Natural Born Hairy 

Le final de l'année passé avait laissé de nombreuses inquiétudes, avec une mythologie un peu évacuée et un happy end qui laissait craindre une seconde saison artificielle. Mais P-Valley confirme dès le début sa nature profonde, opposant la lumière de la foi aveugle et les néons du monde du péché, avec entre les deux une pandémie qui a cassé la marche du temps. P-Valley n'a pas besoin de mythologie, l'Amérique est sa mythologie, avec un retour d'un récit naturaliste qui joue sur la démarcation des personnages entre l'être et le paraître. 

P-Valley est une série très classique, qui renvoie à la qualité des productions HBO des années 2000, essayant de toujours transcender son matériel de départ graveleux sans nier pour autant sa nature. Le champ d'investigation est immense, mais maintenir cet équilibre entre ambition artistique et série Starz où les danseuses servent d'exultoire à la misère sexuelle du confinement est une tâche ardue. Jusqu'ici tout va bien et certainnes scènes sont vraiment excellentes, en particulier entre Diamond et Keyshawn. 

C'est finalement ça, la force de P-Valley et des séries... des personnages qui sonnent juste, une vraie production value, des dialogues bien écrits... on se croirait revenu au temps où David Chase ou Tom Fontana régnait sur la HBO. Une série avec une vraie autrice qui impose sa rigueur et ses ambitions, sans pour autant renier son origine : une boîte de striptease où se déchaine passion et colère et où la grande histoire rejoint la petite.

Presque deux ans après la première saison, P-Valley revient enfin et décide de suivre l'actualité (mondiale et américaine) pour nous montrer comment une ville pauvre survit à la pandémie. Comment Cliffort et Autumn s'adaptent pour faire survivre le club, les décès liés au Covid-19 et les problèmes économiques qui se posent pour tout le monde (clients du club, élèves de Mercedes notamment). Une exposition efficace qui pose à la fois le contexte dans lequel les personnages évoluent et leurs situations personnelles. Entre le show du début et la réalité de leurs vies, la série parvient toujours à capter cet entre-deux, sans jamais en faire trop - que ce soit pour l'aspect aguicheur ou dramatique.