Moi à la fin de l'épisode : https://www.youtube.com/watch?v=XoDY9vFAaG8

Vraiment, j'en avais rieeeeen à péter que ça se termine. Ca en dit long sur mon attachement à la série, et sur le talent des showrunners / scénaristes.

Dommage que tous les enjeux très lourds et graves semés à l'épisode dernier soient désamorcés avec autant de flegme. Dommage que la mort, en soit très Shakespearienne, de Daenerys manque à ce point de poids pour le spectateur. Dommage que tous les points clés soient survolés aussi vite. Dommage que la gestion du rythme soit aussi maladroite (car un bon rythme fait TOUT, et ça, chez GoT, ils l'ont pas compris). Dommage que cette dernière vision de Jon Snow, en roi de l'ombre qui s'est sacrifié pour des peuples entier, ait aussi peu été soulignée dans le reste de l'épisode. Dommage que les réactions de plein de personnages soient incohérentes par rapport à leur milieu, leur environnement, et leurs passifs. Dommage qu'on n'ait pas plus de temps pour dire adieu à tout le monde, et pour voir les conséquences de toutes ces guerres sur le royaume. Dommage qu'on se sente aussi enfermé dans le cercle très réduit des personnages principaux, alors que leurs décisions ont impacté la vie de millions de gens.

Bref, dommage que les scénaristes soient autant des branques.

Parce que j'aime bien cette fin, j'aime bien que le trône ait fondu, j'aime bien que Bran soit le roi, j'aime bien que Jon Snow se fasse chier dessus par tout le monde, je kiffe qu'il ai dû tuer Daenerys, bref y'a plein de choses qui auraient fait mouches si seulement elles avaient été emmenées et dépeintes par des gens qui savent construire un récit.

Et puis au final, bah je m'en bats les couilles complètement. J'ai regardé du vide, bien foutu parfois, mais du vide quand même. J'étais déjà passé à autre chose quand le générique est arrivé.

Il y a une moitié d’épisode plutôt inspirée, tant visuellement que scénaristiquement, qui embrasse la destinée tragique de Jon et Daenerys, m’a ému par le désespoir de Tyrion et Drogon et semble vraiment se diriger vers une fin mélancolique et crépusculaire, à l’image de la série. Et puis vient cette ellipse, cette fuite en avant des scénaristes pour ne pas assumer les conséquences du meurtre de Daenerys, en particulier dans le traitement de Grey Worm et des armées Immaculés/Dothrakis qui décapitaient tous les opposants sans discuter dix minutes auparavant. 

A partir de là, mis-à-part le destin des Stark et la jolie scène de Brienne, l’épisode semble complètement désabusé et pressé d’en finir. La scène de négociation sonne comme une parodie des premières saisons, la série ayant sapé depuis un moment tout le cast secondaire qui aurait fait le sel d’un ultime Jeu du Trône, d’alliances et de trahisons, après la bataille de King’s Landing. Ici, nous sommes davantage du côté des chaises musicales, avec moultes blagounettes qui tournent en dérision les enjeux de la série (la blague sur la démocratie, on est effectivement plus du côté de Kaamelott à ce niveau), des clins d’oeil au spectateur (le « rendez-vous dans 10 ans » qui semble aussi jeté aux fans pour les laisser théoriser sur un retour potentiel de la série) et des scènes qui ne semblent plus trop quoi savoir raconter (Tyrion qui remet des chaises, la pauvreté des échanges du nouveau Conseil qui « s’améliorera »). Les choix opérés ne sont pas incohérents (Brann, pourquoi pas, même s’il manque effectivement un ou deux épisodes pour développer le personnage), mais l’écriture est trop paresseuse et premier degré pour que ça fonctionne de mon côté.

Au-delà se pose la question du propos de la série. Faire passer les Marcheurs Blancs au second plan me semblait déjà un peu absurde (au vu de l'écho que cela faisait avec la situation de notre planète et le refus d'assumer l'extinction à venir de nos civilisations par des forces naturelles en plein dérèglement) mais ce final ne délivre finalement plus rien comme message, juste boucler les intrigues de ses personnages et se moquer gentiment des huit saisons qu'ils ont passé à s'agiter dans tous les sens. Chapi et chapô sont un peu comme Brann, flegmatiques avec un sourire en coin, persuadant leur public qu'ils avaient tout prévu depuis le début... Une posture plutôt qu'un propos, pourquoi pas.

Tout cela m’a rappelé ce dernier après-midi avant les vacances, au collège, lorsque chacun pouvait vaquer à ses occupations et que les profs n’en avaient plus grand chose à faire. Même si l’année n’était pas terrible, il y a eu malgré tout de bons moments. Et c’est tout ce qu’on retiendra quand la cloche aura sonné.

Alors indéniablement il y a de belles idées de mise en scène. Drogon n'a jamais été aussi expressif ni aussi bien employé graphiquement, ses scènes sont une merveille. Le parallèle entre Arya, Sansa et Jon était aussi une vraie belle idée. Tyrion qui pleure son frère et sa soeur, c'était beau, aussi.

Mais finalement, c'est un peu l'histoire de cette saison 8 ( part l'épisode 4 vraiment pourri) : des réalisateurs talentueux, des cgis impressionnants, des acteurs bons dans l'ensemble quand on leur donne des choses à dire... mais un scénario mal écrit.

Sansa reine du nord, mais j'en ai rêvé la nuit ! Mais dire comme ça "OK les gars vous êtes bien gentil mais moi j'me casse" en plein conseil, franchement ? J'en étais à me demander pourquoi toutes les maisons ne faisaient pas sécession, à ce compte là. Bran roi, pourquoi pas, mais vu qu'on l'a à peine vu de la saison alors que ça aurait été tellement facile de lui donner un rôle clef !

Quant à Jon, en début d'épisode, il a vraiment l'air d'un benet. J'en ai marre que ce soit Tyrion qui se tape tous les discours et les grands sermons, même si Dinklage assure. Les actions de Ver Gris et des unsullied étaient incompréhensible. Et où sont passés les dothrakis ???

La scène du conseil électeur était complètement risible, et celle du conseil restreint encore pire.

Finalement, cet article du scientific american (excusez du peu) met exactement le doigt sur ce qui fait que j'aime le Game of Thrones de Martin et des premières saisons, et que rien ne va plus depuis que B&W sont en roue libre. Il était question avant de la société et son impact sur les individus qui l'habitent - et c'était ce qui rendait la série passionnante. En saison 8, Westeros est un continent vide, aux règles incertaines et qui s'adaptent au scénario et non l'inverse.

Je ne mets pas un avis négatif parce que néanmoins les quelques scènes que j'ai citées en début d'avis m'ont vraiment plues.