Ah The Walking Dead !
Tu es de ces séries capables du meilleur comme du pire.
Tu es de celles qu’on aimerait pouvoir détester mais qu’on ne peut s’empêcher de regarder.
Tu es de celles qui chaque année déchaînent les passions et suscitent à la fois enthousiasme et frustration. Sur ce point, Game of Thrones et toi êtes très proches.
Ah The Walking Dead !
Tu es LA série dont je connais par cœur les défauts, mais qui malgré tout continue de m’attirer. Il y a chez toi un je ne sais quoi qui continue de me fasciner.
Après cinq ans passés à tes côtés, et alors que nous débutons ensemble notre sixième année, je me suis dit qu’il était grand temps que je te fasse une révélation : Je t’aime The Walking Dead !
Je t’aime un peu, beaucoup, à la folie, mais surtout je t’aime passionnément…
Je t’aime autant que je te déteste.
Mon histoire avec toi est bien compliquée, digne des plus grands soaps opéra.
Je t’ai souvent admirée, tu m’as souvent déçu.
Je t’ai souvent défendue, tu m’as souvent lâché.
Mais bon, on s’en fout parce que comme toutes les belles histoires faites de hauts et de bas, ce qui compte c’est nous. Rien à foutre des autres, de leur mauvaise foi et de leurs regards rageux. Une histoire comme la nôtre, ça attise forcément les jalousies et les mauvaises langues.
Je t’aime The Walking Dead ! Ne l’oublie jamais… même lorsque je dois avouer publiquement tes ratés.
Au moins, on pourra pas te reprocher de louper tes affiches. C'est déjà ça...
Car oui, je dois aussi te « critiquer », et ce de la manière la plus impartiale qui soit. Tu me connais depuis tout ce temps : je reste honnête et droit en toutes circonstances et quand il s’agit d’écrire, je suis du genre à y mettre tout mon cœur. C’est encore plus le cas lorsque j’écris à ton sujet. Si cette tâche se révèle assez simple lorsqu’il t’arrive de proposer des choses intéressantes, elle devient beaucoup plus compliquée dès lors que tu proposes un épisode raté comme celui que j’ai la lourde tâche de critiquer aujourd’hui. Malheureusement pour moi et pour nous, tu en as quasiment fait une spécialité depuis plusieurs années et quitte à être totalement honnête : saches que c’est dans ces moments-là que je te déteste le plus. Je te déteste parce que tu m’obliges à dire du mal de toi et je n’aime pas ça.
Alors que débute notre sixième année ensemble, je sens que notre histoire commence sérieusement à battre de l’aile. Serait-ce une nouvelle situation de crise dans notre si belle histoire ? Peut-être… En tout cas, ce qui est sûr, c’est que je ne serai pas tendre avec toi. Pas cette fois… Surtout, ne m’en veux pas. C’est entièrement ta faute. Il ne fallait pas jouer avec moi.
Essayes-tu de te la jouer branchouille ?
Si tu le veux bien, nous allons commencer par le commencement et par ce qui m’a le plus fâché en découvrant ce season premiere : l’utilisation abusive que tu fais des flash-back.
Au début, j’ai vraiment cru à une mauvaise blague. J’étais même sur le point de chercher la caméra cachée planquée dans mon salon tellement je n’avais pas envie d’y croire. Pourquoi, The Walking Dead ? Pourquoi choisir d’introduire cette nouvelle saison par un tel artifice ? Si au moins ces flash-back avaient eu un intérêt quelconque dans le cheminement de ton récit et dans la construction de tes personnages, je n’y aurais pas vu d’inconvénient. Mais là, avoue quand même que tu te fous légèrement de ma gueule, et par là même de celle des millions de personnes qui ont continué de te soutenir contre vents et marées là où d’autres prenaient plaisir à te lyncher.
Après ce premier épisode, nous allons devoir panser nos blessures...
Franchement, je ne comprends pas. Tu aurais très bien pu te contenter d’une narration classique, reprendre là où la saison précédente s’était arrêtée et dérouler ton récit dans l’ordre chronologique. Cela n’aurait strictement rien changé au contenu de ton épisode. Mais non ! À la place, tu as choisi de te la jouer branchouille en ajoutant des flash-back. Et pas n’importe quels flash-back… Non, non, non. Comme-ci cela ne suffisait pas, tu as choisi des flash-back en noir et blanc.
Mais c’était quoi le but ? Tu as voulu te la jouer The Artist au pays des zombies c’est ça ? Ou alors était-ce juste un moyen de dissimuler le fait que tu n’avais pas grand-chose à nous raconter en ce début de saison ? Dans tous les cas, sache que le noir et blanc n’a fait que davantage accentuer mon sentiment de malaise face à cet épisode. Et pourtant il fallait le faire, étant donné que je suis un grand fan du noir et blanc. Juste, j’ai horreur d’avoir l’impression qu’on essaye de me duper en ajoutant de jolis effets un peu partout. Franchement The Walking Dead, tu vaux beaucoup mieux que ça et pour le coup, tu es tombée bien bas. J’en viens donc à mon deuxième point : serais-tu au point mort ?
Serais-tu au point mort ?
Cette question est d’autant plus légitime que te voilà arrivée à ta sixième année. Six saisons, ça commence à faire long pour une série, quelle qu’elle soit. Si à ce stade la plupart des fans sont définitivement acquis, le risque pour une série de se mettre à tourner en rond devient de plus en plus grand. On se souvient notamment de Dexter, dont la qualité a commencé à réellement décliner passée sa cinquième saison.
The Walking Dead, même s’il est encore trop tôt pour affirmer si oui ou non tu subiras le même sort que mon serial killer préféré, ce premier épisode n’est pas des plus engageants et nous fait un peu craindre le pire. Car soyons honnêtes : il ne s’y passe quasiment rien du tout. On a presque l’impression d’un grand vide, et ce malgré les beaux effets auxquels tu as recours et à cette horde de zombies impressionnante que tu fais intervenir. Une horde aussi grande que le vide scénaristique de ton intrigue.
Voilà, voilà...
Si on compare cet épisode au premier épisode de la saison dernière, c’est le jour et la nuit. Souviens-toi comment il y a un an, tu avais démarré ta saison sur les chapeaux de roues. Rarement tu t’étais montrée aussi intense et passionnante. Pour une fois, tu allais droit au but et nous épargnais les éternelles tergiversions et interrogations de tes protagonistes. Ils étaient directement projetés dans une situation de menace et ils n’avaient pas d’autre choix que d’agir. Ici, si la menace est bien présente (la horde de zombies), elle n’est pas amenée de manière suffisamment convaincante pour atteindre l’objectif qui était le sien à la base.
La faute justement à ces flash-back qui s’attardent un peu trop longuement sur les réactions de tes personnages vis-à-vis des événements passés. Comme à chaque fois, Rick joue encore et toujours son bad boy en attendant de péter enfin son câble, Michonne est devenue quasiment invisible et les autres ne font que tirer la tronche. Même le personnage de Morgan est pour le moment une déception. Celui que l’on a tant attendu se contente essentiellement d’observer ce que le shérif est devenu. Pour ma part, son retour n’a pas eu l’effet escompté et c’est bien dommage.
As-tu encore quelque chose à me raconter ?
Le problème de ce premier épisode, ma chère The Walking Dead, c’est qu’il peine à faire apparaître le fil rouge de ta nouvelle saison. Comme si tu ne savais pas encore où tu allais et que tu t’étais sentie obligée de combler les trous en attendant de faire apparaître ces mystérieux Wolves dont nous avons eu un premier aperçu dans le dernier épisode de ta saison précédente. Ainsi as-tu recours à ce que tu sais faire de mieux et qui t’a souvent fait défaut : l’art du remplissage. Petite particularité malgré tout : là où d’habitude tu attends quelques épisodes pour y recourir, cette fois tu entames directement ta saison avec ce remplissage. Là-dessus, y’a pas à dire : tu fais très fort.
Le pire dans tout ça, je pense que c’est le manque de surprise. Comme à l’accoutumée, tu commences par mettre en place un danger imminent qui va venir s’incarner dans les épisodes suivants, avant de t’intéresser ensuite aux traumatismes des personnages pendant au moins deux épisodes. Tu es devenu beaucoup trop prévisible, The Walking Dead, et j’ai la désagréable impression que tu répètes sans cesse le même schéma.
Heureusement que les zombies savent lire. Grâce à eux, on va peut-être avoir droit à un vrai rebondissement.
Si on a du mal à voir oú tu veux aller concrètement après ce season premiere, il n’est cependant pas difficile d’imaginer la suite de ton programme : Alexandria va devoir faire face à la horde de zombies et des gens vont mourir. Suite à cela, les survivants traumatisés vont se poser des questions sur leur survie et réfléchir à de nouvelles options. Après quelques épisodes ronronnants, tu amèneras doucement un nouveau rebondissement avec l’entrée en scène des Wolves, les nouveaux méchants. Et puis ce sera l’occasion de proposer un grand épisode avec sans doute la mort d’un personnage clé (ou pas). Crois-moi The Walking Dead, j’espère sincèrement que tu me donneras tort et que tu sauras créer la surprise. J’ai confiance en toi et je sais que tu es capable de déjouer mes pronostics. Alors, ne me déçois pas.
Le twist final de ton épisode est la preuve que tu es capable de grandes choses quand tu le veux. Ce sont bien les trente dernières secondes de celui-ci qui permettent de redonner une crédibilité à cette menace représentée par la horde de zombies. Tes scénaristes ont une fois de plus été très malins en sauvant de justesse le minimum d’intérêt que nous pouvions avoir pour l’épisode en question. Je préfère cependant te mettre en garde : ça m’étonnerait que cette stratégie fonctionne encore longtemps et il va vraiment falloir que tu sois plus ambitieuse si tu veux surprendre de nouveau. Tu sais, notre histoire est comme toutes les autres histoires d’amour : si on ne fait rien pour raviver la flamme, elle finit par s’éteindre. Te voilà donc prévenue…
C’est donc dans la douleur que tu fais ton retour, The Walking Dead. Si j’aurais aimé un épisode plus éclatant pour débuter cette nouvelle année ensemble, à l’image de ce que tu avais su proposer la saison dernière, je dois malheureusement me contenter ici d’un épisode de transition qui manque cruellement d’entrain. Si on ajoute à cela l’utilisation abusive des flash-back et des effets en noir et blanc, on peut même dire que cet épisode est le pire season premiere de ton histoire. Il ne s’y passe rien, il n’y a aucune direction précise et tu n’offres quasiment aucun développement. C’est long, c’est ennuyeux et ça fait surtout très peur pour la suite. J’espère au moins que notre histoire d’amour résistera au passage des six ans… En tout cas, je croise les doigts.
J'ai aimé :
- La horde de zombies. Même si celle-ci n’apporte pas vraiment grand-chose pour le moment, elle a au moins le mérite de remettre les morts-vivants au cœur du récit. C’est déjà pas si mal…
- Le twist final plutôt malin…
Je n'ai pas aimé :
- Les flash-back et le noir et blanc. Ces effets sont inutiles et n’apportent définitivement rien de plus à la narration et à la construction des personnages. Ils auraient même plutôt tendance à avoir l’effet inverse et à les desservir.
- L’impression de vide laissée par cet épisode. 60 minutes au cours desquels il ne se passe quasiment rien.
- La sensation que la série répète encore et toujours le même schéma et qu’elle n’est plus capable de renouveler son propos sans donner l’impression de faire du surplace.
- Le retour plutôt décevant de Morgan que j’attendais pourtant avec impatience.
- Un début de saison peu engageant et qui peine à poser les bases des épisodes à venir.
Ma note : 8/20.
Cette note est peut-être sévère, mais elle est à la hauteur de ma déception. Ne sois pas fâchée, The Walking Dead, je suis certain que tu seras capable de te relever. Il te suffit juste de remonter un peu tes manches et d’être plus inventive.