Intérêt du split-screen dans 24
24h chrono est ancré dans la simultanéité, nous sommes dans le renouveau des séries, le mythe est dépoussiéré. Il faut attirer le spectateur vers la série, celui-ci est impatient, il est grand consommateur de films et une fois le « The end » en visionne un autre ou s’en va vaquer à d’autres occupations, il était difficile de réhabituer le spectateur à regarder une série sans pouvoir rater un épisode (que ce soit Macgyver ou Friends, l’épisode s’inscrit dans un tout mais on peut extraire l’un ou l’autre sans nuire à la compréhension générale). Ainsi, les scénaristes de 24 ont trouvé la méthode de poser en temps réel leur intrigue de sorte à accrocher le spectateur (il regarde bien Loft Story, pourquoi pas 24 ?). Le split-screen n’est que la prolongation de cette logique, il fallait employer un procédé qui puisse économiser la logique temporelle, il faut être partout en même temps (ça aussi, il y a dans le Loft …). L’attention du spectateur doit être stimulée constamment, l’interpeller pour ne pas qu’il zappe sur le film de France 2 !
1/ Le split-screen récapitulatif
La pub vient de finir, il faut à la fois faire en sorte que les nouveaux téléspectateurs et les anciens comprennent ce qu’il est en train de se produire. L’heure est indiquée au milieu (pratique, on sait quand finit l’épisode) et l’écran se splite en 4 et rappelle en une image les différents nœuds de l’intrigue. Comme dit ci-dessus, il faut aller au plus vite, faire en sorte que l’intrigue soit intégrée chez le spectateur pour avancer. 24 est extrêmement complexe, il faut donc faire en sorte que le spectateur se rappelle des plus grandes informations mais aussi des personnages. Dans les 4 cases, il y en a souvent une qui rappelle un fait ancien dont on va bientôt reparler. Le split-screen anticipe la suite de l’aventure, ça aussi le spectateur le sait car c’est un procédé paradigmatique de 24. Rien n’est gratuit, si une image paraît fortuite, elle ne l’est pas vraiment …
2/ Le split-screen classique
Rien de neuf à l’horizon. Lors de conversations téléphoniques, on simule une proximité entre les interlocuteurs par le procédé du split-screen, c’est un fait très courant dans les films/séries. Dans le cas présent, l’écran est divisé en 3 pour montrer que les informations sont apprises par 3 personnages simultanément, ç’est pratique car ça économise les dialogues. Imaginons que sans cela, il faudrait que le directeur du FBI parle à la présidente qui doive parler ensuite à son assistant, très rébarbatif, non ?
3/ Le split-screen économique
Si on veut comprendre le sens du split-screen dans 24, il n’y a qu’un maître mot : « E-C-O-N-O-M-I-E ». Le split-screen dissémine l’information instantanément, on a plus le temps pour le champ/contrechamp (évidemment, on ne peut pas totalement s’en priver), pourquoi en faire si le split-screen nous permet de donner du contenu plus rapidement ?
Dans le cas présent, Renee Walker consulte les données informatiques au-dessus de son employée et on voit simultanément son point de vue subjectif dans une case séparée. On voit simultanément l’objet regardé et le regardant et on comprend implicitement que l’un et l’autre sont reliés.
4/ Le split-screen révélateur
Le split-screen révélateur permet au spectateur de comprendre qu'une information est partagée par l'ensemble des protagonistes. Je m'explique, on voit ici le cas où Buckhanon explique à Chloé que Jack est conscient du fait qu'il est en fait une couverture de Tony et alors qu'on apprend que celui-ci risque de tuer Jack, l'écran se divise et montre Chloé intriguée et Jack à droite avec un air inquiet. Ce split-screen permet au spectateur de comprendre à la fois que Chloé est consciente du risque que court Jack et lorsque Buckhanon dit : "Jack en est conscient" et qu'on voit celui-ci intrigué, on comprend d'emblée que cette parole crée un raccord avec la scène suivante (il se rebelle). Le split-screen se justifie donc dans le fait qu'il permet de relier les deux séquences et il crée en fait une transition !