La fin de saison confirme son excellente santé globale et reprend ici du poil de la bête après deux épisodes un peu moins marquants (mais néanmoins de bon niveau) avec cet épisode pour lequel j'ai toujours eu une affection particulière.
Et c'est principalement dû à son ennemi du jour, quasi inventé pour la série en fait (apparemment le modèle de base était un ennemi extrêmement mineur de l'univers de Batman dans les comics et qui serait brièvement apparue dans la série des années 60 avec Adam West qui n'aurait absolument rien à voir avec la version qu'on a ici) et qui reste l'un des personnages les plus mémorables de ceux produits par la série avec Harley Quinn et Baby Doll.
Car déjà rien qu'en soi il dresse un portrait de personnage assez fascinant, l'archétype du maniaque de l'organisation poussé à son paroxysme le plus total, un mec qui calcule littéralement la moindre seconde de sa vie et qui est réglé comme une montre si j'ose dire. Le personnage dispose en plus d'un design très efficace dans sa sobriété et d'un doubleur parfait (bien dommage d'ailleurs qu'ils l'aient changé dans son deuxième épisode car sa deuxième voix est assez atroce en comparaison de celle-ci)
Mais aussi parce qu'il offre de par là même un challenge assez intéressant pour Batman car plutôt inhabituel : sachant que sa force contre lui réside bien plus dans sa rapidité dû à sa vivacité d'esprit pour calculer le temps de tout et son intelligence bien plus que sa force, il nous offre ainsi, un peu comme l'Homme Mystère le fera plus tard dans la série, un magnifique duel bien plus cérébral que physique à travers une superbe course poursuite remplis de piège à travers Gotham (même si la fin se rattrape parfaitement de ce côté là, avec notamment un Fugate qui est limite transcendé au sein de son élément).
Bien que je crois que le truc le plus intéressant et fort qu'arrive à faire l'épisode, c'est de parvenir à l'exploit de nous rendre Temple Fugate (rien que son nom, habile variation de Tempus Fugit, du pur génie) fondamentalement attachant alors que le personnage a tout quand on y regarde de plus près pour être fondamentalement détestable. Être humain déjà fort peu sympathique, ce méchant fait tout de même preuve d'une mauvaise foi assez énorme dans son acharnement contre le maire Hill qu'il estime responsable de sa déchéance alors que ce dernier lui avait seulement donné un franc conseil d'ami. D'ailleurs on peut remarquer que Batman est particulièrement agressif avec cet ennemi quand il a été beaucoup plus compréhensif et avec d'autres ayant parfois fait beaucoup plus de dégâts.
Mais l'épisode est très habile dans sa façon de nous introduire le personnage par tout d'abord ces 5-7 premières minutes de flashback qui nous le fait suivre de son point de vue, nous dépeignant alors un personnage singulier et intéressant (malgré un comportement assez aigri). Avant que dans les derniers instants de ce flashback, la tragédie ne s'abatte sur lui par un très sale coup de malchance et d'ironie (le temps qu'il maîtrisait tant ayant profité de la seule faille qu'il ait jamais connu pour l'anéantir) et nous fasse nous apitoyer sur son sort assez moche et où on ne peux que compatir avec lui. Puis, malgré son acharnement sur le maire et Batman, il constitue un ennemi tellement coriace et intéressant qu'on prend plaisir à suivre ses péripéties. Puis viens la scène du clocher avec Hill où on apprend que ce dernier était du cabinet d'avocat adverse de celui de Fugate et où on se surprend presque à douter de ce qu'on avait vu jusqu'à présent : était-ce un simple coup de malchance finalement où bien ... alors que pourtant, en revoyant la scène, ça ne fait aucun doute que c'en était bien un et que c'est un sale coup du destin qui est à l'origine de tout cela. Mais l'espace d'un instant, on a presque l'illusion du contraire et l'envie de voir ce sombre personnage réussir sa vengeance pourtant infondée.
Là réside bien la grande force de l'épisode car par ce déroulement ingénieux, on a suivi Fugate tout du long, on s'est attaché au bonhomme et on comprend sa frustration et la partage face à ce qui lui est arrivé, et l'épisode arrive par là même à nous faire totalement oublier sur le coup du visionnage qu'il reste un individu peu sympathique et que sa vengeance n'a absolument aucune légitimité, soit complètement détestable sur le papier et même en l'était quand on y repense. Un des nombreux tous de magie dont est capable cette fabuleuse série ...
Après une incessante série d'affrontements mémorables avec des adversaires haut en couleurs (depuis l'épisode de Clayface en fait), le show décide pour son 26ème rendez-vous de nous proposer un épisode assez singulier qui se démarque radicalement du schéma des derniers épisodes en date : en effet, pas de super-vilains ici, ni même d'affrontement frontal avec l'ennemi du jour (Roland Daggett ici, restant tapis dans l'ombre et envoyant ses sbires faire le sale boulot, ce qui continue à encrer le bonhomme au sommet de la hiérarchie des leaders de la criminalité de Gotham après Thorne, et ça permet de prolonger la lutte de fond de Batman contre lui qui se fera tout au long de cette première série - à ce titre la dernière scène que partage les deux est excellente -), non, rien de tout cela ici, juste principalement Batman intervenant sur de plus ou moins petits délits dans l'ex-quartier prestigieux de la ville ayant déchu en la rue du crime tout en guettant l'éventuelle intervention de son ennemi, mais avant tout pour aller à un rendez-vous avec une vieille connaissance.
Pas forcément ce qu'il y a de plus excitant sur le papier à première vue et pourtant c'est ici délivré avec une telle maîtrise narrative et un tel sens du rythme qu'on ne s'ennuie pas une seconde à voir Batman faire des trucs de héros plus banal et classiques que d'habitude (arrêter des agressions, sauver des otages, ou encore tenter d'arrêter un train devenu fou pour sauver la vie de ses passagers- ce qui est par là même aussi l'occasion de le voir faire des prouesses avec la Batmobile dans une scène mémorable -, ...) et que ça en deviens même ici étonnement intéressant et limite dépaysant.
Mais ce que j'aime particulièrement dans cet épisode, c'est Park Grove, cette rue assez fascinante et magnifique dans son délabrement grâce aux dessins somptueux de la série. On nous raconte peu à peu son histoire puis la fin de l'épisode nous éclaire enfin sur ce dont on avait fini par se douter tout du long : c'est la rue du meurtre des Wayne. C'est d'ailleurs la première fois du DCAU qu'on aborde aussi directement cet évènement (même si on fera bien plus frontal par la suite, ça restait un élément de la vie de Bruce certes constamment présent mais jamais vraiment abordé jusqu'à présent, alors que c'est quand même l'une des deux grandes causes de sa transformation en Batman (l'excellentissime Mask of the Phantasm nous donnant l'autre. Mais chut, on n'y est pas encore ...)) et même si ce n'est jamais clairement dit, on peut totalement supposer que c'est cet évènement qui a précipité la chute de la rue.
Ca offre du coup un éclairage très intéressant dès lors sur Bruce vis-à-vis de cet endroit qu'il déteste profondément mais dont il ne peut néanmoins supporter l'idée qu'elle disparaisse, cette rue à son image qui peut être vue comme un authentique miroir de son âme : autrefois resplendissant et plein de promesses mais qui a fini par devenir sombre, brisée, une ruine, mais avec malgré tout toujours une vague lueur d'espoir scintillante, certes noyée dans un océan de ténèbres, mais bel et bien toujours là. Comme Bruce en son for intérieur ...
Et puis il y a aussi cette magnifique relation entre le Chevalier Noir et Leslie Thompkins (personnage peu présent mais qui a son importance dans l'histoire du DCAU) superbement écrite. On n'a jamais rencontré le personnage de Thompkins auparavant mais en l'espace de quelques très courtes scènes on comprend totalement toute son importance pour Bruce, au point qu'elle fasse partie des rares à savoir qui se cache derrière le masque (ce qui est après tout assez normal pour celle qui était là avec Alfred quand il a tout perdu) et on ressent leur très forte relation au travers de quelques photos, comme si on avait tout vu et connu de leurs liens passés. A ce titre-là, la scène finale, qui fait un judicieux callback à ces dernières est gorgée d'émotions.
Le tout soutenu par une partition assez sympa dont notamment le thème de la rue du crime qui est une musique là encore très belle. Ah, Shirley Walker ...
Bref, un épisode rafraichissant qui parvient à maintenir le niveau sublime de cette fin de saison sans bénéficier du gros des atouts habituels de la série pour se faire. Et ça il fallait le faire. Et c'est aussi le genre d'apport au background de l'univers et des personnages qui en soi n'est pas fondamentalement indispensable mais qui est toujours très appréciable et qui fait le sel de la série.
Autre exemple de personnage complètement laissé pour compte à l'époque dans le comics qui a énormément bénéficié de ce que la série (du moins lors des premiers épisodes qui lui furent consacrés, les derniers l'employant dans la série ainsi que ses apparitions suivantes dans le DCAU étant malheureusement moins marquantes que ces dernières) en aura fait pour voir son blason redoré : Le Chapelier Fou.
Déjà pas le plus connu de l'univers de Batman, la série à en plus su trouver une parfaite manière de le repenser et de le présenter tout en le rendant à la fois très intéressant tant de par sa personnalité que de par son pouvoir (le contrôle de l'esprit des gens, ce qui restait inédit dans l'univers de la série. L'explication à ce dernier est en plus intelligente), mais aussi extrêmement attachant, l'épisode ayant en plus la très bonne idée de se passer quasi-exclusivement de son point de vue (ça doit quand même être l'épisode où on a le moins vu Batman de la série) pour se faire.
Car ce n'est pas un personnage fondamentalement mauvais, mais qui va le devenir en pêchant par amour, dans l'espoir de pouvoir enfin avoir sa chance avec celle qui reste l'amour de sa vie. Les phases d'émotions du personnages sont en plus parfaitement rendues à l'écran, se dernier pouvant être à la fois drôle et touchant avant de devenir froid, agressif et colérique, et cela en un rien de temps. Ce qui le rend ainsi extrêmement humain (d'autant que lui est à proprement parler un homme plutôt normal qui utilise des gadgets pour obtenir ses pouvoirs) et nous permet de développer pour lui une empathie certaine (je pense que tout ceux ayant connu un amour impossible ne peuvent que comprendre le désarroi que traverse Jarvis Tetch et son incapacité à passer à autre chose, qui rend le personnage tragiquement poignant).
C'est aussi un personnage intelligent qui n'est pas dupe sur ce a quoi son petit jeu peut mener (en témoigne le fait qu'il avait prévu le coup d'une intervention de Batman et qu'il choisit dans un premier temps de ne pas s'en servir sur Alice et son petit ami) et qui a sait retourner une situation périlleuse à son avantage, ce qui le rend d'autant plus intéressant, le personnage ne fautant dès lors que par son humanité. J'ai également beaucoup apprécié le dilemme qui est posé quand à l'utilisation de sa machine sur Alice et ses proches, que le personnage se le pose et surtout que Batman y fasse référence après que ce dernier en ait franchi la limite : on sent dès lors tout le désespoir du personnage, tellement épris de cette jeune femme et dévoré de l'intérieur par la frustration, la jalousie et la colère que provoque en lui l'impossibilité de cet amour qu'il finit par préférer l'idée de n'avoir qu'un pantin de cette dernière plutôt que d'y renoncer. C'est d'ailleurs à ce titre plutôt dommage qu'aucun des épisodes suivants utilisant le personnage ne constitue de vraie suite à celui là, même si ça évite plus ou moins judicieusement l'effet de répétition avec cet épisode, je pense qu'avec le bon traitement (et inutile de dire à quel point j'ai confiance en leur capacité à le donner) aurait pu donner quelque chose de bon sur ce terrain là.
Les références à Alice au Pays des Merveilles sont sinon en plus très judicieusement placées (notamment celle de la simili-tortue qui a un excellent callback dans le dernier plan) sans être lourdes une seconde, juste avec la dose qu'il faut. Le personnage assume ses origines mais sait aussi exister de par lui-même et c'est très plaisant, et ça permet au passage un excellent affrontement final.
Et Shirley Walker s'est encore une fois surpassée côté musical dans cet épisode. Le thème du Chapelier est juste parfait pour l'accompagner, à la fois sobre et agité, calme et rythmé, grave et léger.
Bref, encore une des nombreuses perles de cette fin de saison au niveau exceptionnel, sublimée par un antagoniste remarquablement bien écrit qui derrière une intrigue un peu classique nous offre tout compte fait un cas de figure plutôt inhabituel au sein du show. Que demander de plus ?
C'est sur un épisode assez démentiel que s'achève sur une très haute note cette excellente 1ère saison de la série.
Le pitch déjà est sur le papier absolument génial : on nous commence l'épisode ni plus ni moins qu'avec Batman, portant une camisole, enfermé à l'asile d'Arkham après avoir soi-disant perdu la raison, impuissant face à l'entêtement de ses médecins persuadés de la vivacité de cette folie fictive et de l'accomplissement très proche du plan de l'ennemi qui l'a probablement foutu ici, face auquel "il n'a plus de temps à perdre", qui essaie en nous le racontant par voix-off (une première dans l'histoire de la série qu'un épisode soit narré par Batman et cette plongée dans les pensées du Chevalier Noir n'est pas un mal, bien au contraire !) de se souvenir comment il en est arrivé là ... Ca démarre donc de suite sur les chapeau de roues et c'est loin d'être fini !
Déjà ce qui est intéressant c'est de voir Batman à ce point en position de faiblesse. Il ne l'avais en effet que très rarement voir jamais autant été de la série jusqu'à présent et le fait qu'il nous raconte le comment du pourquoi permet de nous le présenter sous un jour humain, dans lequel ce personnage mythique trébuche, commet des erreurs (le manque de repos dû à son obsession de sa lutte contre le crime qui aurait pu lui faire éviter tout cela, où bien encore une telle détermination à combattre le crime qu'il n'a même pas pris le temps de vérifier si la rumeur qui l'a amené à la station d'épuration de Gotham n'était pas un piège) et plus vulnérable que jamais, devant en plus de faire face à des sources de menaces inhabituelles sur lequel il n'a cette fois aucun pouvoir lutter de toutes ses forces pour ne pas vraiment sombrer par la folie du gaz qu'il a inhalé. C'est d'autant plus intéressant de voir notre héros dans une telle posture qui pour une fois le dépasse totalement que les scènes d'hallucinations sont absolument magnifiques (surtout celle qui reviens sur le meurtre des parents de Bruce puis celle qui fait le Medley des ennemis phares de la saison) en plus de mettre en lumière certains aspects de notre héros.
Puis, si l'identité de l'adversaire, ce cher Epouvantail pour sa 3ème et dernière apparition de la saison (dont il doit surement être après le Joker l'adversaire le plus récurrent), est très rapidement devinable (heureusement l'épisode ne joue dessus qu'assez peu de temps), force est de constater que ce dernier aura été bien plus judicieusement utilisé que lors de ses deux précédentes apparitions. Tout en gardant l'apparence (en encore un peu plus poussée dans l'aspect agressif de son costume) de sa seconde apparition (qui nous fait oublier la ridicule première fois), le personnage, tapis dans l'ombre, déployant intelligemment son plan étapes par étapes et agissant de manière très insidieuse (ce qui lui colle parfaitement, et en plus pour une fois c'est vraiment par pure fascination morbide et non pas intérêt financier qu'il agit de la sorte), permet de par le pouvoir de son gas du jour d'avoir des caméos-illusions de tous les ennemis de la série apparus jusqu'alors (et même de Robin) et d'en pousser Batman progressivement à la folie. De plus certains de ces caméos (celui du Joker au début notamment) font froid dans le dos. Encore une fois le méchant, bien que relativement peu présent, à été ici bien exploité, et offre pour sa dernière apparition majeure dans la série (pas de panique, il lui reste encore au moins un ou deux épisodes phares dans The New Batman Adventures) au chevalier noir non seulement son meilleur plan lors de sa meilleure utilisation, mais aussi tout bonnement un des plus gros challenge qu'il aura eu à affronter de toute la série, rien que cela !.
Bref, un excellent épisode riche en sensations fortes pour venir clôturer en beauté cette excellente 1ère saison notable pour sa seconde moitié quasi parfaite.
Top 10 Saison 1 :
1) Heart of Ice (1x14)
2) Two Face (1x10 + 1x11)
3) Beware the Gray Ghost (1x18)
4) Joker's Favor (1x22)
5) Mad as a Hatter (1x27)
6) Dreams In Darkness (1x28)
7) Feat of Clay (1x20 + 1x21)
8) The Clock King (1x25)
9) Pretty Poison (1x05)
10) Nothing to Fear (1x03)