Focus sur les séries coréennes

Le 15 septembre 2013 à 13:29  |  ~ 13 minutes de lecture
Cette semaine, SerieAll part à l'aventure sur un continent sériel non exploré : la Corée et ses dramas de plus en plus populaire.
Par nayung

Focus sur les séries coréennes

~ 13 minutes de lecture
Cette semaine, SerieAll part à l'aventure sur un continent sériel non exploré : la Corée et ses dramas de plus en plus populaire.
Par nayung

Aaaah la Corée... La culture coréenne en France est principalement connue par son cinéma ou par la K-Pop (principalement grâce au chanteur Psy). Mais, la culture coréenne dans de nombreux pays s’est d’abord faite connaître grâce à ses dramas.

 

Qu’est-ce qu’un drama ?

 

Un drama est une mini-série, constituée d’une seule saison composée la plupart du temps de 16 épisodes (mais, cela peut parfois aller au delà) d'une heure environ. Le nombre d’épisode d’un drama peut varier en fonction de l’audience de celui-ci, il peut passer de 16 épisodes à 24 ou bien le nombre d’épisode prévu peut baisser. Un peu comme les séries américaines somme toute. La seule différence avec les USA, c'est que les épisodes sont tournés pendant la même période que leur diffusion, permettant ainsi aux scénaristes de changer l’histoire en fonction du public. À l’inverse des séries américaines, les séries coréennes ne sont composées que d’une seule saison. De rares dramas sont composés de plusieurs saisons et se sont généralement des dramas policier, tel que Vampire Prosecutor.

Le terme drama ne désigne pas seulement les séries coréennes, mais aussi toutes les séries asiatiques : les séries coréennes, japonaises, taïwanaises et même chinoises. C’est pourquoi, pour parler d’une série coréenne, on dit soit drama coréen, soit K-drama.

 

Heroine de Flower Boy Ramyun Shop

Hum, hum, intéressant... Mais c’est quoi exactement un drama ? (Flower Boy Ramyun Shop)

 

Caractéristiques des dramas coréens

 

Comme leur nom l’indique, tout drama est composé d’un moment dramatique. Ce moment dramatique peut être dû, par exemple, à la mort ou à la maladie d’un personnage. Très souvent, il résulte d'un amour impossible : les deux personnages principaux doivent se séparer ou ne peuvent se mettre ensemble pour x raisons (généralement à cause des parents contre cette relation). On vous rassure : ils finissent par se mettre ensemble. Il est maintenant très rare qu’un drama se finisse mal, les happy ends étant devenu de rigueur. Série à l’eau de rose par excellence, les dramas sont principalement des séries romantiques où le traditionnel triangle amoureux a laissé place au « carré » amoureux (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?). Du coup, chaque drama se concentre sur quatre personnages.

Le personnage féminin principal est une jeune fille naïve, négligée et pauvre (enfin plus pauvre que la méchante rivale). Le personnage masculin principal, quant à lui, est beau, arrogant, riche et maniaque de la propreté. Beaucoup de K-dramas fonctionnent d'ailleurs sur cette opposition, relecture directe du mythe de Cendrillon. Généralement, le personnage secondaire féminin est du même milieu et à le même caractère que le personnage masculin principal.  Elle est parfois même l’ex de celui-ci. Le personnage secondaire masculin enfin est quelqu’un de gentil, qui est prêt à tout pour venir en aide à l’héroïne et qui se fera souvent avoir à la fin. Cela dit, ce schéma commence peu à peu à changer. Les héroïnes héritent, de plus en plus, de forts caractères, comme cela peut être le cas dans History of the Salaryman où l’héroïne, riche héritière, a la capacité de faire des phrases composées uniquement d'injures (remplacées - bien sûr - par des bips).

 

 

Une bonne tete d'innocent !

J’ai une bonne tête de pigeon, qui va se retrouver tout seul à la fin, même si j’ai tout fait pour aider l’héroïne...

(Flower Boy Ramyun Shop)

 

Car oui, le gouvernement coréen exerce une censure stricte sur ces dramas. L’amour y est chaste. Les dramas sont ainsi dénués de violence et de sexe (on ne voit que des scènes de baiser et cela ne va pas plus loin). En outre, certains dramas sont même accompagnés du signalétique 19" concernant l'âge minima du public (et qui correspond à 18 ans en France), alors qu'ils ne sont nullement offensants d'un point de vue occidental. Alors pourquoi, malgré une pudibonderie excessive, ces show ont autant de succès en Corée comme à l'étranger ?

My Daughter Seo-young, un drama familial, a ainsi fait en 2013 et en Corée du Sud une part d'audience de 47.6% pour le 50e et dernier épisode (pour rappel, en 2012 en France, seuls l'Euro de football et le spectacle des Enfoirés avaient dépassé les 40 %). En outre, le K-drama s'exporte très bien. Hulu et Netflix ont obtenu un droit de diffusion des dramas pour l'Amérique du Nord. Pourtant, en France, il reste difficile d'avoir accès à cette partie de la culture asiatique avec un accès légal. Free propose deux chaînes coréennes, mais sans sous-titrage français.

 

Les raisons du succès

 

L’humour est la première qualité d'un K-drama. Attention : il ne faut surtout pas voir un drama avec les yeux d'un occidental ! L'humour y est barré, bizarre mais au final assez attachant. Le fait qu’il n’y ait qu’une seule saison joue aussi beaucoup pour l'attrait des K-dramas. Exit la frustration de devoir attendre la saison suivante pour savoir la suite de l’histoire comme cela est le cas dans les séries occidentales ! Dès le début, la fin est bien définie et le spectateur sait exactement à quel moment la série s’arrête. Le spectateur a donc le droit à une vraie fin et pas à une sorte de bricolage qui peut parfois arriver avec certaines séries américaines (je ne me suis personnellement toujours pas remise de l’arrêt de Veronica Mars).

On rapproche beaucoup, en Occident, le jeu des acteurs et des actrices dans les K-dramas. Il faut savoir que le théatre traditionnel coréen (le Qwika) est une forme de théatre assez expressive (surtout comparée au Noh japonais). Or, beaucoup d'acteurs de dramas viennent directement de cette école. Les coréens sont d'ailleurs parfois surnommés  les « italiens de l’Asie ». De plus et on ne va pas le nier, ils sont généralement très bien foutus (aidés en partie grâce à la chirurgie plastique - 1 coréen sur 3 y a recours -). Les acteurs coréens sont en effet très musclés du fait du service militaire obligatoire en Corée. Les producteurs et scénaristes profitent d'ailleurs d'un retour d'acteurs de l'armée (deux ans de service) pour inclure de nombreuses scènes de douche ou de musculation : il n'y a pas de petits profits !

Les dramas donnent surtout un assez bon aperçu de la culture coréenne, qui mélange tradition et modernité et où le respect est très important (le confusianisme est très présent en Corée). Les K-dramas sont en réalité la tête de prou du soft-power culturel de la Corée. On parle plus spécifiquement d'Hallyu, diffusion par vagues de la culture coréenne. On dénombre ainsi trois vagues : un rayonnement centré tout d'abord sur la Chine et le Vietnam en évitant soigneusement le Japon (une loi post-1945 interdit en effet tous contenus culturels japonais sur le sol coréen), une seconde phase au milieu des années 2000 axé sur le Japon et le reste de l'Asie du sud Est et une dernière phase sur l'Occident dont Psy est l'émanation la plus claire.

 

 

deux coréens

Mais, pourquoi il y en a qui regarde ces séries ? (Secret Garden)

 

Et cela marche ! Car désormais, la Corée du Sud est à la mode.  En France, en trois ans, les effectifs de L1 en langue Coréenne ont triplé. Entre 2003 et 2004, le nombre de touristes étrangers (avec une très forte domination féminine) en Corée a augmenté de 2,8 à 3,7 millions de visiteurs. On assiste ainsi à de véritables pèlerinages sur les lieux même des tournages des K-dramas. Le merchandising (mugs, badges, posters, photos, ...) se développe à tout va, fortement encouragé par le gouvernement coréen qui a bien compris quels bénéfices il pouvait tirer de cette hype. L’arrivée au pouvoir du président Kim Dae Jung (1998-2003) a coincidé avec une augmentation considérable du budget pour la culture et pour le tourisme avec le Second Tourism Development Plan, mis en place entre 2002-2011. Et tout cela a été fait avec le concours express des chaebols, ces puissants conglomérats locaux (comme Samsung et Hyundai) qui ont lourdement investi dans ce secteur d'activité en échange de placement de produits très lucratifs dans ces K-dramas. Le but final de tout cela est de construire puis d'établir une image positive de la Corée du Sud au travers le monde, pays qui avait gardé jusqu'alors un image très négative à la suite de la seconde guerre mondiale et de la guerre de 1950.

On craint cela dit aujourd'hui une relative perte de vitesse du K-drama. Basée sur une forte rotation de ces contenus (aussi bien en K-pop qu'en K-dramas), la culture coréenne est d'essence fragile. En outre, pour véritablement toucher l'Occident, elle devra s'adapter quitte à perdre sans doute son identité.

 

Petite sélection de dramas à découvrir

 

Winter Sonata : mélodrame sentimentale d'amour impossible entre deux êtres. C'est ce drama qui a déclenché la popularité des K-dramas au Japon. L'acteur principal Bae-Yong Joon (surnommé « Yonsama » au Japon) y est devenu une mégastar locale.

 

 


You're Beautiful : une future bonne sœur, Go Mi-nyeo, se fait passer pour le frère jumeau d'un chanteur très populaire.  Celui-ci se trouve en effet dans l’incapacité d’intégrer le groupe, suite à une opération chirurgicale qui s’est mal passée. Pleins de quiproquos s’en suivent... J'ai regardé ce drama en une seule journée surtout parce que j'adore les dramas où la fille se fait passer pour un mec (comme dans  Coffee Prince). Mention spéciale pour le personnage de Jérémy qui est super attachant.

 

 

 

Boys Over Flowers : drama tiré d’un manga. C'est l’histoire d'une jeune fille pauvre qui entre dans le prestigieux collège Shinhwa, après avoir empêché un garçon de sauter du toit.  Une fois inscrit dans ce collège, elle doit se confronter aux « F4 », une bande de quatre garçons riches qui règne en maître sur les élèves du collège. On passe souvent des larmes aux rires dans ce drama. Le tout est servi par un très bon scénario qui ménage et distille à la perfection ses rebondissements.

 

 

Killer Girl K : dans ce drama, nous suivons la jeune lycéenne Cha Yeon-jin qui est en fait une tueuse professionnelle qui cherche à venger la mort de sa mère. Drama vraiment atypique qui nous sort de l'habituelle drama-romantique. Les scènes d'actions sont très bien réussies et la chanteuse/actrice Han Groo (très connue en Corée) est vraiment époustouflante dans son rôle de tueuse.

 

 

IRIS : drama d’espionnage où l’on suit l’agent Kim Hyeon-jun dans sa vengeance contre l’agence IRIS. L’acteur qui joue Hyeon-jun est Lee Byung-hun, acteur ultra célèbre en Corée que vous avez pu voir dans le film américain G.I. : Conspiration et en ce moment dans Red 2. Iris, qui atteint un budget record de 17$ millions (dépassé depuis par son propre spin-off), marque une sorte de nouvel age des K-dramas qui se rapprochent davantage qu'auparavant des séries américaines. C'est du coup plutôt réussi avec un subtil mélange entre action et romance. Très bon casting. La fin est  égalemment très différente des autres dramas.

 

 

 

 

Petit lexique pour s'y retrouver

 

  • Oppa : terme utilisé par une fille pour désigner un garçon plus âgé ou petit ami quand le garçon est le plus âgé du couple. Aussi utilisé pour s’adresser à son grand frère.
  • Unnie : terme utilisé par une fille pour désigner une fille plus âgée qu’elle.
  • Noona : terme utilisé par un garçon pour désigner une fille plus âgée que lui ou signifie petite amie quand la fille est la plus âgée du couple.
  • Hyung : terme utilisé par un garçon pour désigner son grand frère ou un ami plus âgé.
  • Dongsaeng : terme utilisé pour s’adresser à une personne plus jeune.
  • Fighting, Aja : cri d’encouragement accompagné parfois par un poing en l’air.
  • Ajuma : terme employé pour désigner les femmes mariées ayant plus de 40 ans.
  • Ahjussi : version masculin d’ajuma.

 

En espérant vous avoir convaincu...

Annyonghi kasayo (comme on dit en Corée) !

 

Sources :

L'auteur

Commentaires

Avatar jojo76
jojo76
Merci pour ce focus très intéressant :) Je compte prochainement me mettre a fond dans le cinéma Coréen et ton focus me donne envie d'essayer quelques une de leurs séries également !

Avatar Altaïr
Altaïr
super intéressant ce focus. Amusant de voir qu'hana yori dango a eu tellement de succès qu'il a eu droit à une adaptation en drama au Japon ET en corée ! Est-ce qu'il y a des différences notables entre les dramas japonais et coréens ? J'avais l'impression que chez les coréens l'images était plus léchée et (encore) plus kitsch, mais j'ai trop peu d'échantillons pou savoir si c'est effectivement le cas.

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