Image illustrative de The Handmaid's Tale
Image illustrative de The Handmaid's Tale

The Handmaid's Tale

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate

Dans une dictature où la stérilité a frappé les femmes, ces dernières sont divisées en trois catégories : les Épouses, qui dominent la maison, les Marthas, qui l'entretiennent, et les Servantes, dont le rôle est la reproduction.

En cours Américaine, CA, US 50 minutes
Drame, Science-Fiction, Drama, Science-Fiction & Fantastique Hulu 2017
14.34

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Avis sur l'épisode 3.06

Avatar Galax Galax
Administrateur
Avis favorable Déposé le 09 octobre 2019 à 21:32

Encore un épisode qu'on peut qualifier de taré ! Le meilleur de la saison à ce stade, sans aucun doute, celle-ci étant pour l’instant bonne mais assez constante. Là, ça décolle !

Le background de Nick est une bombe qui vient vraiment anéantir les espoirs de June. Ca arrive à un timing si parfait ! Alors oui, on retombe à nouveau dans une dynamique où June doit être obéissante et perd petit à petit espoir, constate Serena s'éloigner et le monde faire machine arrière. Mais tout ça à travers un twist assez renversant que peu de gens ont dû imaginer, et le tout découlant comme toujours d'une suite archi logiques d'événements cause-conséquence, où tous les personnages sont motivés pour des raisons qui leur est propres. Nick a toujours été un personnage assez brumeux, oserai-je dire sous-développé et trop inexpressif. La série semble intégrer cette faille en la justifiant dans l’histoire, puisqu’elle lui créé un passé dont il ne voulait pas parler. La série exploite vraiment le moindre élément de son lore à des moments inattendus et poignants.

L'épisode est, de plus, absolument magnifique, avec des plans fixes et des montages géniaux pour souligner beaucoup de choses (les deux Waterfords enfermés dans une cage comme les oiseaux, June et les ailes d'ange, Lincoln, les costumes, les miroirs...). C'est millimétré et génial. Et oui c'est aussi, parfois, assez souligné question symbole (les ailes d'ange surtout), un peu in-your-face, et c'est très calculatoire et froid, presque propagande extrêmiste... et n'est-ce pas un peu tout le but ? Ce que Gilead est en train de mener ?

Je trouve donc qu'il y a tout un degré de lecture de la série sur son imagerie. Elle sait très bien que tout le monde l'attend au tournant sur son esthétisme, ses gros plans centrés sur les visages. Et ça pose un problème de taille (que connaissent toutes les séries feuilletonnantes un peu "esthétiques") parce qu'en faire trop, c'est risquer l'overdose et la critique de la routine, mais ne plus en faire c'est briser tout un code de la série. Difficile de satisfaire tout le monde et la série choisit plutôt de réduire tout ça (en vrai, ya beaucoup moins de gros plans de visage que les années précédentes je trouve, et pourtant les gens s'en plaignent de plus en plus, preuve qu'il ne faut pas en abuser) et de s'amuser sur sa composition avec son idée de propagande pour le monde. Quoi de plus normal dans un épisode qui met en scène une dictature sous le feu de projecteurs qui enjolivent la réalité.

Et c'est un peu le même problème avec le scénar : on suit si peu de personnages, et le monde de la série est tellement binaire à tous les niveaux (la révolution ou l'obéissance, le tabou et les dialogues marquants ou les échanges préfaits, Gilead ou le Canada, le rouge et le vert, June ou Serena, le chaos ou l'ordre, les sons stridents ou le silence...). Sachant cela, tout le but de la série ce n'est que de varier de l'un à l'autre et forcément faire des allers-retours constants. Mais si on n'a pas conscience de ça (ou si on s'attend à plus, en mode une vraie série politique par exemple qui explorerait à fond l'économie de Gilead et les relations internationales, ce qui n'est pas le but de la série, mais bon je peux comprendre que ce soit une attente/critique compréhensible), la série se met un peu dans un piège toute seule où lors de ses moments décisifs, tout devient à nouveau binaire avec deux chemins, à gauche et à droite.

Par exemple, Serena qui ne peut que continuer sa démarche, ou revenir entièrement sur sa décision. Pas d'entre deux, c'est le système qui l'impose.

Ou encore, June qui à la fin doit s'agenouiller ou péter un câble et pousser Serena dans les marches en direct. J'y ai pensé. On y a tous pensé, je suppose. Mais c'est toujours un 0 ou un 1, lors des grandes décisions. Car bien sûr, les moments privés sont beaucoup plus ambigus, comme le sublime échange Lydia/June, où Lydia laisse vraiment transparaître son amour sincère (qui s’exprime mal) pour ses filles.

June a le choix mais la série ne l'a pas : si elle se rebelle, on s'y attend, et en plus on se dirait "c'est encore trop gros qu'elle s'en sorte", et si elle ne se rebelle pas, on s'y attendait aussi, et en plus on se dirait "super toujours la même chose on revient à la fermeté".

Cette neutralité, cette potentielle "troisième voie", June fait tout pour la faire ressentir (le regard avec l'autre servante, le fait qu'elle attende quand même un peu avant de s'agenouiller/force Fred à répéter), mais ultimement elle doit plier, et la série rejette même un peu elle-même cette voie neutre avec l'échec complet de l'intervention de la Suisse (symbole de la neutralité à l'extrême par excellence, j'ai un peu souri quand j'ai vu qu'ils étaient choisis comme tiers). Jusqu'au jour où un acte démarrera vraiment la machine révolutionnaire. Jusqu'au jour où, on l'espère, June tirera une flèche de trop (pour reprendre le lore de Katniss et de Hunger Games comme cités par Manoune, un très bon parallèle ici : du symbole de la Capitale à l'idée de propagande par l’image et de martyrs fabriqués pour une cause nationale).

Et puis je n'ai même pas encore mentionné l'hypocrisie oufissime du système avec la famille de 6 enfants chez le super-Commandant (preuve que même les inégalités existent encore à Gilead). Sans déconner c'était pas archi flippant comme vision ? J’ai cringé comme pas possible, quel enfer, et quel enfer que les personnages voient cette famille avec bienveillance (même June et Rita !). Rassurez-moi, on a conscience que ces 6 enfants “miraculeux” impliquent donc au grand minimum 6 viols, personne ne l’a oublié ? June l’a-t-elle oublié ?

Cette image me rappelle un peu les familles protestantes américaines qui poussent l'idéologie de la famille parfaite à l'extrême. Il y a clairement anguille sous roche, et ça se ressent avec ce subtil toucher de l’épaule du commandant sur Fred (refoule-t-il sa sexuaité ? est-ce juste une technique d’emprise ? Fred lui-même doit s’interroger là-dessus).

Tout l'épisode est globalement scotchant. Et il gère son rythme vers le climax d’une façon géniale. L’épisode recentre vraiment toute la série sur la relation Serena et June (évident avec cette fin devant Lincoln, très symétrique), ce que je n'avais pas réalisé jusqu'à encore maintenant : je considérais la série comme vraiment centrée sur June uniquement alors que les signes étaient là depuis le début de la saison. C'est du bonheur en barre.

Et puis la qualité de la mise en scène, les costumes pardi ! Toujours au service du fond. J’était d’abord très heureux de voir qu’on quitte la petite bourgade des Waterfords et qu’on débarque à Washington. Alors oui le lore a progressé à vitesse grand V. Mais qu’est-ce que j’ai déchanté quand on découvre que toutes les servantes là-bas ont un col qui les prive de toute parole… On en vient à se dire que June est chanceuse, mais rendons-nous compte !

Et quand on découvre que certaines de ces servantes ont la bouche cousue, mais quelle HORREUR. On est ici à la frontière du thriller horrifique, les lèvres cousues étant une image de body horror très marquante à la limite du gore.

Plus subtil, le costume de June à la fin qui rappelle que sa voix ne compte plus, face à celui de Serena qui n’a qu’un voile, rappelant qu’elle se met des oeillères et refuse de voir la vérité en face, est vraiment une synthèse parfaite de la série à ce stade, qui semble avoir atteint son point de chute intermédiaire (on se situe en effet environ à la moitié de la série dans son entièreté).

Il ne me reste qu’à vanter une ultime fois le jeu phénoménal d’Elisabeth et Yvonne pendant cette scène, qui vend entièrement le climax.

SERENA: I should have put a ring in your mouth the day that we met. JUNE: I should have let you burn when I had the chance.

Fin de cet incroyable premier acte. Place à la suite.

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Avatar jojo76 jojo76
Membre VIP
Avis favorable Déposé le 25 juillet 2019 à 04:00

Pfiou encore un épisode de fou qui nous emmène à Washington et nous fait limite regretter la ville d'origine de la série, la dictature est encore plus forte la bas, la vision de ces servantes avec leur cache col rouge est terrifiante. 

La scène de fin est encore une fois une véritable claque esthétique et émotionnelle avec cette vision de centaines de servantes soumises par la religion devant le Washington monument refaçonné à l'image de ce nouveau monde, peut être que tout aurait pu basculer si June avait décider de ne pas s'agenouiller, on ne le saura jamais.


Avatar Jo_ Jo_
Rédacteur
Avis favorable Déposé le 18 juillet 2019 à 16:30

J'avoue que c'est clairement plus ce genre d'épisodes que j'ai envie de voir (et je ne dis pas ça uniquement à cause de la présence de Chris Meloni). On alterne entre la mignonnitude (la famille du Commandant) et l'horreur (l'état de sa servante).

Le reste de l'épisode est assez classique, mais la fin est vraiment bonne, si on fait l'impasse sur un certain manque de subtilité (June qui a une écharpe devant la bouche et Serena un voile devant les yeux) et sur un énième revirement de relation entre June et Serena. Les échanges avec Tante Lydia sont particulièrement forts, et tant mieux. Cette sensation me manquait depuis le début de la saison 3, et je commence un petit peu à la retrouver.

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Avatar JPhMaxx JPhMaxx
Membre
Avis favorable Déposé le 16 juillet 2019 à 11:13

Cette fois l'esthétique est vraiment mise en avant (et sublime), la tension est omniprésente et tellement insupportable. Un magnifique épisode.


Avatar OmarKhayyam OmarKhayyam
Rédacteur
Avis favorable Déposé le 01 juillet 2019 à 15:17

Un épisode qui aligne dans un premier temps trois premiers quarts assez classiques, mais remarquablement mis en scène, avec le régime de Gilead à l'apogée de sa puissance.

Puis un quart final effectivement sublime qui emprisonne un peu plus June, Serena mais aussi Lydia dans leurs choix et leur condition. La révolution n'est donc peut-être pas pour demain, et semble sur la fin de l'épisode carrément éloignée, mais qui sait, tout est encore possible.


Avatar Manoune398 Manoune398
Rédacteur
Avis favorable Déposé le 30 juin 2019 à 15:52

Holy shit.

L'épisode commence de façon classique, dans la lignée de cette troisième saison. Et puis des paliers commencent à être franchis au fil du temps qui passe. Tout devient plus dérangeant, plus inconfortable. Et le dernier quart d'heure, bordel de merde, est l'un des plus puissants de toute la série. Ça débute avec les révélations sur Nick, mais c'est surtout avec la scène suivante, entre June et Aunt Lydia, que ça part totalement. Et alors la fin, je n'ai même pas les mots. Le symbole de June qui se tient devant la statue de Lincoln, sa dispute avec Serena où l'attachement — parce que oui, je pense qu'on peut parler d'une forme d'attachement — et la presqu'haine qu'elles ont l'une pour l'autre ressortent de manière égale, la muselière de June, les Servantes assises au National Mall avec cette croix qui remplace le Washington Monument, la difficulté qu'a June de se mettre à genoux et le regarde qu'elle échange avec l'autre Servante... Mais surtout, surtout, cette impuissance qui la bloque. Et son obéissance, parce qu'à ce moment là elle sait qu'elle n'a pas le choix. June est une Servante, elle ne peut plus rien y faire. Quelle que soit l'issue de cette histoire, elle sera traumatisée à vie, elle sera toujours Servante. C'est poignant parce qu'il y a de ces choses horribles qui nous arrivent et qui font partie de nous, qu'on le veuille ou non.

Sans ça, j'aurais trouvé l'épisode plus bancal, notamment à cause du fait qu'il me semble assez illogique de mettre une telle machine en marche pour récupérer un enfant. Certes, l'image et la politique de Gilead sont indirectement concernés mais j'attends plus de profondeur par rapport à ça, au fait de faire des Waterford une sorte de Mockingjay (mais à l'inverse, du coup) ou d'emblème de leur propagande.

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