeint par toute cette montée de cruauté est clair : il faut tuer pour survivre. Espérons que les scénaristes ne fassent pas machine arrière et renoncent à cet aspect inhérent à l’œuvre de Kirkman. Leur mission pour la suite de la saison sera de parvenir à trouver un juste équilibre entre cet élan de violence et des moments plus humains, autour de cette question toujours présente et pertinente de la possibilité de vivre ensemble.
Une nouvelle ère ?
A l’issu de cet épisode, une seule question s’impose : Comment est-ce que les scénaristes vont-ils parvenir à maintenir ce niveau de qualité, tout en se renouvelant ? Maintenant que l’intrigue autour du Gouverneur est terminée et que les survivants ont enfin quitté cette satanée prison qui avait cloisonné l’intrigue, plusieurs possibilités s’offrent à eux et nous sommes en droit de nous demander ce qu’ils comptent nous réserver pour la suite…
Ce huitième épisode marque un véritable tournant et la série ne pourra plus jamais être pareille après ces 40 minutes de violence. The Walking Dead rentre dans une nouvelle ère, encore plus sombre que la précédente, mais qui je l’espère sera moins décevante en termes d’évolution. Ce qui est sûr, c’est que notre petite bande de survivants ne pourra plus jamais être la même après leur rencontre avec le Gouverneur, et que ces événements auront des répercussions sur chacun d’entre eux.
Finie la prison, place à de nouvelles aventures...
Néanmoins, quand on sait que la fonction première d’un épisode de mi-saison est de donner envie au public de revenir faire un tour ensuite, on peut craindre une baisse de qualité dans les épisodes à venir. Les scénaristes nous ont souvent envoyés de la poudre dans les yeux, y compris la saison dernière. Ce sera donc à eux de nous prouver que ces événements ont eu un réel impact sur le déroulement de l’intrigue et sur l’évolution des personnages. A l’heure actuelle, ils ont commencé à mettre en place des voies intéressantes, notamment cette idée de la transmission de la violence… Et si, pour une fois, tout cela n’était pas un leurre ? Il faudra attendre près de deux mois avant d’avoir une réponse…
En attendant, ne boudons pas notre plaisir face à ce qui pourrait bien devenir le meilleur épisode de cette quatrième saison.
J’ai aimé :
- La tension dramatique autour de l’affrontement entre Rick et le Gouverneur.
- L’utilisation intelligente de la violence.
- Cette impression que la série a franchi un nouveau cap.
- La mort du Gouverneur et la fin de la prison.
- La mise en place progressive de nouvelles thématiques.
Je n’ai pas aimé :
- La première partie de l’épisode, un peu longue à certains moments.
- Le côté un peu trop bourrin et excessif de certaines scènes.
- Cette sensation que tout cela ne pourrait être que de la poudre dans les yeux.
Ma note : 16/20
Je me permets de surnoter légèrement cet épisode, juste parce que ça fait vraiment plaisir de retrouver la série en si bonne forme.