Critique : Veep 1.03

Le 04 juillet 2012 à 04:07  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode très réussi qui met en avant une maîtrise parfaite des auteurs d'un humour particulièrement grinçant.
Par sephja

Critique : Veep 1.03

~ 7 minutes de lecture
Un épisode très réussi qui met en avant une maîtrise parfaite des auteurs d'un humour particulièrement grinçant.
Par sephja

Cruauté administrative


La Veep reçoit la visite de sa fille Catherine, une jeune étudiante qu'elle peine à caser dans son emploi du temps surchargé. Concentrée sur sa nouvelle rivalité avec la première dame et la nomination de Chuck Furnal à son groupe de travail sur les "Clean Job", Selena est débordée et ne fait pas vraiment l'effort de s'intéresser à sa famille . Surtout que ses alliés du Sénat et les lobbys pétrolier n'en veulent pas de cette nomination, faisant pression commune contre sa décision.

 

Résumé de la critique

 

Un épisode très réussi que l'on peut détailler ainsi :

  •  un récit dynamique et captivant
  •  la dictature des communicants
  •  un humour cruel empli de cynisme
  •  très réussi et brillant

 

 

Une journée menée tambour battant

 

Poursuivant son concept autour de l'unité de temps, Veep poursuit Selena le long de cette journée périlleuse, occasion pour Armando Iannucci de nous proposer un épisode vraiment réussi qui va utiliser au mieux le format très dynamique du show. Une journée singulière qui démarre pour le mieux pour la vice-présidente avec son retour sur la scène médiatique par le biais d'une photo où elle fait de l'ombre à la première dame elle-même. L'occasion pour elle de profiter de cette dynamique positive pour tenir ses promesses envers l'industrie pétrolière avec la nomination de Chuck Furnam parmi le groupe de travail sur les emplois propres.

Manipulation politicienne grossière, cette nomination lui offre l'occasion de trouver un compromis par rapport à ses engagements envers le sénateur Doyle. S'appuyant sur une récit continuité avec les épisodes précédents, la série parvient à se débarrasser en partie des phases d'exposition délicate du début de saison, donnant un récit sans temps mort et dynamique. L'occasion d'admirer le numéro d'équilibriste de Julia Louis-Dreyfus, la comédienne nous offrant un numéro d'hypocrisie totalement délectable, surtout envers sa fille.

Durant tout l'épisode, la Veep joue à maintenir les apparences et à esquiver ses propres contradictions, poussant le spectateur à guetter sa chute avec un plaisir cruel que les auteurs s'amusent à exacerber. Le comportement de Selena est tellement lâche et exaspérant qu'on en vient à la détester, chacune de ces déclarations venant contredire la précédente, portrait pathétique d'une femme incapable d'avoir une opinion à elle. Cynique, Veep peut surtout s'appuyer sur une dynamique comique très efficace, le show peaufinant lentement des personnages de communiquants de plus en plus délectables.

 

Spin Doctor

 

Dans Veep, les communicants sont la force comique de la série qui se rit beaucoup d'eux, occupant l'espace autour de Selena, l'empêchant de profiter de la moindre liberté. La scène de conclusion est assez symptomatique de cette relation étrange entre politique et conseiller, montrant un duo grotesque entre une héroïne qui simule une familiarité peu crédible, aidée par un Gary peu discret que tous font semblant de ne pas voir. Omniprésent et dirigiste, les conseillers de Selena lui guident quoi penser, quoi porter et quoi faire sans que jamais leur opinion ne soit remis en cause par une femme qui ne croit plus vraiment en son instinct.

Si la Veep a une vie publique chargée et compliquée, sa vie privée est  réduit au néant, son travail ne lui laissant pas même le temps de prendre soin de sa propre fille. Protégée du monde réel par un service d'ordre imposant, elle vit derrière une barrière d'assistant qui servent surtout à la tenir dans une relative ignorance, la vice-présidente montrant une naïveté remarquable à plusieurs occasions. Certes, le spectateur rit, mais le regard désemparé de sa fille ajoute une note de tragique qui fait la beauté de cet épisode et le charme de ce portrait à la fois touchant et cruel.

Entre comédie et satire féroce, Veep nous propose une plongée dans un univers politique cynique et manipulateur où tout n'est que compromis et rapport de force. La pirouette finale en est le parfait exemple, justifiant le travail de préparation des deux premiers épisodes, tandis que l'on s'attache peu à peu à des personnages de plus en plus lisibles. L'inconfort des premiers temps s'efface, laissant apprécier la finesse d'une comédie cruelle sur les apparences d'un monde politique où les idées n'existent plus, balayées par le dictat des communicants.

 

 

La définition du rire jaune

 

Si l'épisode réserve quelques répliques vraiment drôles, il reste avant tout un show étonnamment crédible autour de la destinée ratée d'une femme qui vit encore dans l'illusion de sa campagne pour devenir présidente. Son quotidien consiste pour elle à trouver un moyen de jouer le troisième tour de ce combat, essayant d'attirer l'attention d'un président qui la traite avec le mépris des vainqueurs. Chaque coup que prend Selena nous plonge dans une situation ambiguë, partageant avec elle son amertume tout en riant de sa déconvenue.

Finalement, le personnage de Catherine est le seul à qui le spectateur peut s'identifier, spectatrice blasée devant la valse de sa mère et de son armée de communicants. Un personnage triste qui cherche à retrouver dans la Veep les preuves de l'existence de sa mère et cette touche de sincérité qui a totalement disparu, dévorée par une ambition insatisfaite. La chute finale concernant l'histoire du chien est réellement brillante, soulignant l'impossibilité d'une vie privée une fois que une personne est sous le feu des projecteurs de l'enfer médiatique.

Après un début difficile et déstabilisant, la série trouve son rythme grâce à une routine claire et des personnages mieux identifiés qui interagissent efficacement. Mieux rythmés et horriblement lucide sur l'univers de la politique actuelle, les scénarios de Veep parviennent à tirer parti d'un parti pris esthétique du mockumentaire risqué, mais finalement étonnamment payant.

 

Un comique redoutable

 

Après un début de saison difficile et une mise en place légèrement poussive, Veep progresse enfin et prouve qu'elle est un show qui mérite de faire l'effort de s'immerger dans son univers. Avec des comédiens impeccables, la série de Iannucci confirme ses ambitions, se moquant avec beaucoup de lucidité de la politique américaine et de ses travers. Une belle réussite qui ne déclenchera pas de grands fous rires, mais se révèle plutôt addictive grâce à des épisodes qui s'enchaînent sans véritable rupture dans l'intrigue.

En conclusion, un premier épisode vraiment prenant de Veep qui achève la mise en place du show et lance une mécanique comique très efficace et surprenante. Avec son style proche du documentaire, les auteurs nous projettent dans les coulisses de la vice-présidente, entre hypocrisie et manipulation. Espérons que la suite saura continuer sur cette lancée tant l'absence de temps mort et la qualité de la réalisation donne pour l'instant un divertissement assez épatant, maniant l'humour grinçant avec une adresse étonnante.

 

J'aime :

  •  les scènes comiques très réussies
  •  les comédiens impeccables
  •  le rythme trépidant et la réalisation immersive
  •  la scène finale grotesquement drôle

 

Je n'aime pas :

  •  rien

 

Note : 15 / 20

 

Après un démarrage poussif et des premiers épisodes inégaux et confus, Veep révèle sa vraie nature, à savoir une comédie grinçante assez irrésistible et plutôt addictive. Drôle et triste à la fois, un épisode qui exploite parfaitement les éléments mis en place précédemment, spectacle pathétique d'une femme entraînée par sa soif de pouvoir.   

L'auteur

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12.71
13.5

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