Pitch Abaddon (premier nom infernal)
Todd aimerait être une star du Hard Rock, incarner ce sommet de virilité que représente à ses yeux le guitariste solo des groupes de métal. Mais Todd est tout l'opposé de son fantasme : sans charisme, sans sensibilité, sans charme et aussi sans intelligence. Après s'être fait éjecter du concours de meilleur groupe de Rock du Lycée, il va tomber sur un groupe de métalleux qui vont lui parler d'un livre magique, celui du mal à l'état pur qui peut le transformer en tout ce qu'il désire.
Ode à la virilité
Episode vraiment allumé, dans le bon et le mauvais sens à cause de quelques fautes de constructions, TBPE est une oeuvre potache, réellement folle qui se nourrit des nouvelles références du machisme moderne. Fini le sportif et ses exploits, bonjour la gratte que le héros tient entre ses jambes, la caressant, la frottant pour essayer de libérer sa virilité intérieure. Bon, je sens que les remarques qui pointent : est-ce que je suis en train de parler de guitare ou de pénis, c'est cela que vous vous demandez ? Bienvenue dans l'univers de Todd and The Book of Pure Evil.
Ami de la subtilité, passez votre chemin car ce show n'hésite pas une seule seconde à multiplier les métaphores peu subtiles sur la quête pathétique de la masculinité. Si par moment cela frise le grotesque (un duel de guitare qui devient une métaphore de sodomie, très drôle) cela se montre particulièrement peu inspiré en limitant le héros à n'être que l'expression d'un cliché pathétique et humiliant. Car Todd n'a rien pour lui, il incarne la loser attitude des ados prépubères incapable de passer à l'acte, obsédé par Jenny, une fille totalement hors de sa division.
Une fois compris le concept régressif du show, la série s'avère un peu timorée, n'arrivant à dépasser la blague de potache, comme une masturbation incomplète et frustrante. Les personnages sont plutôt bien installés, mais tout comme son héros, TPBE fait preuve des manières d'un puceau, malhabile et trop pressé pour vraiment créer l'ambiance nécessaire pour séduire.
Le fantasme au masculin
En montrant Todd comme le pire des losers, la série marque des points, surtout que sa motivation s'avère totalement guidée par une libido particulièrement pathétique. Le personnage de Jenny s'avère heureusement plus subtil que ce troupeau de mâles en rut, apportant quelques moments de répit indispensables aux délires régressifs des auteurs. Maggie Castle se montre bien plus convaincante que Alex House qui peine encore à trouver l'interprétation juste du héros, la faute à un matériel excessivement pauvre.
Je reprocherais par exemple la clémence dont font preuve les auteurs envers ce héros qui mérite clairement de souffrir, victime de son absence de maturité. Le scénario ne dépasse pas la blague de sale gosse, incapable de donner une autre dimension un tant soit peu réaliste à son intrigue principale. Se moquer du monde des fantasmes des garçons est une chose, mais encore faut-il l'équilibrer par la mise en lumière de l'importance du passage à l'acte dans la construction de l'individu, seule manière crédible d'assumer sa nature profonde.
Jenny devra montrer par son mépris à Todd que le fantasme n'est pas l'expression de son désir, mais celui d'une vanité exacerbée, ce qu'elle fait particulièrement bien en fin d'épisode. Saluons de plus l'étonnante performance de Curtis Weaver, parfait dans son personnage enfantin et profondément lunaire, venant équilibrer le côté terriblement scabreux de Todd.
Régressif, débile, interdit aux filles
Série potache et allumée, TPBE vise avant tout un public nourri à la testostérone prêt à se reconnaître dans ce héros navrant, mais finalement assez réaliste. Puceau bloqué par la peur du passage à l'acte, Todd incarne l'antihéros parfait, mais doit gagner en finesse et évoluer pour éviter que la série ne soit contrainte de faire dans la surenchère. Par contre, ce show n'est pas à conseiller aux plus innocents d'entre nous, les âmes pures qui veulent se protéger du démon, de la luxure et des péchés du vice.
Car dans les ténèbres se cachent bien plus que l'expression de nos fantasmes, elles contiennent aussi les ombres de nos cauchemars, axe que la série saura, je l'espère, exploiter à l'aide de cette secte mystérieuse. Pas totalement convaincu, je suis suffisamment intrigué par le potentiel potache de cette série qui se moque intelligemment de la virilité, de ses clichés et la forme moderne du machisme avec un style détonnant.
J'aime :
- la guitare comme métaphore pelvien. Très drôle.
- un esprit sale gosse qui atomise tout
- un personnage féminin assez intéressant
Je n'aime pas :
- une intrigue qui joue la facilité en s'interdisant toute finesse
- certains gags peu inspirés
- Todd doit payer plus cher le prix de ses erreurs
Note : 11 / 20
Sanchiffre va me hurler dessus en voyant que j'ai réussi à faire une critique "presque cohérente" de TBPE au vu de ce pilote vraiment allumé. Très régressive, une série à regarder en connaissance de cause pour pouvoir jouer le jeu de ce show où la virilité et la stupidité masculine se montrent sous des visages des plus pathétiques et du coup, des plus réjouissants.