Critique : Touch 1.05

Le 15 avril 2012 à 13:11  |  ~ 9 minutes de lecture
Un épisode touchant et plutôt séduisant, mais qui propose avec Marisol une intrigue pas vraiment convaincante.
Par sephja

Critique : Touch 1.05

~ 9 minutes de lecture
Un épisode touchant et plutôt séduisant, mais qui propose avec Marisol une intrigue pas vraiment convaincante.
Par sephja

Nombre heptagonal centré et rédemption 

Martin Bohm se prépare pour le jour de l'évaluation de Jake par une équipe de psychologues chargée de déterminer son niveau de handicap. Seulement, le jeune garçon n'en tient nullement compte et parait obsédé par une figure représentant trois cercles tangents en un seul point, caractérisant le nombre heptagonal centré 22. Au même moment, deux jeunes saoudiennes s'apprêtent à faire une virée en voiture déguisée en homme tandis qu'un jeune interne en médecine lui aussi Saoudien hésite à aborder une jeune française rencontrée dans le métro parisien. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une série touchante et volontairement positive 
  •  une tendance à en faire un peu trop 
  •  des intrigues mythologiques qui se mettent en place 
  •  une tendance au mélodrame un peu risqué 

 

 

La naïveté comme un acte de foi

Tranquillement, Touch poursuit son chemin, installant un style particulier qui fait toute sa force, l'histoire principale se limitant à fournir un point de départ aux aventures de Martin Bohm. Seulement, au lieu de prendre comme origine un simple nombre, la série choisit une forme, celle de trois cercles tangents en un seul point, pour servir de connexion entre les différentes histoires. L'idée de délaisser la numérologie pour lui préférer la géométrie est une excellente idée, bonne représentation d'une série qui aime à proposer des histoires qui se touchent et s'entrecroisent sans en avoir conscience, hormis lors de l'instant décisif. 

Plutôt que de courir après son fils, Martin Bohm se laisse guider par le signe laissé par Jake qui va le mêler à une histoire complexe après le vol de son ordinateur portable contenant toutes ses photos de famille. Un point de départ qui va mener Kiefer Sutherland à la rencontre Marisol, suivant la piste du nombre heptagonal 22 et cette forme géométrique récurrente qui va le pousser à prendre de gros risques. Poussé par sa conviction d'agir pour le bien de son fils, il va essayer d'empêcher la jeune femme de tuer un homme qu'elle reconnait comme le responsable du meurtre de son petit-frère plusieurs années auparavant. 

Naïf et volontairement positif, Touch met en avant l'aspect très humain des personnages, en particulier de Martin Bohm interprété par un Kiefer Sutherland qui tient le show en place grâce à sa force de conviction. Son style volontaire et sa fragilité empêche le show de glisser dans le mélodrame poussif, le bonheur des autres trouvant écho dans son propre désarroi, sacrifiant son destin personnel à l'accomplissement de la mission donnée par son fils. Ce besoin de croire en l'autre est clairement la marque de cette série, donnant un divertissement agréable à contre-courant d'une tendance actuelle à un matérialisme froid et cynique. 

Série volontairement désarmante, Touch est toujours aussi attachante, surtout si elle abandonne son obsession pour les nombres, trop abstraits, en préférant la poésie et l'élégance de la géométrie. D'ailleurs, concernant l'épisode du jour et la série de manière générale, la construction correspondrait plutôt aux cercles de Soddy, figure plus mystérieuse et parfaitement en accord avec le petit miracle qu'accomplit à chaque épisode l'oeuvre de Tim Kring en restant crédible malgré son apparente fragilité.

 

Une intrigue qui abuse des coïncidences 

Si Touch nous as habitué aux intrigues en éventail, avec l'imbrication de différentes histoires l'une dans l'autre, cet épisode va être le premier où le dernier acte va coincer clairement, la faute à la conclusion peu crédible de l'histoire de Marisol. Ce que les scénaristes auraient pu développer sur plusieurs épisodes, ils sont contraint par le format choisi de le clore en quarante minutes, donnant un final forcé en opposition avec la légèreté habituelle du show. Certes, les miracles sont la base du fonctionnement de la série, mais la formule reposant sur le refus de développer des arcs plus ambitieux donne le sentiment d'un happy-end un peu forcé. 

Un souci que la série connaît à chaque épisode, l'équipe créative étant obligé de construire les histoires comme des suites d'anecdotes, le récit du voyage des deux Saoudiennes en étant l'exemple le plus réussi. Obsédé par l'universalité et le besoin de construire son intrigue au niveau mondial, Tim Kring bride le potentiel des certaines histoires, cherchant à construire une dramatique sans avoir la possibilité de lui donner l'épaisseur nécessaire pour toucher vraiment le spectateur. De plus, l'étape consistant à refermer l'éventail des histoires et à tout connecter va marquer un rapide temps d'arrêt, les histoires ne possédant pas ce point de contact commun pour permettre une vraie interconnexion. 

Pour contrecarrer l'apparente naïveté de ce récit qui croit en la bonté de l'être humain et la possibilité d'une rédemption, les scénaristes construisent une mythologie plus sombre sur deux destinées détruites, celle de Martin et d'Arthur. Une construction intéressante, mais encore trop floue, montrant combien cette série a besoin de temps pour se mettre en place, s'efforçant pour l'instant d'habituer le spectateur à son concept singulier et séduisant. 

 

 

Rédemption et nouveau départ 

Evidemment, Touch possède, malgré l'aspect anecdotique de chaque épisode, une vraie mythologie qui se développe, reposant sur le duo formé par Kiefer Sutherland et Danny Glover. Dans le rôle d'un psychologue à la retraite, l'ancienne vedette de Lethal Weapon voit son personnage gagner enfin en épaisseur, montrant les signes d'un trouble typique des mathématiciens, à savoir le besoin de voir dans les détails l'expression d'une loi générale. Au travers des trois cercles tangents, il voit apparaître quelque chose de plus complexe, la possibilité d'une généralisation symptomatique de l'existence d'une loi mathématique universelle. 

Cela peut prêter à sourire, mais le talent de Danny Glover est tel qu'il nous fait partager la souffrance de cet homme, perdu dans cet endroit terrible entre l'excitation de la découverte et la frustration de ne pouvoir l'exprimer de manière intelligible. Une solitude et une douleur bien rendue qui rend le personnage attachant, lançant un arc qui va beaucoup reposer sur la qualité du comédien, rejoignant sur ce point l'histoire principale tenue jusqu'ici par un Kiefer Sutherland impeccable. En effet, Touch ne pourrait fonctionner si l'amour que voue Martin Bohm à son fils n'était pas aussi crédible grâce à l'interprétation à fleur de peau du comédien. 

La conviction dans la possibilité d'une seconde chance, voilà le point fort de cette histoire, expression d'un angélisme niais pour certains ou volonté de croire à la possibilité d'un lendemain pour Tim Kring. Une approche du monde très intéressante qui fait le charme de la série, racontant comment faire le deuil d'une personne consiste à trouver le moyen de la garder vivante. De ce point de vue, la scène finale est très réussie, laissant voir combien la séparation avec son fils détruirait totalement Martin, le privant de la seule chose qui lui permet de résister au chagrin et à la culpabilité. 

 

Le danger du mélodrame 

Touch approche de sa mi-saison et semble sur la bonne voie, imposant peu à peu un univers d'un optimisme acharné, convaincu que la solitude est ce qui détruit une humanité qui a besoin de contact, de se sentir en relation avec l'autre. Seulement, si cet état d'esprit est très séduisant, offrant plusieurs séquences comiques réussies, l'usage du mélodrame dans l'histoire de Marisol me paraît plus que maladroit, les auteurs racontant un drame trop important pour lui réserver un traitement aussi anecdotique.

En conclusion, un bon épisode qui installe définitivement Touch comme une série terriblement attachante à contre-courant et plutôt originale. Gagnant totalement son pari très risqué, Tim Kriing commence à développer une mythologie intéressante autour de Martin Brohm et Arthur Teller, profitant de la qualité remarquable d'interprétation de Kiefer Sutherland et Danny Glover. Bulle d'optimisme sympathique, la série se met lentement en place, misant sur le temps pour fournir un divertissement plaisant malgré les quelques faiblesses du scénario.

 

J'aime : 

  •  Kiefer Sutherland et Danny Glover très bons 
  •  un récit dynamique et plaisant 
  •  l'histoire des deux saoudiennes

 

Je n'aime pas : 

  •  la gestion de la storyline de Marisol et sa conclusion tirée par les cheveux 
  •  un peu confus dans l'ensemble 
  •  un final trop haché 

 

Note : 12 / 20 

Malgré ses défauts, difficile d'en vouloir à Touch, la série donnant un divertissement plaisant en montrant une fragilité séduisante, profitant du jeu impeccable de ses deux acteurs principaux. Dommage que l'histoire de Marisol n'est pas été utilisée pour fournir un arc plus long, sa conclusion à marche forcée manquant cruellement de crédibilité tout en cassant l'équilibre du récit.

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