C’est Alex qui prend les rênes de cet épisode en tapant du poing sur la table et en s’affirmant. Cela permet au personnage, jusque là un peu glacial (« Ice-cream Alex) de devenir plus sympathique, car on la découvre à la fois déterminée, mais remplie de doutes. Bradley est plus en retrait, obligé de jouer le rôle du « je veux pas, mais en même temps je veux » sur cet épisode dédié à Alex.

Sinon, l’échange entre Mitch et Dick (Martin Short, trop rare sur les écrans) est superbement dialogué.

La dernière pierre est apportée à l'édifice avec ce très bon troisième épisode, qui jette effectivement les personnages en plein chaos. Et dans la fourmillière, Alex et Bradley brillent, chacune à leur manière, et chacune très bien portée par son actrice.

Alex est très complexe, sa prise de pouvoir est jouissive mais poussive comme elle finit par le réaliser. Après tant d'années à subir alors qu'elle est l'élément central de l'émission, elle part dans tous les sens mais s'approprie enfin le pouvoir qu'elle possède. J'ai aussi beaucoup aimé son rapport avec #MeToo et Mitch, car la situation est montrée comme complexe et ambivalente mais jamais de manière manichéenne. Et surtout, la série ne semble pas avoir peur d'aborder le sujet et de nuancer chacun des personnages.

De son côté, Bradley continue d'apporter cette touche de fraîcheur et d'innocence, innocence due au fait qu'elle est étrangère à l'émission. C'est un personnage attachant car elle a du caractère et elle est libre, mais jamais arrogante ou pleine d'avarice. Au contraire, elle nous accompagne dans les coulisses de l'émission, auprès des autres personnages plus ou moins importants. Elle est moderne et assez juste, comme Alex, mais peut-être plus accessible.

Sinon, j'apprécie toujours autant Cory, qui se frotte les mains après le coup d'éclat d'Alex mais j'apprécie surtout le fait qu'il accepte totalement les règles du jeu : son objectif était de virer Alex à long terme, mais lorsque cette dernière délivre son fabuleux "discours" à la direction, il semble apprécier tout autant. Il marche à l'adrénaline et attend vraiment de voir ce que chacun fait ou dit pour réagir en conséquence.

Enfin, j'ai également apprécié les scènes de Mitch —où Steve Carell peut enfin exprimer un peu plus de son talent au calme— car elles sont encore une fois assez justes sur le mouvement #MeToo. Il y a de la peur, et un absolu besoin de nuancer certains comportements, ce qui ne lui rend pas service. Mais la scène avec le réalisateur nous fait comprendre que Mitch n'est pas un cliché du prédateur comme on peut le voir ailleurs. Ce que la série montre, c'est le poids de la puissance, de la célébrité et de l'argent. Mitch n'a pas besoin d'être vulgaire ou agressif, mais sa "gentillesse" ne l'empêche pas (contrairement à ce qu'il croit) d'être un prédateur... Il n'a forcé personne, mais il ne parvient à comprendre l'impact de son statut.  Cela dit, le besoin qu'il a de rester du bon côté de la barrière ajoute à cette complexité du problème, car il s'agit d'un climat, d'une ambiance. Et donc Mitch ne pouvait être tout seul. La série a bien capté les réactions à la fois féminines et masculines, et comment les médias et / ou le pouvoir en jouent, souvent au détriment des gens (comme Alex, notamment).

Pour l'instant, The Morning Show est plutôt dans le vert !