Tout en haut de la montagne sacrée, j'avais fait une promesse. Une promesse qui ne pouvait être brisée. Après la diffusion du dernier épisode de la série et ma critique sur celle-ci, je m'étais juré de ne plus jamais ô grand jamais parler de la série en public.
Et ce ne fût pas évident. Parce qu'en soirée, il y avait toujours ce con qui s'y connait vaguement en série et qui te sors un "Moi je l'ai bien aimé cette fin ! Elle est raccord avec le reste de la série !". Et dans ces cas-là, ça se terminait toujours mal pour lui, comme pour moi. Même au sein de la rédaction de Serie-All, je devais supporter ce genre de personne, ce genre de type qui prend un plaisir malsain à remuer le couteau dans la plaie. Avec le temps, j'avais appris à faire le vide autour de moi. En me gavant d'autres séries surfant sur la vague d'How I met your mother, j'avais progressivement réussi à oublier, partie par partie, chacun des instants de la série mère. Désormais je proclamais haut et fort, à qui me le demandait, ma haine profonde de la série, mon dégout éternel pour ces personnages et je jurais à loisir que je n'avais jamais dépassé la saison 1.
Le problème avec ce type de deuil, c'est qu'il est destructeur. On avance, en effet, pas bien loin dans la vie en réduisant en poussière ces DVD des différentes saisons de la série. C'est alors que Carter Bay et Graig Thomas sont arrivés. Ils l'avaient promises et on l'a eu : une fin alternative pour le show. (Clique jeune ami)
Ce n'est pas grand-chose, mais c'est déjà ça. Le déroulé des événements est identique, seul le discours change : Ted sur son banc se remémore tous les événements phares de la série (montage flashback et voix-off), puis il s'approche de la mère. On reprend alors le déroulé de la série initiale sans la dernière partie "Mort de la mère". C'est du classique "How I met your mother" et c'est précisément pour ça que ça marche. Le montage aurait même mérité d'être plus long. Le message est bien passé : How I met your mother est une série qui se termine bien, la série n'a eu que 5 saisons d'excellents épisodes, Lily et Marshall sont le couple le plus drôle de l'histoire de la sitcom et tout le monde est content !
La vérité, c'est que faire ce genre de fin est, au mieux, inutile et, au pire, insultant. Pour les très très très rares personnes qui ont aimé cette fin, c'est une blague et pour ceux qui ont détesté, cela sonne un peu comme une belle giffle : "Oh regardez, on aurait pu réussir notre fin de façon parfaite et on a préféré rester sur notre idée d'il y a 8 ans". Cela ne sonne pas comme un "cadeau fait aux fans", mais plutôt comme une ultime pirouette d'un show à bout de souffle qui n'avait plus d'idées depuis plus de 5 ans.
Très récemment, Carter Bay a déclaré qu'ils avaient toujours considéré la série comme "un drama et non une comédie...". Je ne peux que souscrire à cette phrase. La sitcom n'a jamais été un torrent de vannes plus ou moins faciles enchaînées les unes après les autres. Les meilleurs moments de la série sont souvent les plus tristes. A ce titre, la fin de la série est parfaitement raccord avec le ton global de la série. Oui, vous avez bien lu. C'est un vrai mérite de la part de deux créateurs de s'être tenu à une fin telle qu'ils l'avaient imaginée depuis le début. Pas de renoncement. Pas de compromission. Juste la joie de mener le projet à bout. Quel qu'en soit le coût et quel qu'en fût le résultat. Une fin incorruptible.
C'est bel et bien la dernière phase de mon deuil qui venait de commencer : celle de l'acceptation.