Dimanche dernier était diffusé sur Showtime la très attendue House of Lies, série de format court créée par Matthew Carnahan et adaptée du livre «House of Lies: How Management Consultants Steal Your Watch and Then Tell You the Time». En rassemblant un casting de qualité (Don Cheadle, Kristen Bell, ou encore Ben Schwartz, hilarant dans Parks and Recreation), la série raconte le mode de vie d'une équipe de consultants en gestion d'une grande entreprise, et notamment de son leader charismatique incarné par Don Cheadle. Ce premier épisode donne assurément le ton général de la série, sorte de mélange entre Better Off Ted et Californication, même si les personnages secondaires sont pour l'instant en retrait et le fil conducteur difficilement perceptible.
Un one-man show cynique à souhaits
Il apparaît assez vite que la star de la série, c'est Don Cheadle, alias Marty Kaan. C'est ainsi que l'épisode commence directement par le placer dans une situation incofortable rappelant l'irrévérence d'un Hank Moody. En effet, il se réveille à côté d'une femme nue, qui se révélera être son ex-femme qu'il abhorre, et tente de la remettre dans une position "normale" tandis que son fils arrive dans la pièce, le crâne presque rasé et habillé d'une jupe.
Puis, après un léger regard caméra assez furtif comme pour nous mettre à témoin de l'inconfortabilité de la situation, un arrêt sur image brutal surprend le spectateur. Marty nous prend alors en aparté en s'adressant, regard caméra, directement à nous pour nous expliquer une règle générale qu'il juge important de nous faire connaître. Ce procédé, déjà utilisé par exemple dans Profit où dans un ton plus proche Better Off Ted, est ici radicalisé, l'arrêt sur image permettant une utilisation encore plus libre.
Combiné au milieu des gestions de finances de grandes entreprises particulièrement actuel en ces temps de crise économique, ce procédé permet à Marty de nous parler des dessous de son métier sur un ton méchamment cynique. Ainsi, ce dernier nous parle tantôt de termes techniques, tantôt de ce qu'il faut faire pour gagner son salaire à six chiffres, le tout de manière aussi décalée que le discours lui-même, comme par exemple en faisant apparaître les sous-titres directement à l'image, ou encore en plaçant des cartons devant l'écran. Ces «leçons» se révèlent très amusantes sans être non plus utilisées à outrance, en plus d'être au final inneficaces. Mais ce serait ne pas rendre justice à Don Cheadle que d'oublier de dire que la lourdeur du procédé est aussi évitée grâce au charisme et au talent de l'acteur, dont le personnage séduit en même temps d'être perçu comme un bel enfoiré.
La série est donc assez originale dans sa mise en scène, et même si on peut craindre que le procédé finisse par s'essouffler, ce pilote nous offre quelques situations et répliques plutôt drôles ou du moins sympathiques en plus de tacler un peu sur le monde financier américain. Par exemple, les protestations d'anciens salariés ayant été virés serviront finalement à redorer l'image de l'entreprise concernée.
Une structure épisodique qui semble limitée et des personnages secondaires trop peu exploités
Malgré tout, face à la prestance écrasante de Don Cheadle et ses apartés, l'intrigue à proprement parler de l'épisode et surtout de la saison à venir est mise au second plan, et les autres personnages servent pour l'instant surtout de figuration.
L'épisode semble être structuré selon le modèle plus ou moins prononcé du stand-alone, un peu à la manière de Mad Men. La comparaison peut sembler flatteuse, mais c'est en fait un des reproches souvent fait à la série d'AMC. En effet, l'épisode montre d'abord un client dont il faut que l'équipe "s'occupe" (comprendre lui soutirer le plus d'argent possible). Ce client pose d'abord des problèmes à l'équipe qui semble dans l'impasse, puis, à la fin de l'épisode, Marty trouve un peu comme par magie la solution et convainc complètement le client sans que l'on comprenne le parcours entre les deux. De plus, l'argumentation de l'équipe est très rapide et utilise des termes techniques compliqués, et j'avoue que je n'ai pratiquement rien compris à ce passage vers la fin de l'épisode.
Il est donc dommage de ne pas exploiter davantage ce milieu en montrant plus précisément les rouages qui le composent. Bien sûr, il serait bête de résumer la structure d'une saison entière uniquement par son premier épisode, mais il faut bien avouer que pour l'instant le fil rouge général de la saison reste flou. Seule la toute fin de l'épisode donne une légère piste en montrant finalement le personnage principal qui doute de sa situation et de son comportement, mais encore une fois l'enjeu n'est pas vraiment clair.
De leur côté, les autres personnages, et notamment les trois autres membres de l'équipe, ont un certain potentiel mais ne sont pour l'instant qu'à peine esquissés. Ainsi, Doug (Josh Lawson) n'a pas la grande classe, Clyde (Ben Schwartz) est quasiment invisible, et Jennie (Kristen Bell) est (très) jolie et se fait harceler par son patron. Mis à part un début de développement pour cette dernière, c'est malheureusement à peu près tout ce qu'on peut en voir dans ce premier épisode. Cependant, encore une fois, il était surtout nécessaire dans le pilote de présenter le personnage principal ainsi que le ton général de la série, trente minutes ne suffisant pas pour tout développer.
Enfin, chaîne à péage oblige, on n'échappe pas aux scènes de nudité abondantes et pas toutes utiles, comme par exemple la scène dans le club de strip-tease, largement plus longue que nécessaire et sans élément particulièrement drôle.
Finalement, ce pilote de House of Lies est réussi dans sa présentation du personnage principal et ses procédés de mise en scène, pour le moment très plaisants à regarder, et tout de même prometteur dans sa galerie de personnages et son propos. En bref, une belle petite réussite pour la nouveauté de mi-saison de Showtime.
J'ai aimé :
- Le casting en général (Don Cheadle la grande classe, et puis bon Kristen Bell que dire...)
- Les arrêts sur image et le discours cynique qui va avec
- L'ambiance globale et le ton de la série
Je n'ai pas aimé :
- Une certaine crainte au niveau de la structure des épisodes
- Des personnages secondaires qui ont assez peu de lignes de dialogues intéressantes
Ma note : 14/20.