The Jury Part II
Les jurés se préparent pour une nouvelle journée au tribunal, les avocats s'affrontant autour des témoins à charge du premier meurtre reproché à Adam Lane. La victime était une femme mariée délaissée par son mari qui rencontrait des hommes par le biais de site de rencontre par internet. Seulement, les jurés doivent aussi faire face pour certains à une vie personnelle en plein désordre qui viennent nuire à leur objectivité.
Résumé de la critique
Un épisode très réussi que l'on peut détailler ainsi :
- un épisode qui installe une routine dans la gestion du récit
- une histoire de faux sentiments et de mensonges
- des scènes au tribunal particulièrement intenses
- un second acte qui clôt la partie installation du récit.
Un jour dans la vie d'un juré
Pour ce second acte de "The Jury", Peter Morgan choisit de reprendre la même construction que le premier épisode, suivant du réveil au coucher certains des membres du jury. L'occasion de se familiariser parfaitement avec les nombreux personnages et de voir les différentes storylines se mettre en place. Soucieux avant tout du réalisme, les auteurs prennent leur temps pour cette phase d'exposition qui fournit de nombreuses informations sur les personnages et cherchent à établir des liens indirects avec l'affaire Lane.
La première partie de l'épisode se révèle assez pauvre, partie de l'épisode la moins riche, les auteurs cherchant indéniablement à garder le secret sur la nature du trouble qui touche l'un des jurés, un jeune homme perturbé nommé Rashid. Chaque membre du jury a sa petite histoire qui sera développée dans la suite de l'épisode, donnant une sensation de foisonnement, mais qui trouble la ligne directrice d'une seconde partie légèrement plus confuse que la première. Malgré tout, l'ensemble reste particulièrement captivant, The Jury possédant un casting particulièrement dense et convaincant pour donner vie à ce groupe de personnes.
Seulement, à force de trop écarteler le récit entre les différents personnages, les auteurs se heurtent au problème de réussir à créer des connections entre ces intrigues secondaires et l'affaire Alan Lane. L'occasion pour le show de se poser la question de la pertinence de laisser un groupe de citoyens choisis au hasard de décider de la justice à appliquer envers un assassin.
Les petites histoires et la grande
Pendant que le premier crime présumé de Lane va occuper un tiers de l'épisode, la plus grande tâche des auteurs va constituer à créer des liens indirects entre les meurtres des trois jeunes femmes et les vies des jurés eux mêmes. Comme la jeune femme qui fréquente justement les mêmes sites de rencontre que les victimes, tous ont de bonnes raisons pour ne pas se montrer vraiment objectif. Petit à petit, les scénaristes nous montrent leur faille, posant clairement la question de la pertinence de la présence d'un jury non professionnel dans une affaire de cette nature.
Leurs destins ne se croisent pas, chacun vaquant à ses propres occupations pendant que des personnes extérieures tentent de venir influer sur la décision des membres du jury. Vieux garçon vivant avec sa mère malade, Paul Briedley est la cible d'une femme qui cherche à se rapprocher de lui, se présentant comme une des jurés de la première affaire. La naïveté de cet homme va en faire la victime idéale, créant un parallèle avec les trois femmes assassinées, pour faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre, pendant que ce procès va devenir aussi celui des membres du jury.
Simple spectateur, ils assistent à l'empoignade entre les deux avocats, certains d'entre eux ayant déjà perdus une part de leur impartialité. Plus qu'un simple procès avec des preuves et des témoins, c'est avant tout une bataille d'influence qui se joue devant nous, une guerre invisible où les jurés se révèlent beaucoup moins fiables qu'il n'y parait.
Des scènes au tribunal remarquables
Si The Jury peine à développer harmonieusement les nombreuses storylines concernant les membres du jury, la partie judiciaire est un vrai régal, d'une intensité et d'une précision remarquable. Avocate obstinée et combative, Emma Watts rend coup pour coup au procureur, n'hésitant pas à franchir les limites si nécessaires. Absolument remarquable dans ce rôle, Julie Walters propose un personnage fort, utilisant une pointe de condescendance pour s'adresser aux témoins de l'accusation, réfutant avec clarté et plus ou moins d'efficacité chacun d'entre eux.
Pendant que se déroule cette joute verbale impitoyable, l'accusé reste totalement silencieux, ne commençant à s'exprimer que dans le dernier acte. La bataille sera terrible, les jurés devant s'abstenir de prendre parti devant deux représentants de la justice qui n'ont de cesse de les pousser à choisir leur camp, convaincu de porter en eux la vérité. Un combat sans pitié où chaque mot à son importance, la moindre faiblesse transformant une preuve scientifique pour lui faire raconter une autre vérité, ne laissant à la barre qu'un expert totalement décrédibilisé.
Vraie réussite de la série, ce premier round entre la défense et le procureur marque la fin d'une phase d'installation du récit certes un peu lente, mais particulièrement efficace. Un show surprenant et intense, avec une opposition remarquable entre deux comédiens très convaincants pour une histoire où les certitudes d'aujourd'hui deviennent les doutes de demain.
Une étape d'installation du récit très maîtrisé
Mini-série en cinq parties, The Jury est très ambitieuse et prend le temps de mettre en place tous les éléments nécessaires en vue des trois épisodes à venir. Un show en apparence très solide qui donne l'impression de savoir où il va, lançant des pistes intéressantes pour la suite de la saison. Dès demain, je proposerais une critique de l'épisode trois, sachant que je conseille fortement de regarder ce show jour après jour pour éviter une certaine confusion entre les nombreux personnages qui composent la série.
En conclusion, un deuxième épisode un peu moins convaincant que le premier, mais qui propose une intrigue de qualité et des scènes au tribunal assez renversantes. Les acteurs sont remarquables, avec une préférence particulière pour Julie Walters qui met les témoins en pièce avec un style irréprochable. Les vies des victimes rejaillissent sur celles des jurés, pendant que l'objectivité de chacun d'entre eux est mise à mal soit par un drame personnel, soit par le biais de personnages mystérieux qui cherchent à faire pencher la balance de leur côté.
J'aime :
- le casting impeccable
- l'écriture assez remarquable
- la mise en scène très immersive
- les séquences au tribunal impressionnante
Je n'aime pas :
- une progression un peu trop mécanique dans le premier acte
Note : 14 / 20
Un second épisode très convaincant qui confirme toutes les qualités entrevues dans le pilote, malgré un démarrage un peu moins convaincant. Une série immersive et intense, surtout lors des scènes entre les deux avocats d'une intensité vraiment remarquable. Une série judiciaire de haute volée, tenue par des comédiens épatants, qui mérite pleinement le coup d'oeil.