Qu'elle fut éprouvante, cette sixième saison de The Walking Dead…
Entre la fausse mort de Glenn en début de saison, la menace des Wolves, l’attaque de la horde de zombies et l’apparition des Sauveurs, les scénaristes se sont amusés à mettre nos nerfs à rude épreuve en installant une tension quasi-insoutenable.
C’est bien simple : jamais, de mémoire de fan, je n’avais ressenti autant de peur et d’insécurité autour de mes survivants préférés. Quasiment tous les personnages se sont retrouvés au moins une fois en danger de mort. Ce climat de terreur et cette tension que la série a réussi à mettre en place lui auront permis de sortir de cette torpeur dans laquelle elle semblait être figée depuis plusieurs années.
Si cette sixième saison fut éprouvante, elle fut donc également une sacrée bonne surprise pour ceux qui n’attendaient plus rien de la série. Et autant dire qu’avec ce dernier épisode, The Walking Dead n’avait pas le droit à l’erreur et se devait d’achever sa saison en apothéose, au risque de gâcher tout ce qu’elle avait mis en place jusqu’ici.
A-t-elle réussi à transformer l’essai avec ce season finale ? Pas sûr. Disons simplement que la mission est en partie réussie.
Un épisode survendu ?
Comme chaque saison, les promesses sont nombreuses concernant le season finale de The Walking Dead. Nombreux sont les journalistes et les membres du casting et de l’équipe de production, à faire des déclarations fracassantes concernant ces épisodes toujours un peu spéciaux. Si cette sixième saison n’échappe pas à la règle, elle a même plutôt tendance à l’accentuer encore davantage.
Très tôt au cours de cette saison, les plus curieux d’entre nous ont appris qu’un personnage emblématique de la série trouverait la mort lors de la rencontre avec Negan, le nouveau méchant de la série. Une rencontre qui, logiquement, devait avoir lieu lors de ce season finale. Cette révélation avait déjà fait monter la sauce et entraîné tout un tas de spéculations en tout genre, certains médias allant même jusqu’à faire des pronostics sur qui allait mourir. Depuis quelques semaines, même les acteurs de la série s’en sont donné à cœur joie, déployant à tour de rôle ô combien cet épisode allait être époustouflant. Andrew Lincoln (Rick) a notamment révélé s’être rendu malade lors du tournage et Josh McDermitt (Eugène) a expliqué que nous n’étions pas préparés à ce que nous allions voir.
Mais c'est qu'il est content de son exploit, le monsieur...
Niveau promotion, on peut dire que le casting de The Walking Dead est très fort, et des révélations comme celle-ci ont naturellement entraîné beaucoup d’attente. À tel point que certains fans comme moi ont veillé tard cette nuit-là, pour pouvoir découvrir ce fameux épisode qui avait tant chamboulé les équipes de la série.
Le problème avec le fait de survendre un épisode comme ça, c’est que généralement, l’épisode en question n’est finalement pas à la hauteur des attentes. Forcément, la déception n’en est que plus grande… ce qui est le cas de Last Day on Earth qui, sans être un season finale décevant, est loin de tenir toutes ses promesses. La faute notamment à un cliffhanger qui risque de laisser bon nombre de fans frustrés et en colère. Car, soyons honnêtes, le choc annoncé n’a pas eu lieu.
Un épisode tendu ?
Pour autant, est-ce que cela fait de Last Day on Earth un mauvais épisode ? Non, bien loin de là. Au niveau de la mise en place de la tension dramatique, on peut même dire qu’il se distingue très nettement des épisodes habituels. À mesure que le camping-car transportant Rick, Carl, Abraham, Sasha, Eugène, Maggie et Aaron avance, on sent que le piège tendu par les Sauveurs est peu à peu en train de se refermer sur eux.
Le groupe de Negan a décidé de bloquer les différentes routes permettant au shérif et ses compagnons de rejoindre la Colline, un endroit où ils espèrent faire soigner une Maggie mal en point et dont l’état se détériore de plus en plus. À chaque blocage, les Sauveurs ont préparé une petite surprise à nos survivants. Ce procédé fonctionne à merveille, puisque cette virée en camping-car devient très vite une virée en enfer.
Chaque étape de ce voyage permet d’en découvrir un peu plus sur les Sauveurs : ils sont nombreux, bien équipés, instables et prêts à tout. La menace qu’ils représentent pour le groupe de Rick se dessine progressivement et on découvre très vite que ce nouvel affrontement qui s’annonce ne sera pas de tout repos.
Il y a des voyages qui s'annoncent plus difficiles que d'autres...
De plus, ce voyage est aussi l’occasion pour certains personnages de se révéler toujours un peu plus. Je parle bien entendu d’Eugène qui, dans cet épisode, brille de par ses connaissances et son sens de la stratégie. Même si au final, son plan ne donnera rien, le voir prendre des initiatives et risquer sa vie pour le groupe était un réel plaisir. Cette saison, la série a voulu montrer que ceux que l’on qualifie de « faibles » étaient tout aussi importants à la survie. Il suffit, pour les leaders, de leur laisser une place afin qu’ils puissent dévoiler l’étendue de leur talent. À ce titre, j’ai trouvé l’échange entre Eugène et Abraham, dans cet épisode, tout à fait juste et plutôt bien pensé.
En ce qui concerne ce voyage en camping-car donc, je trouve l’épisode très malin puisqu’il met en place un climat de plus en plus imprévisible, et prépare doucement la confrontation avec Negan. En tant que spectateurs, on se sent complètement démunis et nous attendons juste le moment où cela va avoir lieu, dans quelles circonstances et surtout, on appréhende de plus en plus la manière dont cette rencontre va se dérouler.
I’m Negan…
Il faudra attendre les quinze dernières minutes de l’épisode pour que cette rencontre ait enfin lieu. Et quelle rencontre !
Personnellement, je n’ai pas du tout été déçu par l’arrivée du personnage. Jeffrey Dean Morgan (Supernatural, Grey’s Anatomy…) est assez charismatique, et son apparition crève l’écran. L’acteur semble très à l’aise dans la peau de ce vilain et lui offre une aura inquiétante quasi-immédiate.
Ça, c'est un méchant qui a de la gueule !
Mais là où cette séquence est réussie, c’est que la tension mise en place depuis plusieurs épisodes atteint enfin son paroxysme. À partir du moment où il décide de battre à mort l’un de nos survivants qu’il compte choisir au hasard, la série atteint un niveau de tension qu’elle n’avait encore jamais frôlé. D’autant plus que tous les personnages sont traités d’égal à égal dans cette séquence : les leaders comme les suiveurs, les femmes comme les hommes. Voir Rick, Carl, Glenn, Daryl, Eugène, Abraham, Aaron, Rosita, Michonne et Maggie à genoux en train d’attendre la sentence est assez incroyable.
Personnellement, je me suis mis à la place des personnages et j’ai été pris aux tripes. Le souffle coupé, les mains tremblotantes et le front en sueur (j’exagère à peine), je me suis vraiment senti mal à l’aise avec la peur au ventre en attendant de savoir qui allait servir d’exemple… Et c’est peut-être là le plus gros raté de cet épisode. Car la série finit par utiliser un subterfuge de mauvais goût qui vient presque immédiatement faire retomber la tension. Une grosse erreur que la série risque de payer très cher.
I’m Lucille…
Si la scène de la rencontre avec Negan est dans l’ensemble plutôt réussie, son dénouement est plus que décevant. Alors que l’on nous a fait miroiter un season finale de choc pendant plusieurs semaines, que la tension est à son comble, que l’on s’attend enfin à connaître l’identité du survivant qui tombera sous les coups du nouveau super vilain de la série, la scène du meurtre est filmée à la première personne. Autrement dit, nous ne voyons pas qui est en train de se faire tabasser à mort et la saison s’achève là-dessus. Cette ultime scène est plus que frustrante et nous comprenons alors qu’il faudra attendre le mois d’octobre et la diffusion de la septième saison pour connaître enfin le nom de celui ou celle qui a fait les frais de sa rencontre avec Negan.
Mais regardez comme elle toute mimi, cette Lucille. Le portrait craché de son papa.
Foutage de gueule, vous dites ? Un peu… Beaucoup, même. La série emploie ici un procédé très malhonnête vis-à-vis de ses fans qui, pour la plupart, seront plus que déçus. Si j’encourage très fortement la série à instaurer davantage de tension et d’insécurité, je suis en revanche plus sceptique quand il s’agit de prendre son téléspectateur pour un c**. Au point de lui faire comprendre avec ce dernier plan qu’il n’aura pas d’autre choix que de revenir la saison prochaine pour découvrir la suite. Une série aussi populaire que The Walking Dead a-t-elle réellement besoin de ça pour faire revenir ses fans l'année suivante ? Sûrement pas, et c’est même tout le contraire. En faisant un choix aussi audacieux, à défaut d’être malin (quoique...), les scénaristes risquent bien de se mettre à dos bon nombre d’entre eux. Dans l'art de gagner du temps, la série excelle une fois de plus.
En outre, ce cliffhanger donne l’impression qu’ils ne savent pas vraiment où ils vont et qu’ils ne sont pas certains à 100% de ce qu’ils veulent faire. Une fin aussi ouverte que celle-ci leur permet de leur laisser le temps de faire d’autres choix et quelques réajustements, au risque de totalement déstabiliser l’équilibre qu’ils avaient réussi à instituer au cours de ces seize épisodes. En cela, cette scène prometteuse et bourrée de tension se transforme en désillusion.
Une série définitivement trop sage ?
Dans la deuxième partie de mon dossier de comparaison entre les comics et la série, j’avais soulevé l’idée que la version télévisée était quand même beaucoup plus sage que les comics pour ce qui est de montrer la violence. J’avais alors avancé plusieurs arguments pour expliquer cette édulcoration de la violence dans la série : des raisons techniques (il est plus difficile de filmer une scène de massacre ou de viol que de la dessiner), des raisons économiques (il faut que la série reste accessible au plus grand nombre et pour ce faire, elle doit se limiter au niveau de la violence qu’elle décide de présenter) ou encore des raisons liées à l’identification aux personnages (la violence exacerbée empêcherait le public de s’identifier à certains héros).
Série TV : 0 - Comics : 1
Déjà avec l’arrivée du Gouverneur, cette violence dissimulée avait un peu terni l’image de ce vilain qui, dans les comics, était beaucoup plus impressionnant et effrayant. Avec Negan, il semblerait que les scénaristes aient décidé d’emprunter le même chemin, malheureusement. La preuve avec ce meurtre à la première personne. S’il était évident que filmer en temps réel une scène comme celle des comics aurait été insupportable, ce choix a aussi ses contreparties, notamment celles d’atténuer un peu trop l’aspect menaçant de Negan et de réduire de manière considérable l'impact de cette scène centrale des comics. Selon moi, c’est une grosse erreur stratégique que vient de faire l’équipe de production.
The Walking Dead détenait ici l’occasion de devenir une véritable série de survie avec ce que cela comporte de scènes gores et d’atrocités. À la place, elle choisit de rester sage et de ne pas choquer son public. C’est à cause de cela que la série ne parviendra jamais à se transcender totalement. De plus en plus, on comprend pourquoi une chaîne comme HBO, qui produit pourtant des séries comme Game of Thrones, a refusé d’adapter The Walking Dead. Cela explique aussi pourquoi les comics seront toujours meilleurs que la série…
Des intrigues plombantes
Autre défaut de cet épisode : l’intrigue Carol-Morgan. Si cette intrigue est intéressante à suivre et que j’aime beaucoup Carol, je me demande si elle avait vraiment sa place dans un épisode comme celui-ci. La remise en question de Carol et sa crise existentielle ont une raison d’être, et sa confrontation avec Morgan aussi. Seulement voilà : cette partie est quand même très philosophique et finit par casser, sans le vouloir, le rythme d’un épisode qui sans cela aurait été tendu de bout en bout.
Pour le coup, il aurait été plus judicieux, à mon avis, de rester concentré sur le groupe de Rick et la rencontre avec Negan. De cette manière, la tension aurait été crescendo et il n’y aurait eu aucune coupure. La tension dramatique déjà bien présente dans cet épisode s’en serait trouvée renforcée.
Et pendant ce temps-là, il y en a qui font la paix...
Avoir intercalé ces moments entre Carol et Morgan au milieu d’un épisode comme celui-ci pourrait nuire à l’intrigue elle-même. Comme je l’écris plus haut, si cette dernière est intéressante, lui faire une place dans ce season finale, c’est prendre le risque de faire baisser la tension et, de ce fait, braquer certains fans qui se détourneront de cette histoire au potentiel pourtant très fort.
C’est aussi là que l’on se rend compte que les vingt minutes supplémentaires de ce season finale n’étaient pas forcément utiles…
Il ne manque vraiment pas grand-chose à ce season finale pour qu’il soit excellent. Un peu moins de digressions philosophiques et surtout un peu plus de risques lui auraient permis de se transcender. Reste que, dans son ensemble, et si on exclut ce cliffhanger honteux, Last Day on Earth reste un bon épisode qui, malgré tout, a su me tenir en haleine et me faire chier dans mon froc, comme le dit si bien Negan. Mais attention, The Walking Dead : il n’est jamais bon de faire des promesses que l’on ne tient pas, et à ce jeu-là, tu pourrais bien finir par payer le prix fort.
J’ai aimé :
- La tension dramatique de cet épisode
- La prise de position d’Eugène
- La rencontre avec Negan
- Le charisme de Jeffrey Dean Morgan
Je n’ai pas aimé :
- Ce cliffhanger honteux
- Cette impression d’avoir regardé un épisode trop survendu, une fois de plus
- Le manque de prise de risques
- L’intrigue Morgan/Carol qui, même si elle est intéressante, vient couper le rythme
Ma note : 15/20.
Au début, je voulais être plus dur au niveau de ma notation pour exprimer ma colère vis-à-vis de ce cliff. Mais voilà, dans l'ensemble, j'ai passé un très bon moment devant cet épisode. 15 donc, pour la tension dramatique et parce que la rencontre avec Negan était bien foutue malgré ce cliff décevant.
Cail1
