Le neuvième épisode de la série d'AMC était le meilleur de la saison, et on pouvait espérer un final correct qui relancerait une deuxième saison peut-être un peu meilleure. Le fait est que ce dixième et dernier épisode est certes pas trop mal, avec quelques qualités en plus. Mais les défauts, eux, sont restés, et au final, il donne assez peu envie d'attendre neuf mois pour voir la suite.
La boucle est bouclée, le chemin de fer est tout tracé
Comme pour faire écho au premier épisode de la série, ce God of Chaos est quasi-exclusivement centré sur Cullen, qui se trouvait face à un choix délicat : rester à Hell On Wheels ou partir pour échapper à la justice. Ce dilemme lancé par Durant en cliff de l'épisode précédent pouvait donner quelque chose d'intéressant, car il plaçait Durant en position de force et la possibilité d'assouvissement du désir de vengeance de Cullen se voyait contrariée. Mais, comme d'habitude dans la série, ça tourne court dès l'épisode suivant, puisque non seulement Cullen annonce tranquillement à Durant qu'il prend le risque de rester, mais en plus il arrivera finalement à se venger à s'enfuir. Il a le Cullen bordé de nouilles comme on pourrait dire.
D'ailleurs, l'épisode commence et se finit en montrant notre cow-boy préféré à cheval au ralenti, les cheveux au vent. Mis à part le fait qu'on dirait une pub pour une marque de shampoing, cet effet de style est assez horrible et termine même honteusement la saison par un gros plan kitschissime de son visage tourné vers l'inconnu. C'est d'autant plus regrettable que le reste de ces séquences sont réussies. En effet, la séquence de pré-générique est presque muette en étant tout juste ponctuée d'une ambiance sonore inquiétante, tandis que sans vraiment pouvoir situer chronologiquement le temps de l'action on voit Cullen de recueillir devant deux tombes, vraisemblablement sa femme et son fils.
La deuxième ponctue l'épisode comme le voudrait presque la tradition du season finale par une jolie musique montrant le sort des divers personnages, et notamment Cullen qui s'en va (définitivement ?) du campement, maintenant que le chemin de fer est construit et surtout que sa famille a été vengée. Ce départ, bien que peu engageant en ce qui concerne la suite de la série, est malgré tout cohérent avec les raisons de son arrivée à Hell On Wheels. Il était venu pour tuer et pour trouver du travail en attendant : il n'a donc dorénavant plus rien à y faire.
En fait, cela pourrait presque constituer un serie finale, tant Cullen comme les autres personnages ont globalement bouclé leurs intrigues sans qu'une autre ne soit véritablement relancée. Et c'est bien ça le problème : déjà que cette première saison était très décevante, mais alors si en plus la deuxième saison de donne pas spécialement envie, c'est pas gagné. Ainsi, Cullen aura certes évolué entre le premier et le dernier épisode (ne vous y trompez pas, c'est surtout grâce à celui-ci), mais au final sa motivation tragique n'aura que peu été exploitée, le reste faisant alors visiblement office de remplissage. Seule sa présence sur les fameuses affiches «Wanted» de l'époque a un potentiel intéressant pour la suite. En ce qui concerne les autres personnages, Elam se retrouve tout seul et s'entraîne au pistolet, le Suédois est désormais un moins que rien, et Durant sera condamné à rester dans l'ombre de Cullen face à Lily. Aucun véritable enjeu n'est donc lancé pour la suite, mais ce ne serait pas un problème si on avait pu s'attacher aux personnages. Sauf que ce n'est pas le cas, ou en tout cas pour pour moi.
Le reste de l'épisode, entre recyclage de scènes inutiles et développements intéressants
Ceci dit, après avoir parlé du début et de la fin, il reste tout de même une grande partie de l'épisode, qui est globalement aussi bien construite que le précédent. Enfin je dis bien globalement, car si la majorité des scènes avec Cullen sont réussies, certaines le sont beaucoup moins.
En effet, pour faire un peu de tri, il faudrait déjà laisser de côté la scène d'un guimauve à se prendre entre la fille du révérend et l'indien, qui nous donne la confirmation que ces personnages sont bel et bien useless. Il faudrait aussi gentiment supprimer la plupart des scènes entre Elam et sa compagne/prostituée personnelle (sa «woman», comme il dit), qui, au-delà du témoignage de la condition des femmes au bas statut de cette époque, sont peu intéressantes et tournent en rond. Il faudrait également virer la scène entre Cullen et Lily, mélange de plan drague aux dialogues très tendancieux («Vous êtes plutôt habile avec un marteau [...]») et de séquence pseudo émotion, même si la dernière réplique de Lily est assez importante pour le déroulement de la suite de l'épisode. Quoique ça m'aurait empêcher d'avoir un bon petit fou-rire.
Non, au final, il aurait fallu garder les scènes concernant l'ultime étape du parcours de Cullen, aussi bien dans sa confrontation psychologique avec lui-même que dans celle contre le Suédois et le dernier homme faussement responsable de la mort de sa famille. Dans le premier cas, la meilleure scène est le dialogue entre Cullen et le révérend (oui oui, j'ai bien dit le révérend !), où l'on remarque que ce dernier est si j'ose dire totalement passé du côté obscur de la force en préconisant la haine, chemin plus facile que le pardon selon lui. Alors en plein doute, c'est cette confrontation qui va définitevement trancher l'avis de Cullen. Il est par ailleurs vraiment dommage qu'une telle scène apparaisse à cet endroit de la saison.
En ce qui concerne le deuxième cas, Cullen et le Suédois se cherchent pendant une bonne partie de l'épisode et préparent la confrontation finale, tandis que Durant, bien qu'un peu en retrait, tente de tirer son épingle du jeu afin de garder Mrs Bell pour lui tout seul. La deuxième partie de l'épisode s'accélère donc grandement en nous montrant un personnage principal prêt à tuer sans pitié afin de se venger une bonne fois pour toute. Contraitement à ceux aux ralentis à la fin, les plans illustrant cet était d'esprit sont éloquents et réussis en nous promettant une ou deux scènes épiques au sens premier du terme. Malheureusement, si le goudronage/plumage du Suédois est très bien réalisé et assez effrayant au départ, il apparaît ensuite comme plutôt inoffensif pour une série western (et fait même rire), ceci probablement pour garder le personnage en vie. Enfin, la scène de poursuite à côté du train entre Cullen et le soldat est encore une fois bien réalisée et efficace, même si d'une prévisibilité décevante. En effet, bien évidemment Cullen est vainqueur, bien évidemment s'aperçoit que l'homme qu'il a tué était innocent, et se retrouve donc en plein désespoir. Malgré tout, il faut bien avouer que Anson Mount livre une assez bonne prestation.
Finalement, ce season finale de Hell On Wheels n'est pas mauvais, mais à l'image de la saison n'est pas vraiment satisfaisant non plus. De bonnes choses sont présentes et laisseraient entrevoir une meilleure deuxième saison, mais les défauts restent encore dominants et la suite est très loin d'être attendue impatiemment. Difficile de dire si cela suffira à me faire revenir l'année prochaine.
J'ai aimé :
- la plupart des scènes avec Cullen, notamment dans la deuxième partie de l'épisode
- le révérend
- le goudronage/plumage du Suédois
- la cohérence entre le premier épisode et le dernier
Je n'ai pas aimé :
- une bonne partie des autres scènes
- Cullen au ralenti
- on pourrait très bien s'arrêter là
Ma note : 13/20.
Antofisherb
