Pas une minute à perdre, l'épisode vient à peine d'être lancé que déjà la série nous assène un rebondissement de taille, puisque la coalition de Lexa est menacée par un coup d'État des douze autres tribus. Avoir ouvert de cette façon cet épisode pose le ton pour les quarante minutes à venir, baignant dans des complots et un jeu de pouvoir entre les peuples. Ce dernier est-il aussi bien qu'il semble l'être sur le papier ?
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"May we meet again."
Réponse courte : oui, c'est vraiment génial. La partie "politique", ou en tout cas stratégique, et tous les enjeux soulevés autour des 13 nations, suite au duel déclenché par le coup d'État, est de loin l'une des meilleures choses qu'ait jamais faite la série. La désignation d'un champion pour se battre au nom des opposants contre la commandante en place, à savoir Lexa, n'est pas sans rappeler ce que fait Game of Thrones, entres autres. L'épisode est d'ailleurs judicieusement intitulé "Watch the Thrones" – eh oui, impossible de ne pas faire le rapprochement avec la série de HBO au nom semblable, puisque l'idée y est clairement présente.
Quant au climax et au combat lui-même (ils comptent faire ça chaque semaine ? en tous les cas, j'en redemande !), c'était une fois de plus une réussite. Le fait que le monde de The 100 est actuellement extrêmement instable – comme les événements au Mount Weather nous l'ont prouvé la semaine dernière – rend vraiment palpable la tension qui règne lors de la préparation du combat. On ressent tout à fait l'ampleur des enjeux car tout pourrait basculer d'un côté vers un autre sans que cela ne ralentisse la série. Certes, il est un peu dur de croire que Lexa va mourir, mais il aurait été tout à fait crédible que Roan refuse de la tuer, et que cette dernière abdique. L'issue est toute autre, puisque Lexa l'emporte sans tuer Roan, une fin qui arrange un peu tout le monde et qui se voyait venir un peu avant qu'elle n'arrive, mais qui n'en reste pas moins un beau spectacle.
L'instant Clexa de la semaine
À peine trois paragraphes et vient déjà le moment de ma critique où je suis obligé de complimenter à nouveau l'excellente relation Clarke/Lexa... Au bout d'un moment, il reste peu de choses à ajouter : les deux personnages sont super intéressants chacun de leur côté et tirent le meilleur l'un de l'autre quand ils sont dans la même pièce. Lexa accepte son sort sans broncher, mais sans renoncer à se battre pour autant. Clarke ne comprend pas cette attitude et réagit en conséquence, en tentant de piéger la Reine de la Nation des Glaces. Cette scène est d'ailleurs assez intéressante. Au-delà du fait que je me sois fait avoir comme un bleu en pensant vraiment à l'alliance que proposait Clarke – ou, en tout cas, en ne me doutant pas le moins du monde qu'elle était en train de tenter de la tuer à ce moment-là –, la scène montre surtout que Clarke a bien vite intégré les codes du jeu de pouvoir qui s'amorce.
La suite des événements s'annonce plus calme puisque Lexa a réussi à asseoir son pouvoir et que la place de Skaikru au sein de l'alliance semble donc assurée, mais cela ne veut pas dire pour autant que la relation Lexa/Clarke ne connaîtra pas d'autres bouleversements. Dire que la suite s'annonce plus "calme", c'est vite dit de ma part quand on sait ce qui se trame du côté d'Arkadia, où un autre coup d'État a été déclenché, et a, cette fois, abouti à un véritable renversement du pouvoir...
"Watch your tongue. You're talking to the next chancellor."
Du côté d'Arkadia, une autre lutte pour le pouvoir a donc lieu. Tout se joue autour de la question des Grounders, de toute évidence, sur le fait de savoir s'il faut les accepter, ou rejeter l'alliance que Lexa et Clarke ont réussi à mettre en place après tant d'épreuves. À ce titre, la situation à la fin de l'épisode est sacrément ironique puisque, quand enfin la paix semble envisageable du côté des treize nations car Lexa a réaffirmé son autorité, ce sont les humains de l'espace qui contestent justement leur alliance et font opposition...
Tout cela permet à quelques personnages de sortir du lot. D'abord, Charles Pike, le chef d'une autre section du vaisseau qui avait jusque-là été un peu dans l'ombre et qui passe de figurant à nouveau chancelier. Ensuite, Bellamy, qui se fait enrôler par ce dernier et obtient donc une position sacrément bonne, bien que je trouve légèrement incohérent le fait qu'il fasse aussi peu confiance aux Grounders et à ce que fait Clarke dans la cité. Malgré tout, on montre qu'il pense sincèrement être juste dans ses actions, tout comme Pike, qui nous apparaît pourtant foncièrement dans l'erreur (car on sait de notre côté que Lexa a réussi à remporter sa bataille), mais peut-on vraiment leur reprocher d'être aussi méfiants ? Si l'on peut clairement râler envers un petit manque de subtilité dans à peu près tout ce que fait la série, on ne peut lui retirer l'envie de dépeindre une intrigue assez complexe et travaillée, avec des personnages qui s'éloignent toujours du manichéisme habituel.
Cet épisode repose également en toile de fond sur les élections évoquées dans l'épisode précédent par Marcus et Abby. Face à la rébellion de Pike, il aurait été extrêmement facile et tentant pour Marcus et Abby de simplement l'enfermer et de saper complètement son pouvoir. Mais ils vont jusqu'au bout de leur idée de construire une nouvelle société, qui forcément passe par des élections libres. Sauf qu'au final, Pike se fait élire par un peuple qui pense avant tout à se protéger, et ses premières actions en tant que chancelier n'ont rien de surprenantes : briser l'accord de paix et attaquer les Grounders. En voulant instaurer une démocratie qui fonctionne par elle-même, Marcus et Abby ont finalement peut-être mené leur peuple à sa perte. Je sur-interprète peut-être légèrement ces faits, qui sont rapidement montrés dans l'épisode. Reste que toute la question du contrôle du pouvoir est clairement abordée, et soulève des choses très intéressantes qui ajoutent de la profondeur à l'épisode.
Des à-côtés inégaux
En parallèle de toutes les stratégies qui règnent chez les Grounders comme chez les rescapés de la station, quelques intrigues partagent le reste du temps d'écran, pour des résultats de moins bon niveau mais qui possède quelques qualités. Ce qui est fait avec Jasper, notamment. Monty confronte enfin son petit délire capricieux d'ado dévasté qui se soûle depuis quelques épisodes, et ça fait du bien. Ce n'est pas une intrigue que j'ai trouvé particulièrement nécessaire de développer à ce point mais, après tout, pourquoi pas. Du moment que c'est assez bien fait, comme ici. Le rappel à Finn avec l'idée des cendres est une touche assez maligne, en plus de ça.
Des personnages un peu oubliés sont toujours à signaler. Si je suis ravi de ne toujours pas voir Jaha, Murphy et l'autre interface à la robe rouge sexy, la quasi-inutilité d'autres personnages comme Lincoln, Octavia ou Raven fait un peu peine à voir, cette saison. Espérons que leurs rôles prennent plus d'importance par la suite, surtout pour Raven, sachant que l'actrice a quand même été promue dans le cast principal depuis la saison passée mais qu'on a pourtant toujours l'impression de la voir moins souvent que les autres.
The 100 nous livre un épisode traversé par des complots stratégiques très intéressants qui nous laissent sur un monde toujours aussi instable. Les évolutions des personnages cette saison s'annonce toujours, pour la plupart, aussi intéressantes, et le rythme toujours très prenant remplit largement le contrat du divertissement. Si cette saison 3 s'annonce différente et moins sombre que sa grande sœur la saison 2, elle semble se diriger vers quelque chose de tout aussi mature et prometteur...
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J'ai aimé :
- Clexa, comme d'habitude.
- Les enjeux stratégiques à la capitale.
- Le combat Lexa/Roan.
- Tout ce qu'il se passe à Arkadia : le pouvoir change de mains.
- L'excellente idée de faire évoluer les deux intrigues "politiques" de la série dans des sens contraires, pour nous laisser sur une situation aussi instable qu'avant...
- Toujours pas de City of Light !
Je n'ai pas aimé :
- La série n'est pas toujours très subtile.
- L'issue du combat un peu prévisible.
- C'est quoi ce délire de sang noir ?
Ma note : 14/20.