Brave New World (2020)
Brave New World
Dans le monde qui régit la Nouvelle Londres, dans un avenir indéterminé, la pauvreté, la guerre et la maladie ont disparu ; les humains sous psychotropes et connectés s'adonnent au plaisir et à la consommation.
Terminée | Américaine | 41 minutes |
Drama, Science-Fiction, Thriller | Peacock | 2020 |
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Avis sur l'épisode 1.09
Avis favorable | Déposé le 21 février 2021 à 17:33 |
Final excellent, qui m'a touchée et enthousiasmée. J'ai aimé suivre cette première saison, qui sera la seule, la série ayanté été annulée. |
La possibilité du corps social comme une hydre
Adapter Huxley était une erreur, j'en étais convaincu dès les début, mais les erreurs ne sont pas de mauvaises idées, une erreur est juste une histoire de timing, de point de vue. Le bien et le mal n'existe pas en tant que tel, ils sont le fruit d'une lecture et du lecteur, tout comme la quête du bonheur est une construction individualiste et l'amour un concept social qui crée l'illusion de donner un sens à l'univers. Ce qui est amusant, c'est qu'au final, l'illusion est surtout un moyen de contrôle pour les puissants, d'avoir la sensation de laisser sa trace dans l'univers. Du coup, l'être humain devient une machine schyzophrénique, coincé entre sa vision sociale du bonheur via la famille, les amis et sa vision personnelle qui génère une certaine mégalomanie dont nous ne pouvons échapper.
Regarder les gens libres, ceux qui ont les moyens de l'être, ils sont toujours le sommet d'une structure en pyramide avec au sommet les dieux, cruels et égoïstes, et en bas les servants, ceux qui croient que le bonheur des autres rejaillira sur eux via les médias. Ils vénèrent autant qu'ils détestent les architectes, simplement car le bonheur soocial n'est pas compatible avec le bonheur individuel. Et quand le chaos commence, la structure si solide se rend compte que le monde n'a pas de sens, que l'univers est d'un vide abyssal, que le néant succède au néant, que le bonheur social est une chimère, une hydre impossible à annihiler. Seulement, si l'idée d'adapter ce discours en série est bonne, la structure de l'illusion n'est pas assez solide pour fonctionner pleinement.
Tout est trop propre, trop organisé et le récit pert sa fonction première : raconter la vie d'un groupe d'individus à qui on s'attache. Ici, chaque scène n'est construite que pour amener un discours sur l'individualisme, créer l'illusion de la boucle fermée qui définit pour chacun une bonne histoire. Ce qui est faux du point de vue personnel. Ce qui est vrai du point de vue social. Ce qui est bien pour les architectes. Ce qui est mal pour l'individualiste. L'idéologie n'est qu'une étiquette, un produit de construction sociale, un objet creux rempli de nos convictions qui cherchent la connfirmation d'être le bien. Un refuge dont il faut fuir.
Du coup, l'épisode perd le contact avec ce qu'il voulait être, cherche à se donner du sens et oublie de raconter l'histoire des individus qui la composent. Les évènements s'enchainent, la violence bouleverse et le vide abyssal commence à apparaître, celui du monde des intentions. Cette série est un concept, un joli concept, bien ficelé, mais qui n'a pas réfléchi à son materiau de départ. Huxley voulait faire l'agyographie de l'eugénisme, parler de l'importance du contrôle avec la certitude d'agir pour le bien. Et, pur ironie de la réalité, s'est retrouvé à faire le contraire, révélant la séparation brutale entre les passions indiividuelles et le réjouissement social.
Et la fissure entre les deux n'a pas été exploré, le message a été dilué, pour être remplacé par une réflexion sur la révolte qui est juste l'expression d'un changement de hiérarchie. C'est juste en effet, mais cela génére un changement de paradigme qui crée de gros trous dans le récit. Des personnages deviennent des concepts. J'aime les concepts, mais j'aime la chair du récit qui a été arraché du show pour laisser voir qu'une scène, celle où le sauvage se pose la question de son rôle dans le monde, biern ou mal. Cette séquence où Lenina s'interroge sur le rôle social du sauvage sauve l'épisode, posant enfin la question de la rupture entre l'image que l'on se fait et ll'image que l'on renvoie.
Avoir une étiquette est un bon moyen de contrôle, mais le bonheur a besoin de chaos, de déflagration, d'agir entropiquement sur l'univers et d'en rire comme un enfant qui détruit le monde. C'était une bonne série, mais adapter Huxley est une erreur. L'utopie est l'expression d'un malheur de ne pouvoir donner au monde une étiquette, car l'ironie est la seule qui le definit pleinement.