Hero Corp – Les Origines : Pinage !

Le 04 juin 2013 à 11:32  |  ~ 15 minutes de lecture
Hero Corp, ce n’est pas qu’à la télévision ! C’est maintenant un comics qui revient sur tout ce qui a pu se passer avant, quand nos supers héros étaient encore dans le coup. Pinage !
Par elpiolito

Hero Corp – Les Origines : Pinage !

~ 15 minutes de lecture
Hero Corp, ce n’est pas qu’à la télévision ! C’est maintenant un comics qui revient sur tout ce qui a pu se passer avant, quand nos supers héros étaient encore dans le coup. Pinage !
Par elpiolito

Pour ceux qui n’auraient jamais entendu parler de Hero Corp, il s’agit d’une série française créée par Simon Astier, le frère d’Alexandre (Kaamelott). John, un trentenaire, se retrouve dans un village perdu au fin fond de la campagne peuplé d’anciens supers-héros à la retraite. Face au retour du mal absolu, John est censé guider ces supers-héros vers la victoire, ce qui semble loin d’être gagné !

Après deux saisons riches en péripéties, la série fut un temps annulé. Sauvée récemment grâce au soutien des fans, une troisième saison sera diffusée prochainement sur France 4, saison qui s’annonce extrêmement prometteuse. Entre temps, Simon Astier s’est attelé au scénario d’un comics dérivé de son univers et le premier tome, Hero Corp – Les origines est sorti en début d’année. Celui-ci ne reprend pas la suite directe de la série mais se pose plutôt comme un préquel, l’action se déroulant dans les années 80 à l’heure où nos supers-héros retraités étaient à l’apogée de leur gloire.

Et clairement, le livre s’adresse aux fans de la série (ou du moins aux personnes ayant vu les deux premières saisons), difficile d’y trouver de l’intérêt autrement. Non pas que ce soit forcément ciblé « fan de Hero Corp » mais l’auteur ne s’embête pas à présenter les personnages et certaines situations, de même que certains rebondissements et révélations, n’ont d’intérêt que si l’on a déjà vu la série. Le lecteur ignorant risque donc de passer à côté de pas mal de choses, ce qui serait dommage.

Bref, à partir de maintenant, je considérerais que vous avez vu les deux premières saisons et je ne me gênerais donc pas pour divulguer allègrement des informations dessus, qu’on se le dise !

 

Tour du propriétaire

 

Avant d’aller plus en avant, je vais me débarrasser des caractéristiques techniques. :

  • Scénario : Simon Astier
  • Dessin : Marco Failla
  • Couleurs : Oliver Héban
  • Couverture : Olivier Peru
  • Editeur : Soleil Comics
  • Date de sortie : 23/01/2013
  • Pages : 96
  • Taille : 18*27*1.5 cm (à vue de nez)
  • ISBN : 9782302023468
  • Prix : 17.95 €

 

Couverture

 

C’est tout ? C’est la première impression qui se dégage du livre tant il paraît petit. En même temps, avec 96 pages (dont une douzaine de bonus), il ne faut pas s’attendre à quelque chose de très gros. Il n’en reste pas moins que l’on est en présence d’un objet soigné, la couverture est de très bonne qualité, les pages aussi. L’impression ne souffre pas de défaut et l’ensemble s’inscrit dans un tout cohérent avec l’univers de la série, ce n’est pas de la Kaamelott que l’on nous fournit.

Les pages de bonus sont sympas. On y retrouve les prémices d’une autre bd Hero Corp par Istin, Créty, Huggonnard-Bert et Jacquemoire, assez sympathique, je ne sais pas trop pourquoi ils ne sont pas allés jusqu’au bout. On retrouve également des dessins d’Olivier Peru pour la série ainsi que plusieurs hommages à Captain Canada plutôt réussis. Ces bonus remplissent bien leur rôle et apportent un petit plus appréciable.

Le seul point noir que je reprocherais c’est le prix, beaucoup trop élevé pour si peu. Bon, c’est de qualité, c’est indéniable, mais un effort sur le prix aurait pu être fait, ne serait-ce que repasser sous les 15 euros. À part ça, le reste est très bien.

 

Dessines moi un mouton

 

Le fait de basculer l’univers Hero Corp vers le neuvième art est une excellente idée. D’une part on garde la continuité avec la série (les intrigues passées étaient vues au travers d’illustrations de type comics) et d’autre part, la bande dessinée permet de montrer des choses difficilement montrable autrement sans un budget effet spéciaux confortable, ce qui n’est pas le cas.

Contrairement à ce que l’on pouvait attendre, ce n’est pas Olivier Peru qui était au dessin mais Marco Failla, Peru se réservant juste la couverture. Ce changement d’illustrateur n’est pas vraiment préjudiciable, le trait de Failla est dans la même veine que les illustrations de Peru pour la série Tv, il n’y a donc pas de grand écart à ce niveau là.

Le dessin est dans un style comics et, sans être personnellement fan de ce genre ni spécialiste, je l’ai trouvé plutôt bon. Les personnages sont bien définis, le rendu des expressions est travaillé et même lorsque l’on est sur des « figurants », je n’ai jamais eu l’impression d’avoir 10 fois le même personnage en face de moi.

Par contre, n’essayez pas de chercher trop de ressemblances avec les personnages de la série tv : depuis les années 80, ils ont visiblement énormément changé et même si certains se devinent aiséments (John senior ou Mac Kormack par exemple), d’autres sont méconnaissables (mais on s’en doutait un peu, les traits n’étaient pas raccord dans la série-tv non plus). On notera quand même une légère boulette sur Mary : présentée dans la série comme rousse, elle se retrouve blonde ici, la rousse étant sa sœur. Erreur ou indice pour la suite ? Je préfère laisser le bénéfice du doute même si je pense à une boulette.

 

Héros

 

Au niveau couleur, justement, c’est très bon. Olivier Héban a vraiment fait du bon boulot : les différentes ambiances sont maîtrisées et le travail sur les nuances fait vraiment ressortir le meilleur des dessins de Failla. C’est joli, c’est lumineux, c’est clair, il eut été difficile de faire mieux.

En fait, les seuls points noirs proviennent des plans larges et des scènes d’actions. Pour les premiers, je les aie trouvés incroyablement vide, de grands espaces sans rien dedans, c’est assez étrange. Alors c’est peut-être le style comics qui veut ça, c’est vrai que je n’ai pas une grande expérience dans le domaine et que c’était surtout des cases de « transition », mais pour le coup, ça m’a un peu dérangé parfois (mais pas non plus perturbé, il ne faut pas exagérer non plus).

Pour les scènes d’actions en revanche, c’est beaucoup plus dérangeant. Certaines sont réussies mais la plupart manquent cruellement de clarté et de dynamisme. Là où, sur certaines cases centrées sur des personnages, on a l’impression de les voir bouger, les grandes cases d’action donnent l’impression d’être molles, sans reliefs, comme figées. Elles sont également peu lisibles et on ne se rend compte des mouvements effectués qu’après, lorsque l’un des personnages finit à terre. C’est dommage car ça gâche un peu le reste pourtant réussit et apporte inutilement de la confusion, Failla semblant avoir du mal à insuffler du dynamisme dans ces situations.

En résumé, c’est techniquement bien mais loin d’être exceptionnel et il faut espérer que, pour un prochain tome, les erreurs sur ce sujet soient corrigées.

 

A long time ago, in a galaxy far, far away...

 

Côté scénario, c’est tout naturellement Simon Astier qui s’y colle. Si l’on pouvait craindre que le passage au monde des comics puisse être laborieux, le créateur d’Hero Corp prouve ici qu’il connaît les codes de cet univers et offre une trame correcte mais pas exempte de défauts.

Nous sommes donc en 1985 et Montréal est sous le coup d’émeutes assez violentes qui menacent de détruire la ville. Ethan Grant, un super-héro passé du côté obscur, recrute les parias et les laissés pour compte pour mener à bien sa révolte, ainsi que quelques supers-héros lassés du système et avides de se faire de l’argent facile. Alors que Captain Québec, le plus grand héros de la nation, s’avère lui aussi corrompu, qu’Hoodwink le maire se trouve dépassé par les évènements et que l’armée veut prendre le pouvoir, il ne reste aux supers-héros encore intègres qu’une seule solution : s’unir sous une même bannière pour lutter contre le mal.

Le scénario de ce premier tome renvoi aux évènements passés, ceux qui sont décrits dans la série au travers des archives. Le comic est l’occasion de raconter ce qui s’est passé avant et, pour ce premier tome, Astier privilégie deux axes : la création de l’agence Hero Corp et la naissance de John. Il choisit également de présenter son récit sans se focaliser sur un personnage principal ; l’intrigue s’attarde sur la situation des différents protagonistes et, si elle permet de mieux cerner la situation globale et de trouver une place pour tous les personnages de la série, elle empêche de vraiment s’attacher à l’un d’entre eux. On passe de l’un à l’autre sans vraiment s’y attarder et, parfois, ça se révèle un peu frustrant.

 

Une case

 

Et c’est peut-être un effet de genre voulu : c’était une période trouble, confuse, donc tout se mélange, rien n’est bien défini, on passe de l’un à l’autre sans s’attacher. Il est vrai que le ton général se veut beaucoup plus sombre que la série : il est loin le temps du village gaulois avec les supers-héros de pacotille ! Les gentils ne sont pas toujours clairement identifiés comme tel, les méchants non plus et, si c’est plutôt bien vu de ne pas forcément stigmatiser tout le monde dans une catégorie (tout n’est pas noir et blanc), on se retrouve parfois perdu dans le récit.

Surtout que l’histoire en elle-même est incroyablement courte, trop courte même. Si la partie liée à la naissance de John s’apparente plus à une mise en bouche pour les prochains épisodes (comics ou série tv) et peut aisément être pardonnée au niveau de la taille de l’intrigue, la partie sur la création de l’agence et des agissements de The Lord est clairement décevante. Non pas qu’elle soit mal écrite mais elle est clairement trop courte : à la fin de la lecture, ce n’est pas l’envie d’en savoir plus au prochain épisode qui domine, c’est plutôt de la frustration, la sensation qu’elle a été expédiée à toute allure. Le tout se lit en une petite demi-heure, il y a finalement très peu de texte (d’où les grands plans parfois vides que j’évoquais tout à l’heure).

Et c’est dommage parce que c’est clairement via le média comics que l’on pourra en savoir sur les origines et c’est justement cette partie là qui s’avère la plus frustrante. Astier a été à l’essentiel et, si on pouvait reprocher aux premiers épisodes de la série de trainer un peu en longueur, ici c’est tout le contraire. On a l’impression que seules les planches apportant une information ont été gardées et que le reste a été éliminé. Alors qu’au contraire, il aurait fallut des pages supplémentaires pour accentuer l’ambiance : la couverture laisse présager un Montréal à feu et à sang et finalement, on n’a jamais vraiment cette impression de « guerre ». On nous en parle, on sent qu’il y a des soucis mais il manque quelque chose pour pleinement accrocher. Du coup, on a l’impression que c’est passé trop vite et que ça a été expédié. J’espère en tout cas que ce n’était qu’une mise en bouche et que dans de prochains tomes, on reviendra un peu sur cette partie de l’histoire, quitte à la raconter plus en détail du point de vue d’un personnage : on sent qu’Astier à des choses à dire, qu’il y a du potentiel mais que ce n’est pas toujours bien amené.

 

Heros

 

Et puisque je parle des choses à dire, s’il y a bien une chose sur laquelle on ne peut par contre pas râler, ce sont bien les révélations. Là, le comics vaut son pesant de cacahuètes et, pour tout fan de la série, ça justifie pleinement sa lecture. Si certaines sont attendues (la relation entre The Lord et Mac Kormack qui explique un peu les évènements du final de la seconde saison), d’autres sont bien vues et certaines complètement inattendues. Tant et si bien que l’on se demande comment Simon Astier va se débrouiller pour intégrer tout ça dans sa troisième saison. L’univers Hero Corp prend ici une nouvelle dimension et prouve que l’auteur a vraiment quelque chose de fourni en tête.

Pour autant, l’esprit Hero Corp n’est pas non plus renié. L’histoire a beau être plus sombre, plus sérieuse, il n’en reste pas moins que les textes sont assez hilarants. Les répliques sont du même acabit que celles de la série et sont parvenus plusieurs fois à me faire rire alors que la situation ne s’y prêtait pas forcément. De la même façon, les clins d’œil sont très nombreux. Que ce soit en référence aux personnages de la série ou à l’univers des supers-héros en général, le fan service est assuré et on se prend au jeu de trouver toutes les références. Le seul truc que je n’ai pas compris est la présence d’une espèce de carotte géante comme super-héros : j’ai du manquer un truc, je ne vois pas trop autrement ce que ça vient faire là.

Bref, au niveau contenu, il y a de quoi faire, Astier nous gave comme des oies avant les fêtes de fin d’années. Dommage que ce soit parfois un peu trop vite expédié ou pas toujours bien amené.

 

Pour la faire courte, cette première incursion de l’univers Hero Corp dans le neuvième art est plutôt réussie. Loin d’en faire le produit dérivé type « les super-héros font du ski », Simon Astier propose un album de bonne facture, plutôt réussi techniquement et scénaristiquement. Il ne reste néanmoins pas exempt de défauts : certaines cases ne sont pas toujours réussies et l’histoire, trop courte, semble avoir été expédiée à vitesse grand V, sans prendre vraiment le temps de tout poser clairement. Pour une première, je pardonnerai assez vite car l’impression générale est plutôt bonne, pas sûr que je pardonne pour les suivants.

 

Vivement la saison 3 !

Pour ceux qui sont intéressés, les 30 premières pages sont visibles ici : http://fr.calameo.com/read/0020068393397c3189c64 

L'auteur

Commentaires

Avatar Bleak
Bleak
Je suis un énorme fan de Hero Corp, l'une des meilleures séries françaises ces dernières années pour moi et un délire assumé de A à Z. De là à acheter le bouquin, surtout s'il n'est pas exceptionnel, je ne pense pas franchir le pas (18 balles quand même!). En tout cas tu viens de m'apprendre qu'il y aura bien une saison 3 et d'après ce que j'ai pu lire sur le net, son tournage a été achevé. Au top, merci elpio.

Avatar elpiolito
elpiolito
Je pense que l'on doit être au même niveau en tant que fan : bon fans mais pas hardcore. Du coup, le bouquin, même si c'est une très bonne idée de raconter les prémices via ce support, tu risques d'être un peu déçu comme moi. C'est drôle (dans la veine de la série), il y a pleins de révélations sur l'univers de la série mais il manque quelque chose pour en faire un indispensable. Et puis, les grosses révélations, elles seront surement reprises dans la saison 3...

Avatar Anonyme
Anonyme
Je suis pourtant fan de Hero Corp mais j'ai globalement trouvé cette BD imbuvable... Y a comme un truc de pas maitrisé dans la narration. Tout s'enchaine tellement vite, que c'est ni cohérent ni facile à suivre. Bref, franchement, on peut s'en passer.

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