Histoire et débats : la série TV

Le 19 octobre 2010 à 22:21  |  ~ 5 minutes de lecture
Lé série télévisée existe depuis plus de 50 ans. Oui, et ce qui est plus étonnant encore c'est que la France a elle aussi mis sa touche importante à l'édifice. Ce dossier ne sera pas exhaustif, mais il traitera en profondeur de ce média - pour ne pas dire « art » - de ses balbutiements aux blockbusters actuels. 50 ans d'histoire au bout desquels la série télévisée reste toujours la « petite » sœur du cinéma. Une injustice à nos yeux que nous allons analyser ensemble.
Par Scarch

Histoire et débats : la série TV

~ 5 minutes de lecture
Lé série télévisée existe depuis plus de 50 ans. Oui, et ce qui est plus étonnant encore c'est que la France a elle aussi mis sa touche importante à l'édifice. Ce dossier ne sera pas exhaustif, mais il traitera en profondeur de ce média - pour ne pas dire « art » - de ses balbutiements aux blockbusters actuels. 50 ans d'histoire au bout desquels la série télévisée reste toujours la « petite » sœur du cinéma. Une injustice à nos yeux que nous allons analyser ensemble.
Par Scarch

C'est quoi la première série de l'histoire ?

 

Au commencement, il n'y avait pas de série. Très longtemps après le commencement, c'est à dire 1895 ans après la naissance d'un certain Jésus Christ, Auguste et Louis, deux frères répondant au nom de Lumière, français qui plus est, inventent l'exploitation commerciale de la cinématographie à des fins de reportages. Cinquante ans plus tard, de grands sponsors s'intéressent au cinéma dans une petite boite, appelée aussi télévision, ce qui permet la création de programmes hebdomadaires diffusés avec le même générique et portant le nom du même sponsor. Ces programmes hebdomadaires ne le savaient pas encore, mais il allaient devenir un format à part entière, appelé série télévisée et engendrer bien des années plus tard de grandes stars comme Twin Peaks, X files ou plus récemment Lost.

Jusqu'à 1951 les programmes étaient tous tournés en direct depuis New York et s'apparentaient plus à du théâtre. Cette année-là, Lucille Ball et Desi Arnaz révolutionnent les émissions de télévision en créant leur propre studio de production situé sur Cahuenga Boulevard à Hollywood. Le nom de ce studio, Desilu, était une contraction des prénoms de ces deux acteurs (DESI et Lucille) et celui-ci allait devenir une légende, tout d'abord parce que le studio éponyme créa la première sitcom, et donc la première série télévisée officielle, mais aussi parce que plus tard celui-ci allait engendrer des séries comme Star Trek ou Mission Impossible.

« I love Lucy », la première sitcom des studios Desilu est donc née en 1951 des mains de ses trois créateurs Jess Openheimer, Madelyn Pugh et Bob Carroll Jr sous la production du studio Desilu. Sa première diffusion fut le 15 octobre 1951 et sa dernière le 6 mai 1957. Cette sitcom mettait en scène les aventures de l'extravagante Lucy Ricardo qui abandonnerait volontiers son statut de femme au foyer new yorkaise pour se lancer dans une carrière artistique. Mais son époux, chef d'orchestre, ne l'entendait pas de cette oreille...

  

Lucille Ball et Desi Arnaz, les deux acteurs fondateurs de Desilu

 

La sitcom en elle-même était déjà révolutionnaire, mais ce qui marqua le plus à son sujet fut le fait que trois caméras au lieu d'une étaient utilisées pour la tourner et surtout, ce fut la première émission de télévision tournée en 35mm, format habituellement utilisé au cinéma. Au final, la série s'était étalée sur 180 épisodes de 25 minutes et vit certains acteurs comme Orson Welles ou Bob Hope apparaître en tant que « guests » sur certains épisodes. Enfin, cette sitcom marqua la délocalisation de la production de New York à Hollywood.

 

Pendant la diffusion d'I love Lucy, en Angleterre naissait la première série télévisée Britannique: Dixon of Dock Green. Celle-ci fut diffusé à partir de juillet 1955 sur BBC One.

En France, nous n'avons pas beaucoup d'indications concernant la première série télévisée, mais ce qui est sûr c'est que le premier succès télévisé fut Thierry la fronde, qui commençât le 3 novembre 1963, suivit de près par Rocambole en 1964.

 

I love Lucy


Des séries et des artsRiccioto Canudo

 

En 1919, Ricciotto Canudo Journaliste et écrivain français d'origine italienne publie dans la revue Romaine L'Epoca un texte intitulé « Défendons le cinématographe ! » dans lequel il déclare: « tous les arts, avant de devenir un commerce et une industrie, ont été à leur origine des expressions esthétiques de quelques poignées de rêveurs. Le cinématographe a eu un sort contraire, commençant par être une industrie et un commerce. Maintenant, il doit devenir un art. On veut accélérer le moment où il le deviendra pour de bon. »

 

Deux ans plus tard il parvint à faire entrer le cinéma au salon d'automne, une exposition d'art de Paris. En 1922, il fonde la gazette des septs arts, dans laquelle il publie l'année suivante le manifeste du septième art.

 

25 ans après sa naissance, le cinéma était passé de simple divertissement commercial au rang d'art. Avant lui, six arts étaient reconnus : l'architecture, la sculpture, la peinture, la musique, la poésie et le théâtre (qui incluait peut-être la photographie). Depuis, la télévision est plus ou moins reconnue en tant que 8ème art, suivie par la bande dessinée, le jeu vidéo et l'art numérique. Bien que l'on considère certains des derniers arts comme discutables, la série télévisée n'est pas encore classable dans le sens où elle ne représente encore qu'un divertissement. Je terminerai mon article de cette semaine là-dessus. La semaine prochaine, nous développerons le développement de la série télévisée dans les années 60, et nous nous intéresserons de plus près à la notion d'art et au fait que la série télévisée ne soit toujours pas prise au sérieux par la majorité des chaînes françaises.

 

En attendant, le débat est ouvert : si le cinéma est un art, la série télévisée peut-elle le devenir aussi ?

A vous la parole, et à mardi prochain pour la suite de cet article.

L'auteur

Commentaires

Avatar OSS
OSS
Je pense que Breaking Bad (au hasard) pourrait par exemple être considérée comme de l'art, si l'on part du principe que le cinéma en est un, car elle n'a rien à envier au cinéma classique (je parle pas du top du top). En tout cas ça ressemble à du cinéma. Pour ce qui est de la série télé en général... C'est plus délicat. Putain scarch, tu vas nous tuer les méninges !

Avatar Scarch
Scarch
Breaking Bad est le parfait exemple. Une des seules séries à être racheté par Arte, une chaine thématique sur l'art, c'est quand même un signe. Je vois d'ailleurs la série TV d'une manière différente depuis Breaking Bad, et considérant personnellement que l'art a pour but de provoquer une émotion, quelle soit positive ou négative, Breaking Bad s'inscrit bel et bien dans l'art selon moi. Mais pas seulement. La série télévisé met de plus en plus les moyens pour provoquer des réactions, et les "séries de genres", je pense notamment à Carnivale, existent bel et bien. Six feet under aussi, qui est irregardable pour moi, non pour sa qualité, mais parce que la série touche un thème qui me met mal à l'aise. En partant de ce principe, on pourrait aussi distinguer deux genres de séries tv, celle qui se dirige vers l'art, et qui donnerait plus de liberté aux créateurs, et la série de divertissement. Mais c'est déjà le cas du cinéma non...?

Avatar OSS
OSS
Concernant Six Feet, je connais des gens qui étaient dans la même situation que toi et qui ont adoré, voire été changés par la série. C'est dommage mais libre à toi, c'est logique en même temps. Je suis totalement d'accord avec ta dernière phrase (avant dernière en fait). Le problème, c'est que la première catégorie est infime comparée à la deuxième. Et idem pour le cinéma d'aujourd'hui.

Avatar sanschiffre
sanschiffre
De nos jours a partir du moment où le cinéma est considéré comme de l'art, la série télé devrait l'être. Aujourd'hui quand on voit "l'art" qu'on nous sert au cinéma, pas mal de série ou d'épisode sont beaucoup mieux réalisé et avec une histoire plus profonde qui mériterait d'être eux aussi reconnu comme de l'art

Avatar Bleak
Bleak
C'est une question de philo ça. C'est sûr qu'on peut partir du principe que c'est la volonté qui compte. Donc toute série, tout film crée et réalisé avec pour finalité d'en faire un art fait finalement forcément de celui-ci un art, peut importe sa qualité, puisque l'art n'est pas parfait. Après on peut également partir sur un autre principe, c'est que la série, c'est ni plus ni moins que du cinéma avec un format différent. Donc la série, c'est une forme d'art, un art dérivé. J'avais prévenu que c'était de la philo.

Avatar elpiolito
elpiolito
Intéressant cet article (quelques petites fautes de frappes par contre). Il est vrai que les séries TV sont assez proche du cinéma et que l'on a des séries qui sont franchement superbe, tant sur le fond que sur la forme. C'est quand même un superbe moyen d'expression à mon goût et on voit bien que certains s'en donnent à cœur joie... Pour ma part, j'avais adoré le visuel de Pushing Daisies, une explosion de couleur, c'était un univers très particulier, très travaillé au niveau esthétique, comme peut l'être un univers de Tim Burton. Il y a quand même un couplage assez fort entre cinéma et série et considéré l'un comme un art, c'est un peu comme considérer l'autre de même. D'autant que certaines séries sont bien plus travaillées que des films... Après, c'est comme partout, il y a du bon et du moins bon, mais il est vrai que c'est un travail artistique assez particulier, d'autant qu'il faut soigner le fond, la forme et surtout tenir sur la durée...

Avatar MAFALDETTE
MAFALDETTE
Si je peux me permettre, je m'incruste ! Il est normal qu'il y ait plusieurs types de séries car plusieurs publics et même plusieurs attentes pour un même public ! L'énorme avantage sur ces dernières années c'est que les séries que vous appelez "d'art" représentent aussi du pouvoir économique (bonnes audiences et très bonne image notamment pour les séries de HBO) pour les diffuseurs ! Poids un peu perdu par le cinéma de ce type peut être. Moi, l'atout majeur de mes séries "de chevet" (comme un bon gros roman !) c'est que j'y plonge quand je veux et pour la dose dont j'ai besoin (pour mes séries en visionnage décalé et à la bourre) ou, sensation tout aussi agréable, je me languis de la semaine suivante pour retrouver mes personnages bien aimés .

Avatar Scarch
Scarch
Mais Mafaldette, tu ne t'incrustes pas, tu es membre du site, donc tu es la bienvenue, comme tous ceux qui voudraient participer à ce débat. D'ailleurs, on peut même cliquer sur partager et inviter tous ses potes de facebook à participer à ce débat... Meuh non, je fais pas de pub.

Avatar Taoby
Taoby
Article intéressant, tout comme la question que tu soulève. Pour ma part je me rapproche de ce que dit Bleak, je pense que la série est une sorte de dérivé. Si j'en reste à la définition la plus strict de l'art alors oui, la série est un art, puisque elle stimule mon intellect et mes émotions sauf que des séries qui ont stimulé mon intellect et mes émotions j'en connais pas beaucoup. Trois me viennent à l'esprit. Alors que des films ça se compte par centaine. Du coup j'appellerais ça pour le moment "un art mineur".

Avatar MAFALDETTE
MAFALDETTE
Taoby : Si ce n'est toujours pas fait, les séries que tu dis avoir "à voir" devraient se rajouter à ta liste! Je pense particulièrement, par rapport à cette discussion, à The Wire qui est un bijou tant dans la forme que dans le fonds. Par contre, accorde lui un peu de temps pour s'installer...

Articles similaires

Vrickavrack 2024 (3ème partie)

Dans ce nouveau numéro du Vrickavrack, on croisera des loups-garous, des dragons, des méchants singes, un ours, un homme costumé en renard, un Nibblonien, mais pas de pingouin. Sacré bestiaire.

Vrickavrack 2024 (2ème partie)

Le Vrickavrack est là, terminé les conversations ennuyeuses !

Vrickavrack 2024 (1ère partie)

Dans ce numéro du Vrickavrack, on trouve entre autres de l'horreur, des séries françaises ratées, un enterrement, un pirate, de l'animation de plusieurs continents et des slips.