Devons-nous être inquiets de la montée en puissance des « procedurals » ?

Le 29 juin 2013 à 15:24  |  ~ 3 minutes de lecture
"Horatio, la nouvelle chronique de SerieAll revient pour sa deuxième édition ! - Elle risque de connaître des hauts... et débat !" YEAAAAAAH !
Par MoolFreet

Devons-nous être inquiets de la montée en puissance des « procedurals » ?

~ 3 minutes de lecture
"Horatio, la nouvelle chronique de SerieAll revient pour sa deuxième édition ! - Elle risque de connaître des hauts... et débat !" YEAAAAAAH !
Par MoolFreet

 Proceural

 

Mes chers amis, Série-All n'a peur de rien. Après avoir lancé sa nouvelle rubrique « Quand on débat, ça vole haut ! » en osant questionner l'hégémonie du mastodonte du moment Game Of Thrones, allant même jusqu'à sous-entendre que la série pourrait être surcôtée, c'est à présent à un genre entier que Série-All s'attaque.

En effet, les série-vores que nous sommes avons tendance à nous comporter en élitistes et à froncer des sourcils à la moindre évocation de ces séries qu'on appelle aux States les « procedurals ». Ces séries, dont les exemples les plus marquants sont les NCIS, Les Experts ou Mentalist, sont destinées au grand public, à la « masse », et usent donc d'ingrédients que certains n'apprécient pas et sur lesquels je reviendrai. Pourtant, elles s'imposent comment des valeurs sûres pour les chaînes de télé avec leurs audiences tonitruantes, et par conséquent leurs revenus publicitaires juteux.

 

Alors la question de cette quinzaine est la suivante : devons-nous être inquiets de la montée en puissance des « procedurals » ?

 

Oui parce que franchement, entre vous et moi, voir Gibbs coller des tartes à Di Nozzo, voir Grissom, Horatio ou Mac étudier un cheveu ou un poil de couille, ça commence sérieusement à me saouler. Alors, si ces séries-là arrivent à se taper des saisons par dizaines, quand à côté certains bijoux peinent à dépasser la dizaine d'épisodes, non là franchement c'en est trop !

Castle

L'intérêt principal est de pouvoir maintenir une grande audience par vents et marées : on accroche le spectateur avec quelques effets intéressants ou quelques personnages atypiques, on reproduit systématiquement les mêmes schémas pour ne pas le perturber, et puis on ne connecte quasiment pas les épisodes entre eux, de sorte que si l'on en manque un, on puisse suivre le prochain. Vous vous imaginez bien que rater un épisode de Breaking Bad ou Game Of Thrones, ça vous fout un peu dans la merde en comparaison.

J'en entends déjà certains s'indigner « oui mais attends, c'est pas que ça, y'a aussi de l'humour, de l'action, voire de l'amour... et des fils rouges » et je ne les contredirai pas. Mais personnellement, ce n'est pas ce que j'attends d'une série. Et celles-ci resteront donc au mieux un divertissement correct.

House

Toutefois, je ne suis pas complètement obtus non plus, et je suis convaincu qu'on peut faire des choses bien voire très bien avec ce type de format. Les exemples les plus frappants sont House, qui reste quand même une série brillante, X-Files, dont je ne cesserai jamais de louer la qualité, Fringe sa petite sœur, ou même encore Lost, par exemple, qui a souvent usé de ce format en se focalisant sur un personnage, chacun son tour, au moyen de flashbacks, et en distillant quelques révélations. Mais celles-ci restent quand même assez exceptionnelles, et surtout elles se démarquent parce qu'elles se focalisent sur ce que j'aime personnellement dans une série (le background, les personnages, leurs histoires, leurs relations...), et pas vraiment sur le sujet ponctuel de l'épisode.

La série-feuilleton, c'est justement la l'intérêt par rapport au cinéma, pouvoir développer des personnages, des intrigues sur plusieurs heures, sur des dizaines d'épisodes, c'est un luxe incroyable dont il ne faudrait pas se priver dans une course à la rentabilité. Alors ouais, personnellement, quand j'imagine des séries comme Six Feet Under, The Wire, The Sopranos ou autres remplacées progressivement par les Experts San Francisco, Chicago, NCIS Seattle ou que sais-je encore, bah je vous le dis, j'ai mal à mon disque dur.

Mais comme je suis un mec ouvert d'esprit malgré ce que vous avez pu imaginer à la lecture de cet article, je vous propose qu'on en débatte amicalement dans les commentaires.

L'auteur

Commentaires

Avatar sephja
sephja
Personnellement, je ne trouve pas que cette année a vu le succès des séries procédurières, beaucoup d'entre elles ayant connu leurs derniers souffles comme Body of Proof ou CSI NY (j'en oublie). NCIS ou NCIS LA sont l'arbre qui cache la forêt, tant un show comme Elementary aura connu un succès moyen au vu de la rampe de lancement dont il profitait. Niveau audience, le succès de l'année est Scandal, une série qui applique la méthode Shonda Rhimes avec 50% de formula show et 50% de mythologie. Un mélange qui a clairement cartonné, poussant même la grande CBS a passer la commande de série qui lorgne clairement vers ce type de format. Person of Interest se place aussi dans ce cadre, même si l'équilibre mythologie - formule est loin d'être aussi bien maîtrisé que Shonda. Sans vraie fil rouge conducteur, Hawaii Five-O a but la tasse face à Castle, le public se passionnant à juste titre pour la relation de couple de Caskett. Continuum a suivi le même chemin, abandonnant son format de l'année dernière pour une mythologie qui lorgne indirectement vers Ender's Game avec Thésée <-> Hégémon. Mais je m'égare... non, les séries feuilletonnantes vont clairement pour le mieux avec le succès de The Walking Dead, Dexter et dernièrement Dome. Personnellement, j'aime bien les procéduraux, ce sont des séries qui prennent le risque d'assumer leur style répétitifs, là où des feuilletons comme Ouat et Revenge ont multiplié les twists jusqu'à essoufflement. Le feuilleton est séduisant, mais il possède ses gros travers lorsque l'intrigue se réduit à une suite d'incohérences pathétiques. Le procédural est facile à suivre, attachant, un peu bête souvent, mais peu offrir de belles surprises comme l'hilarant 2x01 de Body of Proof. Une série meurt le jour où sa mythologie devient un vulgaire écran de fumée, révélant l'absence de "plan" ou d'idées directrices. On peut être un simple procédural et avoir un coeur et une belle âme ("Cracked", "Golden Boy") et être un feuilleton fumiste et indigent (TWD, mais c'est un avis personnel)... une bonne série ne dépend pas de son format, mais de ses intentions ou de son mystère... après tout, rien n'est plus beau que l'inclassable.

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CaptainFreeFrag
Y a que moi qui suis en train de me fapper sur le pavé de Sephja ?

Avatar Aureylien
Aureylien
Putain Sephja c'est beau ce que tu dis !

Avatar Antofisherb
Antofisherb
Non non, c'est très juste ce qu'il dit, je suis d'accord avec lui sur le principe. Cela dit, malgré tout, je pense que je préfèrerais toujours une série qui prend des risques, quitte à se planter, plutôt qu'une série qui répète encore et toujours la même recette bien rodée. Ce ne sont pas forcément de bonnes séries, et sont parfois très irrégulières, mais lorsqu'elles réussissent leur pari, mon plaisir de sériephile sera toujours supérieur à celui ressenti devant un procedural. D'ailleurs si elles se loupent, mon plaisir sera à l'inverse bien inférieur à un procedural, mais bon, je préfère une série irrégulière qui tente des choses qu'une série régulière sympathique mais qui ne sera jamais plus. Quant à prendre le "risque" d'assumer son côté répétitif, je ne suis pas certain que ce soit réellement un risque. Cela dit, pour nuancer mon propos, certaines mauvaises séries feuilletonnantes finissent par ne plus prendre de risque en répétant encore et encore la même structure du cliff pétard mouillé, qui deviennent alors dans un certain sens des procedurals à leur tour.

Avatar MoolFreet
MoolFreet
Il y a une autre série que j'avais en tête niveau procedurals qui fonctionnent, c'est Person Of Interest que tu as citée sephja. Je n'ai honnêtement pas suivi les audiences cette année, mais quand tu compares celles d'Elementary que tu cites comme un échec, à celles par exemple d'Hannibal, ou de Awake l'an dernier, qui sont des shows ambitieux, séduisants, loués par la critique, c'est dramatique l'écart, 4 fois plus important quasiment ! C'est ce genre d'audiences qui me met en rogne, et le fait de ne pas pouvoir voir une mythologie prometteuse développée sur la durée parce que le télespectateur préfère voir un schéma répétitif. Encore une fois, en soi je n'ai rien contre le genre, j'en regarde quelques uns comme Castle ou Mentalist, j'ai été fan de House, et même si ceux-ci ont des fils rouges réguliers, ça reste des modèles du genre. Ce qui m'embêterait c'est que le genre s'impose parce que les séries feuilletonnantes n'arrivent plus à décoller, tuées dans l'oeuf avant d'avoir pu exprimer leur potentiel. Un Lost, aujourd'hui, mal placé niveau case horaire, pourrait peut-être passer à la trappe. Y'a un autre exemple intéressant c'est Fringe : dans la première saison, et au début de la deuxième, on a eu le droit clairement à du "cas de la semaine", entrecoupés de quelques références à un fil rouge et une intrigue principale peu passionnante. Ca donnait lieu à quelque chose de sympa, mais du sous X-Files. Le jour où la série s'est libérée de ce carcan, la créativité des scénaristes leur a permis de révéler la série sous un tout autre jour, atteignant un niveau assez puissant comme on peut le constater en voyant les avis de la fin de la saison 3. Sinon je rejoins entièrement sephja et anto, faut pas non plus tomber dans l'excès inverse à vouloir faire tellement du feuilletonnant qu'on en fait n'importe quoi, à l'image de Once Upon a Time.

Avatar sephja
sephja
Awake et Hannibal, deux shows diffusés par NBC... Le vrai problème des séries feuilletonnantes est que les networks ne savent plus les vendre, craignant que l'excès de personnage et de mystères terrifient les spectateurs. On retombe sur le syndrome du manque de courage de network clairement en crise, surtout ABC qui aura livré une saison médiocre avec sa soirée du dimanche qui a fait un bide. Les grandes chaînes comme NBC ont perdu le public à force de cultiver une image élitiste, ABC en jouant à tort la carte de la contre programmation face au dimanche sportif de FOX et NBC. Résultat, des rythmes de diffusion hachés, des cases horaires sacrifiés... et pas mal de regret comme chaque année. Pourtant, la politique des networks commence à changer, avec de nouveaux systèmes de production comme la syndication originale de The Good Wife par CBS. Les séries feuilletonnantes draguent beaucoup d'audience sur le net et twitter, le réseau social servant désormais de nouveaux référents dans la mesure d'audience. Après dix ans de règne de CSI, la production télévisée connait un tournant, même s'il est encore trop tôt pour savoir quelle direction cela va prendre. Sur que le succès de Chicago Fire ne risque pas de te faire plaisir Moolfreet, mais il semble évident que les séries les plus lisses et simples sont à même de fédérer le plus grand nombre. Le retour de 24 n'est pas non plus une très bonne nouvelle, preuve que la FOX n'a vraiment rien de nouveau à nous proposer. Malgré tout, la survie de Fringe et d'Hannibal, malgré des scores d'audience minable, prouve que les networks veulent se garder des succès critiques là où ils n'en auraient rien eu à foutre dix ans auparavant. Je pense que l'époque du culte de l'indice 16/25 a pris fin cet année... pas sur par contre que cela soit pour le meilleur. Au moins, Hannibal aura une saison deux.

Avatar davy974
davy974
Moi je suis fan de ce genre de show :"Mentalist, Ncis, Elementary, Castle ou encore ma préféré Bones, je ne m'en lasse jamais. Ce qui me permet de regarder ces séries sont l'humour (Patrick Jane qui fait son show, Gibbs qui tacle toujours Dinozzo), les relations entre les perso (bones-booth, castle-beckett), mais aussi les fils rouges (RedJohn, Moriarty), malgré des enquêtes parfois vu et revu, chaque show à son petit plus ce qui fait la différence!

Avatar Koss
Koss
D'accord avec Sephja pour le coup : le genre est en net déclin. Cela semble très compliqué pour les networks de faire autre chose que du "CSI/Law and Order''s like. Le filon semble être vraiment épuisé. Du coup, ce qui marche sur les networks, c'est quoi ? Scandal. Comme l'explique Sephja au dessus, c'est pour une raison simple : 1/2 de procédural et 1/2 de mythologie. Je ne comprends pas donc très bien pourquoi tous les networks ne s'engagent pas dans cette voie. C'est si facile à faire. Teen Wolf par exemple montre que des variations autour du procédural sont possible. Oui, en fait, la solution, c'est Teen Wolf.

Avatar elpiolito
elpiolito
Le format "procedural" existe depuis le début des séries tv et existera encore pour de nombreuses années. Il évolue au fil du temps mais il est toujours là. Parce que tout le monde ne veut pas forcément s'investir à fond dans des séries Tv, n'a pas le temps ou que les séries feuilletonnantes sont plus complexes à maintenir. On parle beaucoup de procedural maintenant parce qu'on commence à arriver à saturation du genre CSI like : on a usé le concept jusque la corde. C'est comme les fictions policières françaises des années 90's : les dernières viennent de rendre l'âme. Pourtant, ça a fonctionné pendant des années mais il est arrivé un moment où ça a saturé. Du coup, ils se sont orientés vers un autre format abvec les RIS et autres Section de recherche, mais c'est toujours le même principe. Aux states, ça sera pareil : les csi like sont arrivés à saturation donc ça évolue ou ça crève. Alors ok, la mode est à l'introduction d'un fil rouge plus large mais ça reste quand même des histoires qui se résolvent sur un épisode, la plupart du temps. Soit on est sur du feuilletonant et aucuns épisodes ne se ressemble, soit c'est quelque chose de convenu, avec ses codes, et là on arrive sur du procedural. Parce que pour moi, le terme procedural peut aussi bien s'appliquer à CSI qu'à Macgyver, K2000 ou Magnum : le principe était le même, une aventure par épisode avec encore moins de fil rouge. On a évolué faire des trucs plus sophistiqué à la CSI mais c'est toujours le même principe d'une histoire complète en un épisode. C'est même l'essence même de la série tv : soit on a un feuilleton, soit on a des intrigues qui se bouclent en un épisode (mais là je pars un peu loin). Après, pour le type policier, il n'y a pas non plus 36000 formats et là où la différence peut se fair epour le genre policier c'est sur l'innovation. Une série comme regenesis par exemple développait plusieurs enquêtes en parallèles sur plusieurs épisodes. Une nouvelle commençait pendant qu'une autre était en cours, tout était imbriqué sans pour autant tomber dans le feuilleton où on suit la même enquête pendant toute la saison. Sherlock propose une enquête par épisode mais propose des choses innovantes et soigne beaucoup sa forme. Mais si la série était sur une saison de 24 épisodes (parce qu'il faut prendre se paramètre là en compte aussi, faut tenir la cadence sur les networks), ça serait surement moins bon. Life On Mars ou Ashes to Ashes pouvait être qualifié de procedural mais apportait aussi un univers particulier et une dimension fantastique bienvenue, qui cassait la routine. Donc, à mon avis, les proceduraus vont continuer à fleurir. Pas dans leur format actuel mais dans un utre. Jusqu'à ce qu'un cartonne et tout le monde va copier la recette jusqu'à l'usure, et ainsi de suite. Mais les proceduraux ne sont pas prêts de partir.

Avatar Antofisherb
Antofisherb
Hum Elpio je ne serais pas aussi catégorique que toi concernant la séparation stricte entre une série feuilletonnante et un procédural. Déjà, rien que par leur structure même, les épisodes d'une même série feuilletonnante se ressemblent tous un petit peu. Par contre, je suis d'accord avec toi pour dire que le filon n'est pas épuisé, mais là où on peut dire que le procedural est en déclin, c'est qu'il se met de plus en plus à intégrer des éléments feuilletonnants dans ses intrigues. Ce n'est pas vrai pour les mastodontes type NCIS qui semble étrangement assez inépuisable, mais c'est vrai pour les procedurals disons "moyens". Cela dit, cela ne veut pas dire que les feuilletons montent en puissance : il y en a toujours beaucoup chaque année, et quasiment tous se plantent. L'obstination perdure, mais elle finira sans doute assez vite par rejoindre le chemin des procedurals, à savoir "muter" comme tu l'as si bien dit et comme Koss et Sephja en ont démontrés les exemples. "Je ne comprends pas donc très bien pourquoi tous les networks ne s'engagent pas dans cette voie." Ben finalement entre Scandal (sur ABC c'est ça ?), Once Upon A Time, Person of Interest sur CBS, et même maintenant Revolution sur NBC, il commence à y avoir avoir un certain nombre, en fait. Je n'ai pas regardé les upfronts pour l'année prochaine, mais ça ne m'étonnerait pas d'en voir davantage, même si par exemple pour la FOX, son Touch n'a pas fonctionné malgré une formule similaire.

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