Misfits, c'est nul

Le 20 décembre 2010 à 20:28  |  ~ 7 minutes de lecture
En voilà un titre racoleur. Si avec ça personne ne lit l'article, je ne sais pas ce qu'il vous faut. La prochaine fois, j'essaierai Laurent Gbagbo à raison, ou la Corée du nord à le droit d'être liberticide. Cela dit, je doute que ce soit le propos. Bref, voici donc un bilan de Misfits, après ses deux premières saisons.
Par Scarch

Misfits, c'est nul

~ 7 minutes de lecture
En voilà un titre racoleur. Si avec ça personne ne lit l'article, je ne sais pas ce qu'il vous faut. La prochaine fois, j'essaierai Laurent Gbagbo à raison, ou la Corée du nord à le droit d'être liberticide. Cela dit, je doute que ce soit le propos. Bref, voici donc un bilan de Misfits, après ses deux premières saisons.
Par Scarch

Incohérence

 

En voulant contenter le public, et pour maintenir un groupe homogène, Misfits utilise la faculté de voyager dans le temps de l'un de ses personnages - un certain Curtis - à tout bout de champs. Quand ce n'est pas Curtis, c'est l'effacé de service, Simon qui retourne vers son passé qui est en fait le présent. Même si cette manière d'enchevêtrer les histoires dans la temporalité a déjà été maintes fois vue, ce n'est pas le principal problème. Ce qui dérange tout le monde, bien entendu, ce sont les multiples incohérences que ces voyages supposent et dans lesquelles la série s'enfonce un peu plus à chaque épisode. Simon revient du futur pour sauver ses amis, notamment et surtout Alisha dont il est secrètement amoureux. On nous explique donc qu'Alisha étant morte dans son futur, Simon se donne une chance de la sauver et de la conquérir en remontant dans le temps. Erreur ! Si nous suivons le raisonnement de la série, Alisha est morte tuée par un gamer fou. Or comment Simon et elle ont-ils pu prendre une photo d'eux à Las Vegas si celle-ci était morte bien avant que le premier ne perde sa virginité ? Comment Simon a-t-il put savoir que le pouvoir d'Alisha n'agirait plus sur lui ? Comment, enfin, Alisha a-t-elle put se voir elle-même à la télévision dans le repère de future-Simon si le reportage en question a eu lieu après sa mort dans le déroulement des évènements ? Tout ceci est impossible, Misfits prend vraiment le spectateur pour un con depuis le début et nous fait gober n'importe quoi.

 

Facilité

 

Nous l'avons dit, Curtis et son pouvoir sont les jokers de la bande. Comment parvenir à profiter du sentiment jouissif de la destruction d'un château de sable que l'on vient de mettre des heures à créer sans éprouver de regrets ensuite ? En pouvant remonter dans le temps bien sûr ! Les auteurs de Misfits s'en donnent à cœur joie pour satisfaire les plaisirs primaires du spectateur et jouer sur la corde sensible sans jamais prendre de risque avec leur scénario. Dans ce cas précis, donc, tout est permis, on peut alors se permettre les pires catastrophes, tout en gardant un filet de sécurité un peu trop pratique pour être honnête.

Mais ce n'est pas le seul gage de la facilité de la série. L'ellipse, elle aussi, permet souvent de masquer l'incohérence du déroulement de certaines situations. Les distances ? Aucune importance, on utilise une ellipse et tout le monde est content. Sacrifions tout sur l'autel du rythme, donnons aux gens ce qu'ils ont envie de voir, titillons le geek qui dort en chacun de nous, tout le monde criera au génie. Voici donc la recette du scénario infaillible quoi qu'il arrive : vous prenez le pouvoir du voyage dans le temps, vous le saupoudrez d'un peu d'ellipse, vous l'arrangez un peu avec une mise en scène travaillée, et vous pouvez servir ça à toute les sauces, en entrée, plat ou dessert, ça passera toujours. Non madame, je refuse.

 

Exagération

 

Les personnages de Misfits sont attachants ? Démagogie ! un personnage attachant suppose une certaine profondeur, une histoire unique, le tout porté par le soucis des détails qui font la différence. Les protagonistes de Misfits sont cinq jeunes stéréotypés qui n'ont pas d'autres raisons d'être que le dessein narratif de chaque épisode. Un fanfaron désinhibé, un noir qui fait de l'athlétisme, une bimbo, un timide et une racaille, c'est original ?

Avec Misfits, on atteint le summum du cliché et du superficiel. Personne ne connaiit l'histoire d'au moins un seul d'entre eux. Curtis était coureur et est tombé pour trafic de drogue avec sa copine. Alisha est une allumeuse. Nathan s'est fait virer de chez sa mère parce qu'il est possessif et menteur. Simon est timide et Kelly a un accent. C'est absolument tout ce que l'on sait. L'identification n'est que de la poudre aux yeux, l'attitude fait tout, peu importe le fond, seul la forme compte. Mais puisqu'il s'agit ici de parler d'attitude, allons-y :

Le pouvoir de Nathan n'est pas son immortalité, c'est son attitude. C'est celle-ci qui règle avec précision tout l'humour de la série. Une situation est trop dramatique ? Nathan lâche une vanne tellement grossière qu'elle fait rire tout le monde. Que c'est pratique... en mettant en scène un personnage dépourvu de toute inhibition, on s'accorde une fois de plus une porte de sortie pour échapper à toute lourdeur dramatique. Facile.

Quel est le talent d'Alisha ? Jouer les scènes de sexe avec plus de réalisme et d'implication qu'une actrice X. A quoi sert-elle sinon à jouer sur notre coté libidineux primaire ou à titiller nos sens par ses formes généreuses?

Simon a un tic, il se recoiffe constamment les cheveux sur la droite. Je n'avais jamais vu un acteur utiliser un tic pour donner de la consistance à un personnage avant. Ajoutons à cela son coté timide, mais courageux, et on est totalement immergé dans un univers inconnu. Ou pas.

Curtis est noir et fait de l'athlétisme, et en plus il a une « nice cock ». Mais où vont-ils chercher toutes ces idées ?

Kelly, j'ai envie de dire qu'on s'en fout parce que son personnage ne sert a rien, autant que son pouvoir.

 

Le reste

 

Qu'il est facile de mettre une bande son jouissive sur un programme quand on en a composé aucun morceau. Justice, Unkle, Daft Punk, The Chemical Brothers, The Rapture, ce sont eux qu'il faut encenser, pas cette série qui utilise sans vergogne ce qui plait aux jeunes danseurs de tektonik acnéiques. Le seul talent du monteur c'est d'être au fait de ce qui passe actuellement en discothèque. Imposteur.

C'est dingue ce qu'on arrive à faire avec un effet de zoom et en jouant sur le flou. Un paysage est terne ? On le maquille avec un peu de flou et il est bon pour défiler. Il en va de même pour le découpage et les champs/contre champs qui se permettent de masquer le manque de budget de la série en croyant duper le spectateur avec des tours de passe-passe que l'œil avertit ne manquera jamais de remarquer.

 

Au final, Misfits, c'est nul, cliché, démagogique, facile, incohérent, exagéré, réalisé avec peu de moyens et servi par une bande son sans originalité. Sous le faux prétexte que cette série donne une bonne leçon aux blockbusters du genre en montrant qu'avec peu de moyen et de bonnes idées, on peut faire quelque chose qui cartonne. Non mais franchement, qui de nos jours, s'intéresse a un programme simple, prenant, rythmé et bien interprété ? Qui aime ces musiques sorties tout droit de la fabrik de Londres ? Qui s'intéresse a un programme qui montre les jeunes tel qu'ils sont sans masquer leur cruauté et leur cynisme sous un voile hypocrite ? Qui va s'intéresser à une série qui nous donne enfin ce que l'on attendait désespérément de Heroes sans jamais l'avoir obtenue sur plus d'une saison ? Qui enfin a envie de regarder un épisode pendant lequel le temps n'existe plus, nous donnant l'impression que 50 minutes, c'est vraiment trop court au final ? Personne, alors allez donc regarder des séries qui posent de vraies questions comme ces séries "uniques" sur la police scientifique ou sur le quotidien des hôpitaux. Arrêtons de regarder ces séries qui se donnent des airs artistiques et concentrons nous plutôt sur celle qui n'ont aucun autre but que de nous enfermer dans une bulle abrutissan... rassurante. Misfits c'est nul, il n'y a que 6 ou 7 épisodes par saisons, et si ça se trouve, les auteurs ont déjà prévu la fin et ne feront même pas de rallonge qui comme chacun sait, améliore grandement la qualité d'un programme. Je vous laisse sur ces mots, il paraît que l'épisode 7 est disponible et je m'en vais ne pas le regarder.

L'auteur

Commentaires

Avatar Altaïr
Altaïr
Si on se met à décréter que toute œuvre possédant des incohérences est à jeter à la poubelle alors les décharges vont être sacrément remplies... je ne sais pas de quand date le dernier blockbuster hollywoodien qui tenait vraiment la route, mais ça fait un bail que j'en ai pas vu un. Sur le sujet des super-pouvoirs notamment, hormis Watchmen je ne vois pas d’œuvre dépourvue d'incohérences. Mais, oui, c'est regrettable qu'il n'y ait pas plus de rigueur de la part des scénaristes quand ils écrivent leurs textes. Cela dit, Misfits moi j'ai vraiment adoré la 1ère saison, un concentré de fun vraiment trippant... ce serait dommage de passer à côté à cause de quelques facilités scénaristiques, surtout que finalement c'est vite vu.

Avatar Scarecrow
Scarecrow
Altair, je suis en partie d'accord avec toi dans le sens où Misfits est une série légère donc c'est moins grave. Le problème c'est qu'elle n'est pas composé que de standalone. Au contraire elle accorde beaucoup d'importance à une histoire qui est tellement remplis d'erreurs qu'elle en devient irracontable. Pour ne rien arranger à coté de ça la série a perdu de sa force humoristique avec le départ de Nathan et semble bien parti pour affaiblir encore l'histoire avec le départ de deux personnages phares.

Avatar Altaïr
Altaïr
Je trouve que la saison 1 se tient bien malgré tout. On peut regretter que le superpouvoir de Kelly ne serve à rien, trouver trop puissant le pouvoir de Curtis, il n'y a pas encore de véritable abus à mon goût. Pour la saison 2 je suis assez d'accord, j'avais trouvé que ça devenait à peu près n'importe quoi (surtout vers la fin), même s'il y avait encore de bons moments. La saison 3, vue les critiques, j'ai choisi de ne pas me faire de mal et de regarder autre chose à la place ! Je pense que le problème de cohérence est inhérent aux superpouvoirs. Les auteurs qui exploitent vraiment toutes les conséquences qu'un superpouvoir peut avoir sur un individu et le monde qui l'entoure sont rarissimes (qui a dit Moore ?).

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