Critique : Veep 1.02

Le 13 juin 2012 à 13:47  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode amusant qui manque d'un vrai fil directeur pour convaincre réellement.
Par sephja

Critique : Veep 1.02

~ 7 minutes de lecture
Un épisode amusant qui manque d'un vrai fil directeur pour convaincre réellement.
Par sephja

Quelques minutes d'espoir 

 

La vice-présidente Selina Meyers est en passe d'obtenir le soutien de plusieurs sénateurs pour le vote de son programme écologique, mais doit faire face à l'exigence de ceux-ci de voir l'industrie du pétrole mis à l'écart de son financement. Piégée entre ses différentes promesses, la vice-présidente réunit ses conseillers pour mettre au point une stratégie afin de sauver la face lorsque le président est victime de problèmes cardiaques. 

 

Résumé de la critique 

 

Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une construction assez maladroite en deux parties 
  •  Selena, une femme aux deux visages  
  •  une utilisation de la vulgarité singulière 
  •  un show comique en quête de la bonne dynamique

 

 

Aveu d'impuissance 

 

Découpé en deux parties, cet épisode va être le symbole des limites actuelles de la série, proposant deux arcs inégaux avec une première moitié assez moyenne et une seconde plus inspirée. Le premier acte va se concentrer sur la vie politique de la vice-présidente, essayant de construire un lien avec l'épisode pilote en montrant ses efforts pour exister par le biais d'un projet écologique. Une intrigue qui mise avant tout sur les comédiens et un décalage comique intéressant, le duo Tony Hale - Julia Louis-Dreyfuss fonctionnant très bien. 

Le problème de cette première partie va venir de son manque de clarté, la série possédant une tendance regrettable à jeter le spectateur dans la mêlée, multipliant les informations sans vraiment les hiérarchiser. Le but des auteurs consiste à faire que Selena se prenne les pieds dans le tapis, commettant encore un impair en acceptant une proposition qui l'oblige à aller contre l'arrangement qu'elle avait obtenu lors du pilot. La séquence suivante de brainstorming aurait pu être drôle, mais elle marque surtout l'incapacité des scénaristes à faire vraiment exister des personnages secondaires encore assez fragiles. 

Pris dans une impasse évidente du point de vue des idées comiques, les auteurs ajoutent une séquence inattendue où la vice-présidente apprend un possible malaise cardiaque du président et se retrouve emmené de force à la Maison Blanche. Une séquence vraiment réussie, entre tristesse, espoir et amertume, avec une Julia Louis-Dreyfuss impeccable qui entrevoit la possibilité d'obtenir le poste de ses rêves. L'écriture possède alors une cruauté envers son personnage principal qui fonctionne parfaitement, même si le final abuse légèrement d'une certaine vulgarité en la ridiculisant plus que nécessaire. 

 

Les deux visages de la vice-présidente 

 

Ce que le premier acte montre clairement, c'est la complexité d'un personnage principal qui est clairement le point fort du show. En effet, Selena essaye au mieux d'habiter son poste de vice-présidente, mais elle n'y parvient pas vraiment, la faute aux limitations de son pouvoir de négociation, se pliant toujours au  final aux exigences des autres. Privée de tout pouvoir véritable, elle appuie sur le prestige fictif d'un poste purement honorifique, se faisant manipuler en plus par un sénateur qui expose clairement son manque total de moyen de pression. 

C'est là le dilemme de la veep, à savoir qu'elle se trouve si près du pouvoir qu'un simple malaise suffirait à la transformer en la femme la plus influente du pays. Ce moment où elle est contrainte de quitter la Maison Blanche est vraiment intéressant, montrant tout l'intérêt de cette série au travers du regard désabusé de cette femme qui veut croire en son destin, mais perd lentement la foi. Le final va la ramener au stade de simple être humain, la montrant dans une grande fragilité à la fois touchante et totalement humiliante. 

Si Veep possède du potentiel, c'est avant tout grâce à la relation que les auteurs créent entre le spectateur et son héroïne, à la fois témoin de ses faiblesses et de ses désillusions. Conscient d'être l'archétype du antihéros, la vice-présidente est un personnage à la fois attachant et grotesque, brisant l'image trop lisse des hommes politiques en révélant la face cachée de ceux qui essaient d'exister, même privés de tout pouvoir. 

 

 

De l'usage de la vulgarité 

 

Série portant sur la politique américaine, Veep est construite afin de mettre en avant sa crédibilité, jouant sur le décalage permanent entre l'aspect très sentencieux du décor et le langage fréquemment vulgaire. Une utilisation qui peut paraître intéressante par instant, laissant apparaître le manque de déférence des sénateurs envers une femme privée de tout pouvoir. La vulgarité apparaît clairement comme un élément important du langage, marquant la différence entre le discours officiel et les propos officieux, les conseillers s'insultant fréquemment sans la moindre retenue. 

Comme un moyen d'évacuer la pression, la vulgarité sert à marquer la nuance en politique entre le discours officiel fait de négociation et la confrontation qui sert à installer une hiérarchie, marquant la limite entre le discours off plus direct et les formules de convenance. Cette façon d'appuyer l'importance de l'usage des mots est une des réussites de l'univers de Veep, surtout que Selena laisse souvent son naturel prendre le pas sur les éléments de communication. Un défaut gênant pour une politicienne qui ne parvient pas à prendre le recul nécessaire pour maîtriser son discours et se protéger, trop obsédé par l'idée de rater l'occasion de reprendre la main sur sa destinée.

Histoire d'une politicienne incapable de reprendre pied après son propre échec, la vice-présidente apparaît comme assez sympathique, sa vulgarité ne valant que par le caractère profondément humain qu'elle lui apporte. Femme politique en quête d'un feu sacré qu'elle a perdue, Selena est le coeur d'une série encore maladroite, mais qui possède un vrai potentiel et nécessite un peu de temps pour s'apprécier. 

 

L'art de la patience 

 

Si Veep peut déranger au premier abord, c'est avant tout à cause des maladresses d'un récit qui part dans beaucoup de directions sans vraiment les mettre en valeur. Pourtant, le potentiel est clairement perceptible, mais la première moitié de l'épisode est l'incarnation des défauts d'une série qui refuse de prendre le temps de nous introduire aux arcanes de la politique américaine et du jeu des lobbys. La seconde partie se révèle heureusement plus amusant, même si la section chez le marchand de glace est globalement pathétique, surtout concernant le personnage du journaliste, mal employé et assez inutile. 

En conclusion, un épisode qui renoue avec les défauts et les qualités du season premiere, à savoir un personnage principal intéressant et une intrigue trop dispersée pour fonctionner. L'ensemble est suffisamment crédible pour garder son originalité, mais peine à vraiment arracher un rire franc et sincère, la dynamique comique peinant à se mettre en place. Heureusement, la conclusion se révèle beaucoup plus captivante, avec une vice-présidente qui se retrouve avec tous les pouvoirs en main, juste le temps d'y croire, quelques secondes de rêves avant une vie de cauchemar. 

 

J'aime : 

  •  le personnage principal intéressant 
  •  les acteurs plutôt bons 
  •  la scène à la Maison Blanche

 

Je n'aime pas : 

  •  la scène finale un peu trop facile 
  •  la dynamique comique pas vraiment efficace 
  •  le récit trop dispersé 

 

Note : 11 / 20 

Si la série possède un réel potentiel grâce à son personnage principal et à des très bons dialogues, l'ensemble manque encore de stabilité, avec des intrigues trop dispersées pour convaincre. Un vrai regret tant la scène à la maison blanche est une vraie réussite, avec une Julia Louis-Dreyfuss particulièrement formidable.

L'auteur

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